Le pouvoir a une forte influence sur le langage des hommes politiques une hypothèse, qui est élaborée à l aide des situations langagières tirées de la campagne électorale de 2007. Partant d une approche qualitative empirique, le travail se construit autour d une description du langage politique de Ségolène Royal d une part et de Nicolas Sarkozy d autre part. Pour ceci un corpus d une équivalence d environ sept heures de matériel audio-visuel est établi, comportant des actes langagiers des deux candidats. Ce corpus est réparti en trois éléments: le discours politique, la participation dans plusieurs interviews et le duel télévisé qui a eu lieu entre les candidats avant le deuxième tour des présidentielles. L étude part de l idée que le phénomène du pouvoir est généralement accompagné par une vision très restreinte du pouvoir et fournit une définition du pouvoir dans le contexte de la langue. Cette recherche se base sur la théorie de Pierre Bourdieu, élaborée dans le livre «Langage et pouvoir symbolique». L analyse du corpus se fonde essentiellement sur une hypothèse, émise par Ekkehard Eggs. Ce linguiste allemand constate que les stratégies pour persuader, décrites en premier par Aristote, restent toujours sur une dimension du monologue propre aux discours. Cela concerne même une situation de dialogue telle que le duel télévisé. La médiatisation du milieu politique a par ailleurs contribué à écarter les stratégies aristotéliciennes les unes des autres: Le locuteur en tant qu individu, son ethos et pathos, est entré dans le centre d attention, tandis que l adéquation au niveau contextuel, le logos, a perdu de l importance. La recherche se donne comme objectif de vérifier ces hypothèses d Ekkehard Eggs. Elle est construite autour de six paramètres: une analyse du lexique, des affirmations et des négations ainsi que des références pronominales, un regard sur les stratégies pour reduire la compléxité et sur l implication de l ironie dans le corpus. En outre, elle pose la question de l importance des émotions dans le contexte du pouvoir. Ce dernier paramètre occupe une place centrale dans la recherche. Il est théorétiquement soutenue par les études de Ruth Amossy et de Patrick Charaudeau. L analyse du corpus démontre dans son entier que les argumentations au niveau du logos sont reduites au profit d une mise en scène de l homme politique dans le cadre de l ethos et du pathos. Plusieurs stratégies et techniques mettent en évidence le conformisme de l argumentation de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy. Il est clairement souligné que des structures d argumentation en monologue sont inscrites dans l interview télévisé et le face à face.