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L'appartenance en question. Dynamiques et composition de l'univers de sens de jeunes Québécois sans affiliation religieuseSirois, Élisabeth 27 January 2024 (has links)
Au cours des dernières décennies, la proportion des individus se déclarant « sans religion » dans le cadre de sondages et d'enquêtes de population a connu une hausse marquée dans la plupart des sociétés occidentales. Le Québec n'échappe pas à cette tendance, alors que ce phénomène de désidentification religieuse semble gagner en importance auprès des jeunes générations. En contexte franco-québécois, les études de nature qualitative et menées auprès de ce groupe démographique hétérogène se font rares. Alors que de plus en plus de jeunes s'identifient comme sans religion, force est d'admettre que nous en savons bien peu sur l'état de leurs croyances. Qui sont-ils et qu'est-ce qui les pousse à s'identifier ainsi ? Comment l'étiquette qu'ils réclament traduit-elle leur non-appartenance ? Comment le récit biographique de ces jeunes, issus de différents horizons, nous informe-t-il sur l'évolution de leur rapport à la religion ? Ce ne sont là que quelques-unes questions à l'origine de notre réflexion sur les manières implicites ou explicites dont est vécue l'absence de religion dans la vie de jeunes Québécois. Le spectre des sans religion est large et les identités sont poreuses, mais le principe de non-affiliation constitue un facteur d'affirmation fort, dans une société où les débats entourant la place de la religion ne cessent de polariser. Ce mémoire veut décrire la configuration et la dynamique de l'imaginaire de jeunes Québécois sans religion en cernant leurs croyances, valeurs, normes, visions de la vie et de la mort et en saisissant comment ces différentes composantes interagissent entre elles. À partir de cette exploration, nous tenterons de dégager certains axes de la recomposition religieuse en cours. / In the past decades, the proportion of people declaring themselves as "religious nones" in polls and population surveys has increased significantly in most Western societies. The province of Quebec is no exception to this trend, as this phenomenon of religious disidentification seems to be significatively high among the younger generations. In the Franco-Quebecois context, qualitative studies carried out among this heterogeneous demographic group remain quite rare. As more and more young people identify as religious nones, we have to admit that we know very little about the state of their beliefs. Who are these "nones" and what defines them? How does the label they claim reflect their nonreligious identities? How can the biographical account of these young people inform us about the evolution of their relationship to religion? These are just a few of the questions we have to adress regarding the implicit and explicit ways in which the absence of religion is experienced in the lives of young Quebecers. The spectrum of those who identify themselves as religious nones is wide and porous, but the principle of non-affiliation is a strong affirmation factor in a society where debates surrounding the place of religion continue to polarize. This thesis aims to describe the configuration and the dynamics of the imagination of young Quebecers without religion by identifying their beliefs, values, standards, visions of life and death and by understanding how these different components interact with each other. From this exploration, we will try to identify certain characteristics of the current religious recomposition.
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In Satan we trust : le temple satanique entre mouvement social et religionColin, Mathieu 08 1900 (has links)
Fondé aux États-Unis fin 2012 par Malcolm Jarry et Lucien Greaves et se voyant comme une évolution de l’Église de Satan, groupe fondé par Anton LaVey en 1966, le Temple Satanique est à la croisée entre satanisme, sécularisme et religion non-théiste, en plus de s’appuyer sur un activisme politique explicite en faveur de la séparation entre Églises et État. Il s’appuie sur une lecture non-théiste de la figure de Satan comme symbole de libre-pensée et de compassion, inspirée notamment des lectures romantiques et de La Révolte des anges (1914) d’Anatole France. En se positionnant comme religion dans la sphère publique, l’organisation souhaite contrer l’hégémonie du christianisme et assurer le respect d’un réel pluralisme religieux, qui prendrait en compte les récentes mutations démographiques et culturelles américaines.
Cette thèse emploie une approche interdisciplinaire. Sur le plan théorique, elle analyse ce groupe se disant religieux à l’aide de l’histoire des idées ainsi que d’une analyse sociologique, politique et médiatique. Elle met en œuvre une méthodologie qualitative et quantitative, documentant plusieurs aspects du groupe à l’aide d’entretiens et d’un questionnaire qualitatif en ligne.
