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Comparaison des entrevues d’enquête entre les enfants et les adolescents victimes d’agression sexuelleLarose-Grégoire, Élodie 04 1900 (has links)
Thèse de doctorat présenté en vue de l'obtention du doctorat en psychologie - recherche intervention, option psychologie clinique (Ph.D) / Depuis 25 ans, de nombreuses études ont permis de documenter les capacités des enfants de moins de 12 ans à rapporter les agressions sexuelles qu’ils ont subies dans un contexte d’entrevue d’enquête policière conduites. Cependant, les adolescents représentent une grande proportion des victimes potentielles. Notre compréhension des enjeux en lien avec les entrevues d’enquête réalisées auprès des adolescents est limitée, alors qu’il est bien établi dans la documentation scientifique qu’ils se distinguent des enfants sur le plan développemental. Ainsi, l’objectif de cette thèse est d’examiner les différences quant au déroulement des entrevues d’enquête entre les enfants et les adolescents victimes d’agression sexuelle.
Le premier article vise à comparer les entrevues d’enquête quant aux types de questions utilisées par les enquêteurs, aux types de réponses fournies par les victimes et aux liens entre ces deux éléments dans le but d’examiner la dynamique de l’entrevue en fonction du groupe d’âge. Vingt-deux transcriptions d’entrevues d’enfants âgés de 7 à 10 ans ont été codifiées et comparées à vingt-deux transcriptions d’entrevues d’adolescents âgés de 13 à 16 ans. Les résultats révèlent des structures d’échange différentes entre les enquêteurs et les victimes d’agression sexuelle selon l’âge. En effet, il est observé que les enquêteurs utilisent plus fréquemment des questions suggestives avec les adolescents, et ce, même à la suite de réponses qui fournissent des détails sur l’événement d’agression sexuelle de la part des victimes. Cette dynamique dans les interactions est susceptible de nuire à la qualité de l’entrevue étant donné les risques associés à l’utilisation de questions suggestives pour interroger les victimes (p. ex., contradiction dans le discours, détails erronés).
Le deuxième article vise également à comparer les types de questions utilisées par les enquêteurs et les réponses des victimes en fonction de l’âge, mais en considérant la spécificité des réponses des mineurs (qualité des réponses) et les diverses catégories d’informations relatives à l’infraction (actions et parties du corps, contexte de l’agression sexuelle, autres victimes potentielles et témoins, référents internes). La méthodologie est la même que celle utilisée dans l’article 1. Les résultats suggèrent une utilisation plus fréquente des questions suggestives par les enquêteurs avec les adolescents en ce qui concerne les informations liées au contexte de l’agression sexuelle, alors qu’ils énoncent plus souvent des invitations auprès des enfants lorsque les informations se rapportent aux référents internes (émotions et interprétations). Pour ce qui est de la qualité des réponses, les adolescents fournissent une plus grande proportion de réponses élaborées en lien avec les informations portant sur le contexte de l’agression sexuelle, sur les autres victimes potentielles et les témoins ainsi que sur les référents internes.
Les contributions de cette thèse seront discutées compte tenu des résultats observés dans les deux articles. En effet, il semble que les enquêteurs utilisent une grande proportion de questions suggestives auprès des adolescents, mais aussi de façon générale lors des entrevues avec les mineurs. De plus, les adolescents victimes ont de meilleures capacités pour rapporter des informations plus détaillées relatives à l’infraction (contexte de l’agression sexuelle, autres victimes potentielles et témoins, référents internes). Par ailleurs, en ce qui a trait aux implications, il est important que les enquêteurs aient accès à des formations et des suivis post-formation afin de mieux connaître les enjeux développementaux des adolescents et dans le but d’adopter des pratiques optimales lors des entrevues, notamment une utilisation plus fréquente des invitations. Actuellement, des protocoles d’entrevue non suggestive pour interroger les enfants, de même que les adultes, sont existants afin de guider les policiers dans la conduite de leurs entrevues. Cependant, le développement ou l’adaptation d’un protocole pour la conduite des entrevues spécifiquement auprès des adolescents victimes d’agression sexuelle s’avère pertinent. Finalement, concernant les avenues de recherches futures, il demeure essentiel de mieux comprendre le contexte d’utilisation des questions suggestives, ainsi que le vécu des adolescents et des policiers lors des entrevues d’enquête. / Over the past 25 years, most studies have documented children’s abilities to report sexual abuse under the age of 12 years old in a police investigative interview setting. However, adolescents represent a large proportion of potential sexual abuse victims. Our understanding of the challenges related to investigative interviewing conducted with adolescents is limited. This proves to be the case even when it is clearly stated in literature that adolescents are developmentally distinct from children. Thus, the purpose of this thesis is to compare investigative interviews conducted with children and adolescents victims of sexual abuse.
The first article compares the investigative interviews between children and adolescents victims of sexual abuse in accordance with the types of questions used by the investigators, the types of responses given by the victims, and the relationship between the two elements in order to examine the dynamics of the interview. Twenty-two interview transcripts of children aged 7-10 years of age were coded and compared to twenty-two interview transcripts of adolescents aged 13-16 years of age. The results revealed different interviewing process according to age. It has been observed that interviewers use suggestive questions more frequently with adolescents, even following responses from victims that provide details about the sexual abuse event. This dynamic in the interactions is likely to affect the quality of the interview given the risks associated with using suggestive questions to interview victims (e.g., contradiction in the narrative, incorrect details).
The second article also aims to compare the types of questions used by investigators and victims' responses according to age, but considering the specificity of minors' responses (quality of responses) and different categories of offense-related information covered (actions and body parts, sexual abuse context, other potential victims and witnesses, internal referents). The methodology is the same as the one used in article 1. The results suggest a more frequent use of suggestive questions with adolescents regarding information related to the sexual abuse context, whereas they use more often invitations with children when the information relates to internal referents (emotions and interpretations). In terms of quality of the responses, adolescents provide a greater proportion of elaborated responses for the information related to sexual abuse context, other potential victims and witnesses, and internal referents.
The contributions of this thesis will be discussed in light of the results observed in the two articles. Indeed, it appears that investigators use a large proportion of suggestive questions with adolescents, but also in general during interviews with minors. Moreover, adolescent victims report more detailed information regarding different types of offense-related information (context of the sexual abuse, other potential victims and witnesses, internal referents). Furthermore, from a practical point of view, it is important that investigators have access to training and post-training follow-ups in order to better understand the developmental issues of adolescents and to adopt optimal practices during interviews, notably a more frequent use of invitations. Currently, non-suggestive interview protocols for interviewing children and adults are available to guide police officers in conducting their interviews. Thus, the development or the adaptation of a protocol for conducting interviews with adolescent victims of sexual abuse is relevant. Finally, for future research, it remains essential to better understand the context in which suggestive questions are used, as well as the experiences of adolescents and police officers during investigative interviews.
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