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Mary Ann Shadd et l'imaginaire de la citoyenneté canadienne: expérience et exemplarité de la féminité politique noire au XIXe siècleJabouin, Emilie-Andrée January 2016 (has links)
L’histoire des noirs au Canada cache une variété de récits omis et oubliés. Cette thèse se concentre sur un segment de l’histoire du Chemin de fer clandestin, particulièrement durant la période 1850-1865, ainsi que sur la pensée et l’action politiques d’une figure négligée de l’époque, Mary Ann Shadd. Cette femme noire, journaliste, rédactrice en chef et militante pour les droits des noirs publie en 1852 A Plea for Emigration, une brochure politique très éclairante sur les conditions de vie et la situation des noirs au Canada. Au cœur de la recherche d’un refuge pour les noirs des États-Unis après le passage du Fugitive Act en 1850, Shadd pose des actes politiques marquants pour son époque. Sa brochure, sa migration vers le Canada et sa militance ont une signification symbolique et théorique qui soulève la question suivante: Quelle réinterprétation de la citoyenneté canadienne pouvons-nous faire à la lumière de l’exemple de Mary Ann Shadd? À l’aide de la négritude féministe canadienne, une perspective inspirée du black feminism, des cultural studies et de la négritude, il est possible de mettre l’accent sur les expériences plutôt que sur l’histoire dominante et d’analyser la relation complexe entre la race-classe-genre, l’idéologie libérale classique, la production du savoir et la citoyenneté. La méthode est interprétative et l’hypothèse est la suivante : bien que Mary Ann Shadd soit omise de l’histoire du Canada et bien qu’elle fasse usage des paramètres conventionnels de la citoyenneté libérale classique du XIXe siècle dans A Plea, elle redéfinit la citoyenneté canadienne comme expérience à travers ses écrits et ses actes politiques et incarne une féminité politique noire qui produit un récit exemplaire. Le concept de citoyenneté est utilisé pour mettre en évidence les limites de l’idéologie libérale classique et sert de pivot pour imaginer d’autres formes d’appartenance, de participation politique et de mémoire au Canada. D’abord, le chapitre 1 présente la revue de la littérature et le cadre théorique et méthodologique de la thèse. Vues de la perspective féministe et critique évoquée précédemment, les très nombreuses et importantes omissions des noirs dans l’histoire du Canada sont problématisées par la présence de la féminité politique noire dont Shadd est un exemple. L’omission a comme résultat un profond malaise de la mémoire des noirs auquel Shadd répond par un contre-récit. Ensuite, le chapitre 2 se concentre davantage sur l’omission des femmes noires par rapport à la citoyenneté à travers les critères d’appartenance comme marqueurs de présence dans la mémoire collective. Ce chapitre dévoile les limites de la citoyenneté liée à une « identité fixe » et explore le paradoxe de Shadd qui rend plus complexe la discussion sur la citoyenneté. Enfin, le chapitre 3 explore l’idée de la citoyenneté comme une expérience, proposant ainsi une extension des représentations possibles de la citoyenneté. Ce chapitre examine le militantisme et les écrits de Mary Ann Shadd, dont son plaidoyer A Plea for Emigration et son rôle en tant que rédactrice en chef de son journal The Provincial Freeman, comme actes politiques. Le récit de ses actions politiques constitue un exemple d’une citoyenneté transgressive et d’une contribution à la mémoire collective susceptible de favoriser la guérison et l’émancipation de la mémoire des noirs au Canada.
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