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Le triptyque oublié de Jan de Beer au Musée des beaux-arts de MontréalAuger, Marie-Pier 12 1900 (has links)
Ce mémoire porte sur le triptyque de l’Adoration des Bergers (1510-1530) de Jan de Beer (1475-1538) présent dans les collections du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) depuis 1975. Cet ouvrage se divise principalement en deux sphères primordiales de la discipline de l’histoire de l’art. Dans un premier temps, une recherche sur l’historique de l’œuvre a été réalisée et a permis de lever le voile sur des archives majeures qui renseignent sur le parcours de l’œuvre. Nos recherches permettent maintenant d’affirmer avec certitude le passage de l’œuvre en 1934 au château Galgoz des Erdődy, une famille aristocratique influente en Hongrie, en Slovaquie et en Croatie. De plus, l’inestimable contribution d’outremer d’Orsolya Bubryák a permis de découvrir le contrat de vente signé entre Vilmos Erdődy (1887-1959) et Theodor Fischer le 5 décembre 1934 à Vienne. À ceci s’ajoute la récupération du catalogue de vente de la « Grosse Auktion in Zürich » qui s’est déroulée du 2 au 5 juin 1937. Un intérêt est de ce fait porté au contexte historique, politique et économique dans lequel évolue la famille Erdődy avant la date charnière de 1934. Une lecture approfondie des lois et des recommandations du groupe spécial SAP (SAP Panel) nous éclaire sur les conditions et les possibilités d’une vente forcée.
Dans un second temps, nous nous intéressons à l’iconographie et à l’iconologie du triptyque, un cadre théorique développé par Erwin Panofsky que nous utilisons tout au long de notre analyse. Nous avons pu constater comment les Révélations de Sainte Brigitte de Suède ont foncièrement influencé l’imagerie de l’Adoration des Bergers. Toutefois, Jan de Beer imprègne son retable d’un second discours, celui de l’aveuglement de l’humanité face à la lumière divine. Le déploiement d’un discours autre que celui relatif à l’Adoration des Bergers s’est glissé dans le symbolisme caché, et en s’introduisant, il témoigne d’une part du désir intime d’une relation directe avec Dieu, telle que prônée par les protestants quelques années avant le Concile de Trente, mais aussi, d’autre part, des idées de la culture humaniste, qui est une réflexion spirituelle sur le salut des âmes. / This M.A. thesis treats the triptych of the Adoration of the Shepherds (1510-1530) by Jan de Beer (1475-1538), in the collections of the Montreal Museum of Fine Arts (MBAM) since 1975. The project is twofold, and engages on one hand provenance studies, and secondly iconography. First the provenance of the triptych is examined, and brings to light significant documents detailing of the artwork’s journey in the tumultuous twentieth century. While this Antwerp-mannerist triptych appears on page nine on the list of objects “whose history is incomplete between 1933 and 1945,” recently published by the MBAM, our research now confirms the passage of the work, in 1934, in the Galgoz castle of the Erdődys, an aristocratic family known throughout Hungary, Slovakia, and Croatia. A new document regarding the sales contract signed by Vilmos Erdődy (1887-1959) and Theodor Fischer on December 5th, 1934 in Vienna has also come been found, as well as the 1937 auction catalogue documenting its sale. Attention is therefore paid to the historical, political and economic contexts experienced by the Erdődy family before the turning point in 1934. A thorough review of the SAP Panel’s legislation and recommendations will enlighten us regarding the conditions and possibilities of a forced sale.
Secondly, the triptych’s iconography is examined in great detail, following a theoretical framework developed by Erwin Panofsky. Amidst several other popular texts of the time, the Revelations of Saint Bridget of Sweden can be shown to have fundamentally influenced the imagery of the Adoration of the Shepherds. However, Jan de Beer infuses his altarpiece with a second layer of meaning, what Panofsky would call its iconology, that of the blindness of humanity in the face of divine light. The deployment of this secondary discourse is by means of hidden symbolism, which, by introducing itself stealthily, testifies on the one hand to the intimate desire for a direct relationship with God some years before the Council of Trent, but also of the ideas central to a humanist culture: a spiritual reflection on one’s own salvation.
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