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La Chambre de Commerce de Paris, 1803-1852. Un « corps consultatif » entre représentation et information économiquesLemercier, Claire 17 December 2001 (has links) (PDF)
Supprimées en 1791 comme parties du système corporatif, les Chambres de Commerce sont rétablies en 1802 et une Chambre est créée à Paris en 1803. Son statut n'en fait ni une association spontanée, ni un véritable organe administratif. Ses membres s'opposent à tout rétablissement des corporations et des règlements. Souvent banquiers, également présents au Tribunal de Commerce, au Conseil Municipal, à la direction de la Banque de France, ils créent de nouvelles pratiques institutionnelles en réponse aux nombreuses demandes de conseil et d'information du gouvernement. De façon en général discrète, la Chambre de Commerce de Paris intervient sur les questions douanières ou de transports, mais aussi sur la gestion de la Bourse ou la création d'un nouveau droit commercial. Sur ces questions, il lui arrive de s'opposer aux politiques économiques de l'Empire ou de la Restauration, mais elle reste toujours consultée, comme seule source possible sur certains problèmes. Les banquiers libéraux qui l'avaient dirigée la quittent après 1830 et surtout 1840, laissant la place à des négociants puis des fabricants d'articles de luxe, plus intéressés par la fourniture de services aux commerçants, mais qui restent liés au monde de l'économie politique. Ces hommes se trouvent confrontés à de nouvelles questions sociales et ont à décider s'ils sont les représentants des « patrons » et non plus de l'économie en général. Ils ont longtemps prétendu défendre l'intérêt général du commerce parisien, voire national, mais après 1848, la plupart se disent représentants d'une branche particulière. A ce moment, l'électorat de la Chambre est élargi, et les « chambres syndicales » qui ont repris certaines fonctions des corporations commencent à y jouer un rôle important. Enfin, la Chambre acquiert quant à elle une nouvelle légitimité grâce à une enquête statistique sur l'industrie parisienne, que le gouvernement n'avait jamais pu réaliser lui-même.<br />L'histoire de la Chambre est avant tout celle d'un corps intermédiaire – dans un pays et une période où cette notion est loin d'aller de soi. L'étude de cette véritable reconstruction d'une architecture institutionnelle, après la Révolution française et au fil des changements de régimes politiques, est avant tout centrée sur les pratiques de l'institution (modes de recherche d'information, interactions entre membres dans la préparation des rapports, émergence de fonctions de service pour la Chambre...), sans négliger les débats idéologiques concernant l'organisation et la représentation du monde économique (rétablissement des corporations en particulier). L'étude à été menée partir des riches archives de la Chambre (procès verbaux et dossiers thématiques), de recherches concernant ses membres, principalement en termes de carrière institutionnelle et de cumuls de mandats, et de nombreuses sources imprimées touchant aux dossiers traités par la Chambre.<br />Dans un premier temps, une étude, en partie quantitative, du travail de l'institution et des carrières de ses membres permet de définir une chronologie propre à la Chambre et de poser des hypothèses concernant les motivations de ceux que l'institution intéresse (membres, mais aussi interlocuteurs dans l'administration et dans le monde économique). Une présentation chronologique s'attache ensuite notamment à l'analyse fine de périodes de changement (1828-1832, 1848-1852). Dans ces moments, les membres de l'institution apparaissent acteurs de leur histoire, avec une certaine autonomie pour redéfinir leurs règles de fonctionnement ; mais ils sont aussi soumis à la concurrence d'autres institutions et à des chocs extérieurs (émergence de chambres syndicales, révolutions politiques, actualité nouvelle de la question sociale...). Au fil des travaux de la Chambre émergent enfin certains dossiers d'histoire économique (régulation des transactions boursières, contrôle a posteriori des sociétés anonymes, modes d'encouragement des exportations...) et d'histoire des statistiques sur lesquels l'étude de l'institution ouvre des pistes nouvelles.
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