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Le concept de vie dans les travaux de Michel Foucault / Michel Foucault's concept of lifeMauer, Manuel 20 March 2012 (has links)
Des analyses consacrées au vitalisme de Bichat, en 1963, à l’étude du bios cynique dans les toutes dernières leçons de son dernier cours au Collège de France, les références à la vie sont constantes dans l’œuvre de Michel Foucault. C’est dans le cadre du projet philosophico-politique d’un dépassement de l’humanisme moderne que la question de la vie fera irruption dans son œuvre. Notre thèse est désormais que le défi auquel sera confrontée la pensée foucaldienne, consistera à déplacer le centre de l’analyse de l’homme (en tant que fondement supposé des savoirs et des pouvoirs modernes) vers la vie (i.e., vers les savoirs et les pouvoirs qui l’investissent et la produisent), sans pour autant faire de celle-ci un nouveau fondement (que ce soit à la manière d’une philosophie naturaliste, d’une ontologie vitaliste ou d’une phénoménologie du vécu).C’est dans les travaux biopolitiques que la stratégie foucaldienne (contourner l’homme en passant par la vie) se déploie le plus clairement : l’homme y apparaît, en effet, non point en tant que fondement (comme dans les théories contractualistes, qui partent d’une certaine anthropologie afin d’en déduire une certaine politique), mais comme effet et enjeu d’un pouvoir ayant la vie pour but, objet et modèle.Or un tel déplacement n’implique-t-il pas une promotion de la vie au rang du fondement déserté par l’homme ? C’est, comme nous essayons de le montrer dans la deuxième partie de la thèse, le pas que franchissent, parfois, ces deux lectures en apparence antagoniques de l’œuvre foucaldienne que sont les interprétations d’orientation « naturaliste » d’une part (qui insistent surtout sur la « biologisation » de la politique moderne mise en lumière par Foucault) et, de l’autre, les lectures d’inspiration « vitaliste » (qui, à l’instar du commentaire deleuzien, invoquent plutôt l’idée d’une résistance possible aux biopouvoirs qui prendrait appui sur la puissance propre à cette même vie que le pouvoir cherche à investir).C’est dans les travaux archéologiques de Foucault que ces deux lectures de la biopolitique foucaldienne nous semblent trouver leur réfutation la plus flagrante, d’où le fait que la troisième section de notre travail leur soit entièrement consacrée. Foucault y établit en effet l’historicité foncière de cette vie biologique à laquelle seront ordonnés les dispositifs modernes de pouvoir. Par ailleurs, il prend bien soin de mettre en lumière ce qui compromet la prétendue positivité de ces savoirs sur la vie que sont la biologie et la médecine clinique. Il montre enfin à quel point la notion moderne – aussi bien biologique que métaphysique – de vie constitue le revers de la figure moderne de l’homme, de ses détermination empiriques mais aussi de ses prérogatives transcendantales. D’où, sans doute, le fait que son premier effort pour penser une issue possible au « cercle anthropologique » – centré autour de l’expérience littéraire – repose, non sur une revendication des puissances de la vie, mais sur une conceptualisation ontologique de la mort et de sa paradoxale fécondité.Il n’en reste pas moins qu’entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, Foucault articulera bien une pensée de la résistance aux biopouvoirs avec une certaine problématisation de la vie. Or – décalage essentiel – il reconceptualisera aussitôt celle-ci à partir de la notion grecque de bios. L’hypothèse qui structure la quatrième partie de notre travail est alors que l’introduction du concept de bios répond au défi de redonner une certaine initiative à la vie (i.e., d’introduire une certaine distance entre celle-ci et la figure moderne, entièrement objectivée, naturalisée, médicalisée de l’homme normal), sans pour autant restaurer le sujet métaphysique ou phénoménologique, dont Foucault aura mené la critique dès le début des années 1960, ni basculer dans une métaphysique vitaliste – dont il aura montré qu’elle ne constitue que le revers de la figure moderne de l’homme. / From the analysis focused on Bichat’s vitalism, in 1963, to the study of the cynical bios in every last lesson of his last course at the Collège de France, the references to life are a constant in the work of Michel Foucault. The issue of life will appear in his work in the context of his philosophical and political project of going beyond modern humanism. From now on, our thesis will be that the challenge confronting Foucault’s thinking will consist in moving the center of the analysis from man (as the alleged foundation of modern knowledge and power) to life (that is, to the knowledge and power that produces and invests it, so as to what, in life, opposes some resistance to them), without turning life into a new foundation (whether the way of a naturalistic philosophy, a vitalist ontology or phenomenology of the vécu).It’s in the biopolitical works (on which the first part of our thesis is focused) where the Foucauldian strategy (getting around man through life) displays itself most clearly: man appears, indeed, not at all as foundation (as in the contract theories, which start with a certain anthropology in order to deduce a certain politics), but as an effect and a stake of a power that has life as goal, object and model. But wouldn’t such a move promote life to the status of a new foundation? It would, as we try to show in the second part of the thesis, the way that crosses sometimes these two seemingly conflicting readings of his work: “naturalistic” interpretations on one hand (which insist mainly on « biologisation » of modern politics, highlighted by Foucault) and, on the other hand, “vitalist” views (which following Deleuzian comments, invoke instead the idea of a possible resistance to biopowers which would rest on life’s own puissance).We think that these two readings of Foucault’s biopolitics find their highest refutation on Foucault’s archeological works. That’s why the third section of our work is completely devoted to them. Foucault, in fact, establishes here the historicity of biological life to which modern power devices will be closely related. Otherwise, he is careful to highlight what compromises the alleged positivity of knowledge. He also shows how the modern notion of life - both biological and metaphysical - is the reverse of man’s modern figure, of his empirical determinations but also of his transcendental prerogatives (that’s what we call “anthropological downturn” of life, which would find one of his endpoints on the phenomenological figure of the vécu). That is why, no doubt, his first effort to think of a possible outcome for the “anthropological circle” - centered on the literary experience- lays not on a argument in favor of the powers of life, but on an ontological conceptualization of death and his paradoxical fertility.It nevertheless remains true that, between the late ‘70s and the early ‘80s, Foucault will articulate a thought of resistance to biopowers with a certain problematization of life. Or – a critical shift – he will soon re-conceptualize it based on the Greek notion of bios. The hypothesis that structures the fourth part of our work is, then, that the introduction of the concept of bios addresses the challenge of restoring some initiative to life (i.e., to insert a certain distance between it and the common man’s modern figure, completely objectified, naturalized, medicalized), without therefore restoring a metaphysical or phenomenological subject (man as empirical-transcendental doublet, center and foundation of any experience, epistemological and practical), of which Foucault himself has been the led critic since the early ‘60s, or falling into a vitalist metaphysics – which he had revealed as only the reverse of men’s modern figure.
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