L’objectif de ce mémoire est d’apporter des pistes de réflexion quant aux possibilités de prise en compte de croyances et spiritualités diversifiées en santé mentale. En reléguant la question des problèmes de santé mentale surtout aux psychiatres, entourés d’équipes de professionnels au nombre limité, comme les psychologues et les travailleurs sociaux, le système de santé québécois a créé certaines problématiques organisationnelles dans la structure même du soin. La situation s’est vue aggravée durant les dernières années : les problématiques en santé mentale sont en hausse, tandis que le système manque de personnel et d’endroits pour accueillir les patients. La stigmatisation de la maladie mentale est en partie causée par le manque de considération de l’expérience individuelle ainsi que le déni de la contextualisation du déséquilibre psychologique, c’est pourquoi il est impératif de considérer l’intégration d’approches novatrices et de champs disciplinaires variés pour répondre aux expériences individuelles et croyances uniques de tout un chacun. Cependant, le nouveau projet de loi (projet de loi 15) concernant la restructuration du système de santé ne prévoit pas déléguer le travail de psychiatres à d’autres types de professions. Les ressources alternatives proposent quant à elles une vision plus large de la maladie mentale et des thérapies non hiérarchiques adaptées à leurs usagers. Le mouvement alternatif a pris de l’expansion au Québec durant les années 80 et est toujours à l’avant-plan lorsqu’il est question de revendication des droits de la personne en matière de santé mentale. La spiritualité y est intégrée dans les services de façon transversale, via des activités à caractère énergétiques qui sont reconnues comme médecine douce, telles que la méditation pleine conscience et le yoga. La spiritualité dans les soins en santé mentale est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis fort longtemps, et il importe de trouver un vocabulaire adéquat afin de communiquer l’importance d’une vie intérieure riche et d’entretenir l’espoir dans l’adversité. Certains psychiatres tel Jung, Perry, Grof et Grof, ont d’ailleurs développé des méthodes parapsychologiques pour accueillir les personnes qui éprouveraient des difficultés de nature psychique, telles que l’émergence et l’urgence spirituelle. Ces approches demeurent encore méconnues au Québec, mais elles ont néanmoins fait leurs preuves auprès de nombre de communautés à travers le monde. Le mémoire réfléchit à ces questions à partir d’une étude de terrain dans un organisme alternatif, et observe que l’intégration de la dimension spirituelle dans les soins de santé mentale demeure controversée à ce jour. Il dégage certaines pistes et recommande de former adéquatement les professionnels impliqués, afin qu’ils soient en mesure d’offrir des services adaptés aux différentes spiritualités de leurs patients. / The aim of this dissertation is to provide insights on the consideration of diverse beliefs and spirituality in mental health. By relegating the management of mental health problems mainly to psychiatrists, surrounded by teams of professionals, in limited in number, such as psychologists and social workers, the Quebec healthcare system has created certain organizational problems in the very structure of care. The situation has worsened in recent years: mental health problems are on the rise, while the system lacks personnel and places to accommodate patients. The stigmatization of mental illness caused in part by a lack of consideration for individual experience and a denial of the contextualization of psychological imbalance, which is why it is imperative to consider the integration of innovative approaches in varied disciplinary fields to address everyone’s unique individual experiences and beliefs. However, the new bill (Bill 15) regarding the restructuration of the healthcare system does not plan to delegate the work of psychiatrists to other types of professions. Alternative resources, on the other hand, offer a broader vision of mental illness and non-hierarchical therapies adapted to their users. The alternative movement expanded in Quebec in the 1980s and is still at the forefront of human rights advocacy in the field of mental health. Spirituality is integrated into services in a transversal way, through energetic activities that are recognized as alternative medicine, such as mindfulness meditation and yoga. Spirituality in mental health care has long been recognized by the World Health Organization (WHO), and it is important to find the right vocabulary to communicate the importance of a rich inner life and to sustain hope in the face of adversity. Some psychiatrists, such as Jung, Perry and Grof, have developed parapsychological methods for dealing with people experiencing psychic or spiritual difficulties, such as emergence and spiritual urgency. These approaches are still little-known in Quebec, but they have proven their worth in many communities around the world. The thesis reflects on these issues from a field study in an alternative organization and observes that the integration of the spiritual dimension into mental health care remains controversial to this day. It outlines certain avenues and recommends that the professionals involved be properly trained to offer services adapted to the different experiences and beliefs of their patients.