Les principales innovations de cette thèse sont les suivantes. Nous analysons le Temple Satanique comme un mouvement social mettant en avant le concept de communauté, et nous situons l’organisation dans un paradigme ultramoderne (concept de Jean-Paul Willaime), selon lequel un certain nombre de sous-cultures sont générées, cherchant à créer des ressources de sens. Ces sous-cultures émergent comme des systèmes de sens identitaires et politiques s’alimentant à des sources mythiques et esthétiques pour élaborer du sens, puisant largement dans les domaines religieux et spirituels. Il s’agit d’un laboratoire d’étude de la complexification du milieu séculariste et de ses profondes divisions, ainsi que du satanisme moderne et contemporain. Sa particularité est de proposer un satanisme politique rationaliste.
Notre recherche se situe au croisement de trois champs d’études : celui des nouveaux mouvements religieux, celui du satanisme et de l’ésotérisme, ainsi que celui de la religion digitale. Cette religiosité, largement diffusée sur Internet, redéfinit les cadres institutionnels et de croyances, les adeptes ayant accès à des ressources presque illimitées, informant un mode du croire caractérisé par son individualité et sa méfiance institutionnelle, mettant en exergue une tension constante entre individualité et communauté. Par ses procédés ultramodernes, le groupe se pose en contre-mythe, afin de questionner l’héritage chrétien américain revendiqué par la Droite chrétienne comme une religion civile. En effet, par l’usage du symbole de Satan, l’organisation met en tension l’identité nationale américaine en posant la question de l’intégration des populations non-chrétiennes au sein d’un cadre culturel fortement imprégné de christianisme. Le Temple Satanique pose ainsi la question de l’intégration des communautés marginalisées, comme les athées, ou la population des sans-religion, dans la sphère publique, à l’heure où elles deviennent des forces politiques potentielles. C’est sans doute pour cette raison qu’il compte déjà des antennes dans d’autres pays. Le Temple essaye de dépasser l’aporie entre religion et mode de vie séculariste, en mettant en avant une religion non-théiste s’appuyant sur des valeurs partagées au sein d’une communauté. / Founded in the US by Malcolm Jarry and Lucien Greaves at the very end of the year 2012 and thought as an evolution of The Church of Satan, the first satanic organization created by Anton LaVey in 1966, The Satanic Temple is both a non-theistic religion, a secularist group and a satanic group fighting for the strict separation of Church and State. Drawing especially on romantic and Anatole France’s Revolt of the Angels (1914) readings of Satan as an embodiment of freedom, justice and science, The Satanic Temple uses its position as a religion in the public sphere to denounce what is considers the marks of Christian hegemony within public institutions or places, and stands for other discriminated groups by defending a respectful and inclusive religious pluralism for all faiths, and taking into account the recent cultural and demographic changes in the US.
This dissertation uses an interdisciplinary approach. In order to analyze this aspiring religious group, it combines a sociological analysis, the study of history of ideas as well as political and media studies. It also uses a quantitative and qualitative methodology to understand several dimensions of the group, with interviews and an online survey.
The main innovations of the dissertation are the following. The Satanic Temple is a social movement building a community of like-minded people and transforming the concept of religion. I consider it a direct result of the ultramodern paradigm described by Jean-Paul Willaime that gives birth to a number of subcultural movements that struggle to create sense for their members. I analyze these subcultural movements as political meaning systems creating a sense of identity. They draw on mythical and aesthetical sources to create meaning by using religious and spiritual resources. This paradigm enables us to analyze the increasingly complex secular milieu and its divisions, as well as the evolution of modern and contemporary Satanism. Political rationalist Satanism is one of its new developments.
Our research stands at the crossroad of three areas of studies: new religious movements studies, esoteric and satanic studies, and digital religion studies. I shall analyze the individualization of religious beliefs on the Internet, and the growing mistrust towards institutions or the process of formalization, perceived as threats to the unlimited religious resources offered by digital platforms. The tension between individuality and community is constantly at stake for a group such as The Satanic Temple. As an ultramodern movement, The Satanic Temple takes the stance as a counter-myth in order to question the Christian legacy of the country claimed by movements, such as the Christian Right, that want to turn it into the one and only possible civil religion. Indeed, The Satanic Temple aims at raising the question of the integration of non-Christians as respectful and respected citizens within the public sphere, thus negotiating the tensions at the core of the American national identity and of its civil religion, both heavily influenced by Christianity, with the help of Satan’s symbol. The rise of the « nones » as a new political force also raises the issue of their integration, as The Satanic Temple asks the tough question of taking into account marginalized communities that want their voice to be heard in a changing public sphere. Despite being primarily US-based, the organization has chapters in other countries such as Canada, and in Europe.
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