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La fréquentation comme manière d'être ensemble sans être en couple : enquête sur une nouvelle catégorie relationnelleLabrecque, Myriam 26 March 2024 (has links)
Titre de l'écran-titre (visionné le 15 mars 2024) / Cette recherche s'inscrit dans la continuité des travaux portant sur les transformations de l'intimité et s'appuie sur la perspective de la construction sociale de la réalité (Berger et Luckmann). Plus précisément, ce mémoire porte sur une nouvelle étiquette relationnelle, celle de la « fréquentation », et vise à comprendre à quoi correspond cette relation à partir du sens que les individus accordent à celle-ci et des arrangements intimes qu'ils négocient dans le cadre de ce type de relation. Pour en faire l'étude, j'ai réalisé 18 entrevues semi-dirigées avec 6 hommes et 12 femmes cisgenres/hétérosexuel.le.s âgé.e.s entre 18 et 42 ans se reconnaissant comme ayant vécu une relation qu'ils et elles ont nommée sous le vocable de « fréquentation ». Les données recueillies permettent de constater que cette relation peut être vécue comme une « mise à l'essai » du couple ou comme une « relation en soi » qui ne vise pas un engagement plus important et qui est vécue pour ce qu'elle apporte aux personnes. À travers leurs récits, il est possible de comprendre comment la fréquentation s'inscrit dans la trajectoire relationnelle des personnes rencontrées sans pour autant s'opposer à la relation de couple. Les données témoignent de la persistance de l'idéal du couple hétérosexuel tout en donnant à voir comment les individus sont critiques de cette institution. L'enquête révèle l'évolution, mais également la cristallisation, des positions masculines et féminines dans les relations intimes. Elle interroge finalement le pouvoir des individus quant au choix de ce type de relation.
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Le processus décisionnel en obstétrique : au-delà de la relation patiente-soignant(e)Daniel, Paméla 13 December 2023 (has links)
Ce mémoire porte sur le parcours décisionnel de femmes vivant au Québec ayant été suivies tout au long de leur grossesse soit par un médecin, une infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne (IPSPL) ou une sage-femme. Afin de mettre en lumière leur expérience de grossesse et d'accouchement sur le plan décisionnel, quinze mères ont été rencontrées dans le cadre d'entrevues semi-dirigées. L'analyse des propos des mères a mis en lumière les processus décisionnels qui ont marqué la trajectoire de la grossesse et de l'accouchement, la dynamique entre les différents acteurs impliqués ainsi que leur influence dans le parcours décisionnel et finalement, les différences et les similitudes selon le professionnel responsable du suivi et de l'accouchement. De ces témoignages ont émergé trois concepts : le temps, le corps et le savoir. Ces trois concepts permettent de mieux comprendre comment est vécu l'expérience des mères au regard de la prise de décision durant le suivi de grossesse et à l'accouchement et aussi, comment elle se module tout au long de la trajectoire puisque dans la majorité des cas, cette expérience est toute sauf linéaire. / This thesis focuses on the decision-making process of women living in the province of Quebec who have been followed throughout their pregnancy either by a physician, a nurse practitioner specializing in primary care (IPSPL), or a midwife. To shed light on their experience of pregnancy and childbirth, more specifically on their experience of pregnancy and childbirth in terms of decision-making, we engaged with fifteen mothers through the framework of semi-structured interviews. Analysis of the mothers' statements shed light on the decision-making processes that marked the trajectory of pregnancy and childbirth, the dynamics between the different actors involved as well as their influence in the decision-making process, and the differences and similarities according to the health care professional responsible for follow-up and delivery. From these testimonies three concepts emerged: time, body and knowledge. These three concepts allow us to better understand how mothers experience decision-making during pregnancy follow-up and childbirth and how it is modulated throughout the trajectory, since in most cases, this experience is anything but linear.
