Cette étude porte sur la méthode de corrélation de Paul Tillich. Elle s'intéresse plus particulièrement à l'origine de la méthode de corrélation dans un écrit encore peu connu de Tillich, la Dogmatik de 1925. Ce mémoire vise en fait à dégager les différences et les continuités fondamentales que l'on peut observer entre la Dogmatique (1925) et la Théologie systématique (1951-1963), précisément en ce qui a trait à la méthode de corrélation. À travers l'analyse de la Dogmatique, il s'agit de vérifier l'hypothèse selon laquelle la méthode de corrélation se trouve déjà en germe dans la Dogmatique, plus particulièrement dans le concept de corrélation révélationnelle, et serait issue de l'effort déployé par Tillich pour rendre compte du pôle objectif et du pôle subjectif de la révélation. En posant d'abord une question épistémologique à la Dogmatique, pour ensuite se pencher sur son contenu, cette étude tente finalement de percevoir la signification de la méthode de corrélation dans l'œuvre de Tillich, en comparant les deux points extrêmes dans l'évolution de sa synthèse théologique.

La recherche effectuée pour cette thèse a pour but d’établir que c’est en développant, dans la Dogmatique de 1925, une interprétation christologique de l’histoire, interprétation dont l’objectif était de résoudre théologiquement, mais autrement que Barth, le problème posé par Troeltsch à partir de la critique, par l’histoire des religions, de la prétention du christia-nisme à l’absoluité, que Tillich a posé les fondements de sa réflexion future sur la rencontre du christianisme avec les religions. Dès lors, la réflexion élaborée dans les années soixante, loin de représenter un tournant dans la pensée de Tillich, comme on l’a trop souvent laissé entendre, suite aux déclarations de Mircea Eliade, en constitue plutôt l’un des fruits les plus mûrs, susceptible d’apporter une contribution à la fois originale et non encore entrevue, à la recherche contemporaine en théologie des religions