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Mécanismes de Marché et Évaluation des Biens Publics EnvironnementauxDragicevic, Arnaud 04 December 2009 (has links) (PDF)
Nous abordons dans un premier chapitre la question de l'équivalence entre le CAP et le CAR. La disparité entre les deux indices a de profondes conséquences sur les prises de décision environnementales. Si la disparité était au départ associée aux carences de la méthode de mise en œuvre des enquêtes, les racines du problème s'avèrent être sensiblement plus profondes. Eu égard à l'évaluation des biens publics, nous pensons que la disparité est due à la substituabilité imparfaite entre les biens privés et publiques, ainsi qu'en raison de perceptions différenciées des agents économiques entre gains et pertes. C'est à cette problématique que le premier chapitre se consacre. Ainsi, le Chapitre 1 traite de la disparité entre les indices CAP et CAR dans l'évaluation hors-marché. Dans la littérature, l'effet de substitution et l'effet de dotation sont tenus responsables de l'existence des disparités. Nous montrons que la substituabilité imparfaite dans la fonction d'utilité indirecte peut provoquer la disparité soit entre le CAP et le CAR - en raison du coût d'opportunité -, soit entre les gains et les pertes, où il s'agit d'évaluer une perte sèche. La mesure en termes relatifs accentue la substituabilité imparfaite, mais l'effet de substitution est borné dans le modèle d'aversion aux pertes. Ce premier chapitre prépare le terrain pour le Chapitre 2, où nous évaluons un vrai bien public dans un contexte d'enchères expérimentales. Les offres d'achat et de vente reflètent le CAP et le CAR, d'où leur importance. L'effet de dotation et le choix du meilleur mécanisme d'enchères y sont examinés. Les études en enchères expérimentales jusqu'ici menées ont porté sur des biens privés non marchands ; elles sont supposées divulguer ce qui se passerait en présence de biens publics, car il est a priori difficile d'envisager une expérience où le bien public est échangé. Nous y parvenons. Nous n'employons pas de valeurs induites mais laissons libre cours aux valeurs autoproduites par les sujets d'étude recrutés pour l'occasion. L'étude nous permet de vérifier si, sur des marchés simulés, bien privé non marchand et bien public sont évalués de manière identique. Ainsi, nous évaluons l'impact de trois mécanismes d'enchère - le mécanisme Becker-DeGroot-Marschak (BDM), l'enchère au deuxième prix, et l'enchère aléatoire au nième prix - dans l'évaluation des CAP et CAR privés d'un bien public pur. Nos résultats montrent que l'effet de dotation peut être éliminé en répétant le mécanisme BDM. Néanmoins, à l'échelle logarithmique, l'enchère aléatoire au nième prix donne la vitesse de convergence vers l'égalité des indices de bien-être la plus élevée. Plus généralement, nous observons que les sujets d'étude évaluent les biens publics en se référant à l'avantage privé et subjectif qui résulte du financement du bien public. Par la suite, le Chapitre 3 discute de la sincérité des préférences en enchères expérimentales répétées et traite des propriétés incitatives des mécanismes BDM et l'enchère aléatoire au nième prix. Une propriété des mécanismes d'enchères est la compatibilité avec les incitations, dans laquelle un offreur a une stratégie faiblement dominante de soumettre une offre égale à sa valeur. Il a été prouvé que les deux mécanismes sont compatibles avec les incitations. En évaluation, on répète des sessions d'enchères pour donner aux offreurs l'opportunité d'apprendre le mécanisme de marché : leur donner du temps pour révéler leurs préférences. Or, ce procédé les contre-incite à adapter leurs préférences en fonction des prix publiquement signalés, si bien qu'il crée un risque de licitation stratégique (par opposition aux offres sincères). Si les offreurs s'engagent dans des stratégies déviantes pour faire face à l'incertitude sur la valeur du bien public, les mécanismes d'enchères perdent leur propriété de compatibilité avec les incitations et révèlent de fausses préférences. Lorsque les prix dépendent des offres soumises, c'est-à-dire en présence de mécanismes de marché répétés avec prix de compensation endogènes, l'hypothèse de l'indépendance des valeurs privées - sous-jacente à la compatibilité avec les incitations - est remise en question ; même si ce type de mécanismes fournit une participation active et un apprentissage du marché. Dans sa vision orthodoxe, le comportement marchand d'adaptation met en péril la compatibilité avec les incitations. Nous introduisons un modèle qui montre que les enchérisseurs licitent suivant l'heuristique d'ancrage et d'ajustement, dépendante d'une fonction de pondération séquentielle, laquelle prend en compte les contraintes de compatibilité avec les incitations sans rejeter les prix signalés issus des autres offres. En déviant de leur ancrage dans le sens du signal public, les enchérisseurs opèrent dans un équilibre corrélé. Comme le prouve l'expérience du Chapitre 2, les contributions privées aux biens publics sont issues d'une démarche d'évaluation. Elles sont conduites aussi bien par des incitations asociales que sociales. Si l'offre privée du bien public est stimulée à la fois par une rationalité qui dicte de ne pas contribuer au bien public et de profiter de l'effort fourni par la collectivité, et par l'appétit pour la reconnaissance sociale qui incite à se faire publiquement connaître en tant que généreux donateur, laquelle des deux motivations domine ? Le Chapitre 4 fait ainsi la comparaison entre déculpabilisation et compétition pour le statut social dans la provision privée des biens publics. Lorsque les agents sont intrinsèquement impulsés, c'est-à-dire qu'ils contribuent essentiellement aux biens publics dans le but de soulager leur culpabilité d'avoir indirectement participé à leur dégradation, ils tendent à se comporter en passagers clandestins. En revanche, lorsque les agents sont extrinsèquement impulsés et se mettent en compétition pour atteindre du statut social qu'ils visent par le financement des biens publics à titre privé, leurs contributions deviennent des compléments stratégiques. Dans ce cas, le niveau agrégé des biens publics croît avec la réduction des écarts de revenus entre les agents. Injecter de la compétition pour le statut social dans des fonctions d'utilité augmente les contributions aux biens publics, et donc leur niveau global, faisant de la concurrence une incitation féconde pour résoudre le problème du passager clandestin.
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