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L'engagement dans la parentalité : étude du processus menant à la décision d'avoir un enfant dans les parcours de vie de nouveaux parentsRousseau, Kevin 27 January 2024 (has links)
Ce mémoire vise à comprendre comment se joue le processus menant à la décision de devenir parent dans l’expérience subjective des individus. Pour ce faire, 18 entrevues autobiographiques ont été réalisées auprès d’hommes et de femmes devenus récemment parent ou qui attendent la naissance prochaine d’un enfant. L’analyse des récits indique que le désir d’enfant constitue, chez l’ensemble des participants à l’enquête, un élément central du processus menant à la décision de devenir parent, un état éprouvé antérieurement à l’engagement dans la parentalité qui en favorise la concrétisation. En outre, les données colligées mettent en lumière l’importance que revêt, chez plusieurs personnes, la validation d’un désir d’enfant chez le partenaire amoureux au moment de la formation du couple, une validation qui se joue le plus souvent par des échanges tacites et qui constitue le point de départ du projet d’enfant. L’analyse montrent par ailleurs que l’entrée dans la parentalité se joue toujours à l’intérieur d’un continuum entre projet d’enfant et grossesse non planifiée, représenté par trois cas de figure : 1) plusieurs naissances résultent de l’élaboration d’un projet d’enfant mené à terme, 2) certaines se rapportent à un épisode de grossesse non planifiée, 3) alors que d’autres surviennent à la suite d’une grossesse plus ou moins planifiée. Bien que certains facteurs considérés comme significatifs dans le processus menant à la décision de devenir parent recoupent ces trois cas de figure, chacun implique des échanges, des réflexions, des sentiments, des choix ou des contraintes, chez les parents interrogés, qui lui sont propres. / This paper aims to understand how the process leading up to the decision to become a parent is played out in the subjective experience of individuals. To this end, 18 autobiographical interviews were conducted with men and women who have recently become parents or are expecting a child. The analysis of the accounts indicates that the desire for a child is, for all the participants in the survey, a central element in the process leading to the decision to become a parent, a state experienced prior to the commitment to parenthood that favours its realization. Moreover, the data collected highlight the importance, for many people, of validating a desire for a child in their love partner at the time of couple formation, a validation that is most often played out through tacit exchanges and that constitutes the starting point for the child's project. The analysis also shows that entry into parenthood always occurs within a continuum between a planned child and an unplanned pregnancy, represented by three scenarios: 1) several births result from the development of a planned child, 2) some relate to an episode of unplanned pregnancy, 3) while others occur following a more or less planned pregnancy. Although some factors considered significant in the process leading to the decision to become a parent overlap with these three scenarios, each one involves exchanges, reflections, feelings, choices or constraints on the part of the parents interviewed that are specific to it.
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La rupture amoureuse à l'ère du numérique : implications pour l'identité narrativeLanglois, Justine 27 January 2024 (has links)
Le développement des technologies de l'information et de la communication donne lieu à des questionnements propres à notre époque, du droit à la déconnexion jusqu'à la protection de la vie privée. Comme une part prépondérante de nos vie publique, privée et intime transitent désormais par voie numérique, on peut se demander si la myriade de traces de soi que nous laissons derrière nous et sur laquelle nous n'avons pas toujours le contrôle n'aurait pas le potentiel de transformer le rapport que nous entretenons avec notre identité personnelle. La présente recherche étudie le rapport aux traces numériques des individus en lien avec la construction identitaire lors d'un évènement qui contraint à se redéfinir : la rupture amoureuse. J'ai choisi d'aborder l'identité à travers sa forme narrative, en m'appuyant principalement sur les travaux de Paul Ricœur. En me basant sur 14 entretiens semi-dirigés avec autant de personnes qui ont récemment vécu une rupture amoureuse, je me suis questionnée sur les pratiques de gestion des traces numériques et sur les usages des réseaux sociaux dans le contexte de la rupture amoureuse. Le rapport que l'on entretient à ses traces numériques dépend largement de la place que l'on est en mesure d'accorder à l'autre dans sa vie. Ainsi, la gestion des traces vise le plus souvent à faire le deuil de la relation. En ce sens, c'est dans un premier temps « pour soi » que l'on interagit avec ses traces numériques. La gestion de celles-ci permet non seulement d'aligner l'image de soi sur les réseaux sociaux au nouveau récit que l'on construit après la rupture, mais plus encore, c'est à travers ces pratiques que l'on parvient à transformer la manière dont on se définit soi-même. Lorsque le deuil de la relation est derrière soi, c'est alors plutôt à travers le regard des autres que les individus appréhendent leurs traces publiques et c'est avec de nouveaux objectifs et de nouvelles préoccupations en tête qu'ils interviennent sur celles-ci, alors qu'ils se redéfinissent dans l'horizon d'un avenir à bâtir avec un futur partenaire. / The development of information and communication technologies raises peculiar questions specific to our time, ranging from the right to disconnect to the protection of one's privacy. As a preponderant part of our public and private life is now digitalized, one can wonder if the myriad traces of the "self" that we leave behind - and about which we do not always possess full control - might have the potential to transform our relationship with our own identity. This thesis aims to understand how digital possessions affect the construction of self identity during a specific event that demands reflexivity: the romantic breakup. Following Paul Ricoeur's work, I conceptualize self-identity in its narrative form. I have conducted 14 comprehensive interviews with people who had recently experimented a romantic breakup. I then studied how these people managed their digital possessions and how they used social medias in the context of their relationship dissolution. Results show that the way people relate to their digital possessions differ following the place and importance they give to their ex-partner in their everyday life. Most often, managing their digital possessions helped them overcome their grief. In this sense, it is first "for themself" that they interact with their digital possessions. Managing them not only makes it possible to align their self-presentation on social media to the new narrative built after the breakup, but also, it is through these practices that one manages to transform the way she defines herself. Once the bereavement process is over, it is through other peoples' eyes that the participants apprehend their digital possessions. Moreover, they conceive and intervence on their digital possessions with new goals and new concerns in mind, in the hope of building a future with a prospect partner.
