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Aspects de la syntaxe du créole martiniquaisTérosier, Stéphane 12 1900 (has links)
Cette thèse est consacrée à l’étude de trois faits de langue du créole martiniquais (CM) et aborde ainsi certains aspects de l’interface syntaxe-sémantique/pragmatique.
Le premier fait de langue concerne la périphérie gauche nominale du CM pour laquelle nous proposons de scinder la projection fonctionnelle DP en deux projections, Def(initeness)P et Specif(icity)P. La première de ces couches encode la définitude, tandis que la seconde marque la spécificité. Cette analyse permet de rendre compte de deux des propriétés des propositions relatives restrictives du CM. Il s’agit en l’espèce du fait qu’elles comportent deux occurrences du déterminant défini et que la présence ou absence de sa seconde occurrence résulte en une lecture spécifique ou non spécifique. Bien qu’ils ne puissent comporter qu’une seule occurrence du déterminant défini (motivée par une haplologie), les DP simples sont soumis à la même analyse. On peut ainsi rendre compte de leurs différentes interprétations.
Le second fait de langue concerne les interrogatives partielles définies (IPD). Ces constructions se distinguent des interrogatives canoniques par les conditions de leur légitimation. Elles nécessitent l’inclusion dans le common ground d’une proposition existentielle qui partage avec l’IPD sa restriction et sa portée nucléaire. De ce fait, on ne peut ni commencer une conversation par une IPD ni y apporter une réponse du type rien. Les IPD se caractérisent donc par une présupposition forte que nous attribuons à la présence en position finale d’un déterminant clausal. Ce dernier est engendré dans la périphérie gauche de la phrase et prend pour restriction une proposition. En raison de son homophonie avec le déterminant défini nominal, nous suggérons qu’il est la réalisation d’un trait acatégoriel [+DEF]. Autrement dit, nous apportons ici de nouvelles preuves au point de vue selon lequel la définitude n’est pas une propriété exclusivement nominale.
Le troisième fait de langue concerne l’interaction des verbes modaux du CM avec le temps. Qu’ils soient épistémiques ou radicaux, les modaux du CM sont des verbes à montée. Quelle que soit leur lecture, ils participent donc à des structures biclausales et sont sous la portée du temps. On observe cependant que l’interprétation temporelle des épistémiques est soumise à des contraintes qui ne s’appliquent pas aux radicaux. Ce contraste trouve son origine dans une différence d’orientation. Les radicaux sont orientés vers le sujet, alors que les épistémiques sont orientés vers le locuteur (ou le Siège de la Connaissance). Cela se traduit par une dépendance interprétative des épistémiques vis-à-vis de la couche fonctionnelle abstraite Sen(tience)P située dans la périphérie gauche de la phrase. Nous proposons un trait [sen] pour traduire cette dépendance. Les conséquences interlangagières de cette analyse sont évaluées.
Les trois faits de langue à l’étude confirment l’importance capitale de la périphérie gauche nominale et phrastique dans l’interface syntaxe-sémantique/pragmatique. / This dissertation investigates three linguistic phenomena in Martinican Creole (MC) and addresses some aspects of the syntax-semantics/pragmatics interface.
The first phenomenon concerns the nominal left periphery. I argue that the MC DP layer should be split into two distinct functional projections, Def(initeness)P and Specif(icity)P. The former projection encodes definiteness, while the latter marks specificity. This analysis accounts for two properties of MC restrictive relative clauses. First, they manifest determiner doubling. Second, the presence/absence of the second occurrence of the definite determiner is correlated with a specific/nonspecific reading. The proposed analysis can be applied to simplex DPs even though, owing to a haplology, they cannot feature more than one occurrence of the determiner. This allows for a straightforward account of their interpretational properties.
The second phenomenon concerns definite wh-questions (DWQs). These non-canonical wh-questions are characterized by their peculiar licensing conditions. They can only be uttered if the common ground includes an existential proposition which shares its restriction and nuclear scope with the DWQ. As a result, they cannot be uttered out of the blue and do not tolerate nothing-type answers. In other words, DWQs are associated with a hard presupposition triggered by the clausal determiner which appears in the final position of DWQs. This determiner is base-generated in the left periphery of the clause and takes a proposition as its restriction. Because of its homophony with the nominal definite determiner, we suggest that it spells out an acategorial [+DEF] feature. This can be adduced as further evidence for the view that definiteness is not restricted to the nominal domain.
The third phenomenon under study concerns the interaction of MC modal verbs with tense. Whether they receive a root or an epistemic reading, MC modals are raising predicates. Both epistemic and root modals are inserted in biclausal structures and are under the scope of tense. Nevertheless, the temporal interpretation of epistemic modals is subject to constraints which do not apply to their root counterparts. This contrast correlates with a difference in orientation. Root modals are subject-oriented, while epistemic modals are oriented toward the speaker (or the Seat of Knowledge). This results in their interpretational dependence on the abstract Sen(tience)P functional layer. To reflect this dependency, I argue for a [sen] feature. The cross-linguistic implications of this proposal are evaluated.
The three phenomena under study confirm that the nominal and clausal left periphery plays a crucial role in the syntax-semantics/pragmatics interface.
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