Ce travail psychanalytique interroge le surdon infantile (QI > 140 et harmonieux) dans tous ses aspects dynamiques (clinique, psychopathologique, psychogénétique). L'exposé théorique articule les notions de génie et de folie chez l'enfant surdoué, l'adolescent et le génie créateur adulte ; il propose une approche métapsychologique de la régression ; puis traduit ces notions à la lueur de notre outil méthodologique : les techniques projectives. L'échantillon est composé de 26 enfants et adolescents surdoués âgés de 7 à 16 ans. Parmi eux, 13 sont consultants et 13 sont non-consultants : ces derniers, ignorant leur QI, ont été recrutés dans les classes d'une institution scolaire classique. Tous ont été soumis à un bilan psychologique complet (WISC III ou IV – Rorschach – Épreuve thématique : TAT ou CAT). Les résultats, dans la continuité ou non des hypothèses, révèlent en particulier la souffrance globale de ces enfants et la fonction toujours défensive du surinvestissement de la pensée, variant selon leur registre de fonctionnement psychopathologique. Ils observent également la place centrale de l'agressivité dans le détournement pulsionnel vers la pensée, en lien avec des profils parentaux bien spécifiques. La question de l'agressivité réprimée, puis détournée, de ces enfants, aide par ailleurs à expliquer un certain nombre de symptômes (ou traits) fréquemment prêtés à cette population, et jusqu'ici inexpliqués. Elle permet aussi d'interroger la dualité entre idéalisation et sublimation. Notre échantillon, inédit, éclaire également les raisons de la prévalence de garçons de la latence dans les consultations d'enfants surdoués, ainsi que la fonction fondamentalement socialisante de la figure paternelle, comme principal argument de distinction entre les deux groupes. Ce travail interroge également la question du douloureux passage pubertaire chez ces sujets et une découverte étonnante de notre étude, relative à leur fréquent défaut de symbolisation primaire. Notre conclusion tente d'aiguiller le professionnel de santé dans sa prise en charge curative de l'enfant dit surdoué, à la lueur de ces voies d'entrée dynamiques.