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Gouvernance multiscalaire, discours et pratiques de participation publique : la gouvernance environnementale dans les grandes villes canadiennes (2010-2022)Hagan, Julie 01 March 2024 (has links)
Titre de l'écran-titre (visionné le 26 février 2024) / Les rapports environnement-société sont un objet d'étude sociologique (Murphy, 1994, 1995, 1997) et une question moderne nécessitant de nouvelles modalités de gouvernance qui contribuent à la remise en question des institutions traditionnelles de l'État-nation (Beck, 1992, 1995 ; Giddens, 1990, 1991, 1994). Ces modes de gouvernance s'articulent à différentes échelles, les échelles locales jouant un rôle croissant. Cette thèse s'intéresse à l'évolution du rôle des villes canadiennes en matière d'environnement, de 2010 à 2022. Il s'agit d'expliquer comment les villes justifient leurs actions environnementales sous trois angles : légal et rationnel, discursif et participatif. Le cadre théorique de la thèse est basé sur le néo-institutionnalisme historique et discursif (Schmidt, 2010) combiné à la théorie des assemblages urbains (Farías, 2011 ; McFarlane, 2011a), à l'écologie politique urbaine (Swyngedouw, 2007, 2010, 2011 ; Keil, 2003) et à la justice environnementale (Bulkeley et coll., 2013 ; Bulkeley, Edwards & Fuller, 2014). Les justifications légales et rationnelles sont abordées par le biais de la gouvernance multiscalaire et proposent une réflexion sur le cadre législatif qui gouverne les relations entre les villes et les autres niveaux de gouvernement. L'influence des réseaux de gouvernance nationaux et subnationaux (ex. des coalitions de municipalités), qui tirent leur légitimité du nombre de villes et de citoyens qu'ils représentent, est également abordée. La perspective des assemblages urbains met en évidence la manière dont l'autorité juridiquement définie des niveaux supérieurs de gouvernement se matérialise à travers des décisions d'infrastructures qui peuvent limiter la capacité des villes à agir sur les questions environnementales. Les processus de légitimation cognitif et discursif sont abordés à travers l'évolution des discours dominants en matière d'environnement au cours de la période 2010-2022. S'il cohabite avec le discours sur le développement durable (Tozer, 2018), le discours sur le climat prend de plus en plus d'importance (Scanu, 2019). Initialement axé sur la réduction des émissions de GES et les solutions techniques, le discours sur le climat exige de nouvelles formes de connaissances spécialisées et risque d'occulter les débats essentiels à la légitimité démocratique au profit de la seule légitimité techno-scientifique (Swyngedouw (2011b). Cependant, lorsque la question du climat est définie comme une question socio-environnementale, formulée en termes d'adaptation et de résilience, les actions proposées peuvent être débattues, négociées et (re)politisées. Cette thèse examine également l'évolution des pratiques de participation du public en matière d'environnement dans les villes canadiennes du point de vue de la justice environnementale (Bulkeley et al. 2014). La définition des enjeux en termes sociotechniques ou plus largement en tant que question socio-environnementale influence la mesure dans laquelle les gouvernements municipaux auront recours à la participation publique. Les discours qui définissent la question du climat comme une question socio-environnementale encouragent une plus grande influence des connaissances locales et traditionnelles. La collaboration récente de certaines villes (d'abord Toronto, puis Calgary et Vancouver) avec des ONG à vocation sociale, plutôt que strictement environnementale, a contribué à rendre les processus participatifs plus justes et plus équitables. Ce faisant, une définition des questions climatiques et environnementales incluant les dimensions sociales favorise une approche pluraliste de la connaissance et fournit une base plus solide pour la gouvernance environnementale (Beck, 2014). / Environment-society relations are an object of sociological inquiry (Murphy, 1994, 1995, 1997) and a modern issue requiring new modes of governance challenging the traditional institutions of the nation-state (Beck, 1992, 1995; Giddens, 1990, 1991, 1994). These modes of governance are articulated at different scales, with local scales playing an increasingly important role. This thesis looks at the changing environmental role of Canadian cities from 2010 to 2022. The aim is to explain how cities justify their environmental actions from three angles: legal