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Faits divers, feuilletons et procès : une sociologie «en dehors de la sociologie»Bégin, Christopher 08 1900 (has links)
En 2004, Michael Burawoy, alors président de l’Association américaine de sociologie (ASA), faisait un plaidoyer pour une sociologie « publique ». Ses considérations portaient sur l’orientation de la pratique de la discipline. Il avançait que le domaine devait réengager un dialogue avec des préoccupations plus proches d’un public « non-sociologue ». Dans ce mémoire, je propose des pistes de réflexion sur ces préoccupations en me penchant sur la pratique journalistique à travers deux genres : le fait divers et le feuilleton. Je mets en parallèle les deux genres en les approfondissant et en analysant leur traitement respectif de certains procès. C’est sur ce thème que je souligne leurs apports possibles pour une sociologie « en dehors de la sociologie ».
Le fait divers, genre largement lu dans les journaux d’aujourd’hui, porte son attention sur l’environnement proche de ses lecteurs et sur des événements prenant naissance dans leur quotidien, mais qui ont pris des tangentes hors de l’ordinaire. Alors qu’on peut le qualifier de sensationnaliste et de genre exploitant la peur, il démontre cependant un intérêt pour des événements ordinaires pouvant apporter de nouveaux thèmes à la sociologie. Le feuilleton, un genre journalistique allemand foisonnant des années 1920-1930 et plus précisément le type qu’écrit Siegfried Kracauer, s’intéresse à de « petits faits » du monde urbain et assemble ses observations sous la forme d’une mosaïque. Le feuilleton tente de révéler l’implication de ses lecteurs dans les phénomènes qu’il observe, produisant un effet réflexif à sa lecture qui apporte une dimension possible à l’écriture sociologique.
Suite à l’analyse d’exemples des deux genres, je propose trois pistes de réflexion pouvant répondre aux préoccupations de Burawoy : 1) la sociologie peut avoir un aspect « sensationnel », 2) la sociologie peut s’inspirer davantage du quotidien, 3) la sociologie peut prendre exemple sur une écriture journalistique. C’est en tentant de générer un effet par la lecture, à s’investir dans une forme d’écriture stimulant la réflexivité et à adopter une posture qui tienne compte de la contingence et du point de vue de l’auteur dans l’interprétation que le journalisme peut apporter des éléments d’orientation de la pratique sociologique afin de permettre à celle-ci de s’ouvrir à un plus large public. / In 2004, Michael Burawoy, then president of the American Sociological Association (ASA), made a plea for a “public sociology”. His considerations focused on the direction of the discipline's practice. His concerns were for a re-engagement in a dialogue with concerns closer to a “non-sociological” public. In this master thesis, I propose avenues to reflect on these concerns by looking at the journalistic practice through two genres: the “fait divers” and the “feuilleton”. I open up a dialogue between the two genres by exploring them in depth and analyzing their respective treatment of trials. It is through this theme that I underline their possible contributions to a sociology “outside of sociology”.
The “fait divers” is a genre that is widely read in today’s newspapers. It focuses its attention on the environment close to its readers and on events that take origin in everyday life, but which have taken paths outside away from the ordinary. While this genre can be described as sensationalist and fearmongering, it nevertheless shows an interest in ordinary events that can bring new themes to sociology. The “feuilleton” and more precisely the type written by Siegfried Kracauer, is a German journalistic genre that flourished in the 1920s and 1930s. This author is interested in “small facts” of the urban world and assembles his observations in the form of a mosaic. The “feuilleton” tries to reveal the involvement of its readers in the phenomena it observes, thereby producing an effect of reflection after being read that brings a possible dimension to sociological writing.
Following the analysis of examples from both genres, I propose three avenues that can respond to Burawoy’s concerns: 1) sociology can have a “sensational” aspect, 2) sociology can draw more inspiration from daily life, 3) sociology can take the example of a journalistic writing. By being interested in generating an effect through reading, investing in a form of writing that stimulates reflexivity and adopting a posture that takes into account contingency and the author's point of view in interpretation, journalism can provide elements of direction for the sociological practice in order to help it open up to a wider public.
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