and rational, discursive, and participatory. The theoretical framework of the thesis is based on historical and discursive neo-institutionalism (Schmidt, 2010) combined with urban assemblage theory (Farías, 2011; McFarlane, 2011a), urban political ecology (Swyngedouw, 2007, 2010, 2011; Keil, 2003) and environmental justice (Bulkeley et al., 2013; Bulkeley, Edwards & Fuller, 2014). Legal and rational justifications are addressed through the lens of multi-scalar governance, proposing a reflection on the legislative framework that governs relations between cities and other levels of government. The influence of national and sub-national governance networks (e.g., coalitions of municipalities), which derive their legitimacy from the number of cities and citizens they represent, is addressed. The perspective of urban assemblages highlights how the legal authority of higher levels of government materializes through infrastructure decisions that can limit cities' future ability to act on environmental issues. Cognitive and discursive legitimization processes are addressed through the evolution of dominant environmental discourses over the period 2010-2022. While it coexists with the sustainable development discourse (Tozer, 2018), the climate discourse is becoming increasingly important (Scanu, 2019). Initially focused on the reduction of GHG emissions and technical solutions, the climate discourse requires new forms of specialized knowledge and risks overshadowing debates essential to democratic legitimacy in favor of technoscientific legitimacy alone (Swyngedouw (2011b). However, when the climate issue is defined as a socio-environmental issue, formulated in terms of adaptation and resilience, the proposed actions can be debated, negotiated and (re)politicized. This thesis also examines the evolution of environmental public participation practices in Canadian cities from an environmental justice perspective (Bulkeley et al. 2014). The definition of issues in socio-technical terms, or more broadly as a socio-environmental issue, influences the extent to which municipal governments will use public participation. Discourses defining climate change as a socio-environmental issue encourage greater influence of local and traditional knowledge. The recent collaboration of some cities (first Toronto, then Calgary and Vancouver) with NGOs with a social, rather than strictly environmental, vocation has helped to make participatory processes fairer and more equitable. In so doing, a definition of climate and environmental issues including social dimensions promotes a pluralist approach to knowledge and provides a more robust basis for environmental governance (Beck, 2014).
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Décider d'avoir des enfants et entrer dans la parentalitéArmstrong, Hubert 13 December 2023 (has links)
L'entrée dans la parentalité s'est transformée avec les changements sociaux vécus par les générations boomers, X et Y touchant la fécondité et le cycle de la vie familiale. Dans ces changements, on retrouve autant ceux qu'ont connus leur famille d'origine que ceux qui ont marqué leur parcours de vie préparentale. Ce mémoire présente une étude de parcours de vie personnelle et conjugale de Québécoises et Québécois devenus parents entre 1986 et 2015, qui vise à comprendre rétrospectivement leur cheminement dans la phase préparentale et leurs décisions d'avoir des enfants. L'analyse compréhensive d'entretiens semi-dirigés réalisés auprès de 24 parents souligne que l'entrée dans la parentalité est inscrite par les participantes et participants dans des récits de cheminements qui rendent adultes et que la valeur attachée au « bon moment » pour avoir ses enfants tient surtout à la qualité du lieu de relations dans lequel se trouvent les acteurs de l'engendrement. Cette qualité du bon moment s'inscrit aussi plus largement dans une intégration sur les marchés du travail et de la consommation, ce que peuvent contribuer à faciliter les études terminées, l'emploi stable, la vie en couple et l'accès à la propriété. Aussi précoce et déterminé que puisse être l'engagement dans le projet d'enfant, sa réalisation y apparaît généralement dépendre d'une mise en couple qui y convient et d'une entente conjugale plus ou moins explicite sur la manière de réaliser le projet commun. Se dégage des analyses diverses manières de cheminer en couple vers la parentalité dans un projet ordonnant différentes aspirations dont la réalisation acquiert le sens de franchissement d'étapes préalables avant celle d'avoir un enfant.
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Les conditions d’émergence de la lutte contre l’obésitéFraser, Pierre. 24 April 2018 (has links)
Rendre compte des conditions d’émergence de la lutte contre l’obésité, c’est aussi rendre compte d’un corps socialement attendu. Ce corps socialement attendu, en Occident, prend racine à la Renaissance dans les discours du peintre Alberti et le corps de justes proportions, de l’éducateur Mercurialis et le corps transformable à volonté, et avec le médecin Vésale et le corps réparable : il s’agit là de trois constantes qui traverseront toutes les époques. Ce corps socialement attendu sera fédéré sous la contenance de soi et la gouvernance de soi issues de la Réforme. De là, une image sociale du corps émerge qui se doit d’être contenu et gouverné, d’où les jugements moraux de plus en plus en sévères portés sur le corps en excès de masse adipeuse. Au XVIIe siècle, dans la foulée des traités de civilités, c’est le passage de l’idée d’être un corps à celle d’avoir un corps dont l’individu est personnellement et socialement responsable, qui culminera, au milieu du XIXe siècle, avec l’introduction de l’indice de masse corporelle, du pèse-personne, du miroir et de la mode : l’individu est désormais maître et esclave de son image des pieds à la tête. Cette quantification de soi aura comme impact de confronter directement l’individu à son propre poids et à ses propres comportements, d’où la mise en place d’une batterie d’interventions à déployer sur le corps pour le maintenir dans une fourchette de poids idéal. Au milieu du XXe siècle, avec la montée du complexe agroalimentaire, de la montée de l’industrie de la restauration rapide, de la transformation profonde du tissu urbain, de l’arrivée massive de l’automobile, de la transformation des emplois de plus en plus orientées vers le secteur tertiaire, se met graduellement en place ce qu’il est convenu d’appeler l’infrastructure de la prise de poids qui entraînera dans son sillage tout un discours de la modération. Le XXIe siècle se donnera pour mission non pas de modifier l’infrastructure de la prise de poids mise en place au XXe siècle, mais de donner à l’individu les moyens de lutter contre la prise de poids à travers le discours de la saine alimentation et de la discipline personnelle. L’obèse ou la personne en simple surpoids est désormais totalement responsable de sa propre condition.
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Les bioéthiciens et leur projet d'interdisciplinarité : formation d'un groupe social d'un champ et d'une disciplineDussault, Catherine 14 March 2019 (has links)
La bioéthique est une discipline à caractère scientifique visant à produire systématiquement des normes de l’intervention sur le vivant. Lorsqu’elle agit comme une approche à la résolution des problèmes éthiques liés à une prise de décision technique et singulière, elle se pense une éthique visant la bonne opération à faire dans un contexte de soin, de la santé ou de la recherche. En dépit de son caractère reconnu et exprimé comme composite, la bioéthique tend à s’institutionnaliser comme « discipline » dite interdisciplinaire, suivant une organisation pédagogique et scientifique qui lui semble propre. Ce mémoire vise à comprendre les manières par lesquelles la bioéthique s’institutionnalise à l’université en formant une classe d’experts dits « bioéthiciens ». Or, devenir bioéthicien – alors que le titre n’est ni clairement défini ni consacré par des expériences académiques et professionnelles codifiées et validées – pose à la sociologie la question même de son existence. Nous étudions donc le travail symbolique de définition du groupe et de la discipline accompagnant sa formation. L’analyse d’entretiens auprès de quinze professeurs, chercheurs ou éthiciens ayant ou ayant eu des activités en bioéthique révèle que la diversité des situations ne correspond pas nécessairement à des scissions : les bioéthiciens partagent à différents degrés des conceptions métaphysiques, des valeurs et des expériences, correspondant à des modes d’entrée – et parfois, de sortie – au sein de la discipline. Nous retraçons pour s’en donner une vue d’ensemble la genèse du groupe, son histoire et celle de son institutionnalisation qui s’accompagne, sans doute paradoxalement, d’une certaine résistance au modèle disciplinaire jugé hiérarchique, fermé et faillible. Afin d’évoluer à l’université tout en demeurant « pertinente » pour la résolution de problèmes singuliers, nous verrons que la bioéthique et ses participants tentent d’innover par la discussion rationnelle et interdisciplinaire entre experts et, par là, modifient le champ scientifique à leur image. / Bioethics is a discipline of a scientific nature aiming to produce systematically norms aimed to intervene on the living. When bioethics acts as an approach dedicated to solving ethical problems requiring a technical and singular decision, it thinks itself as an ethics engaged in the finding of the “good” intervention to be made in a context of care, health or research. Despite its acknowledged heterogeneous nature, bioethics tends to its institutionalization as an “interdisciplinary” discipline, following a pedagogical and scientific organization of its own. This thesis aims to understand how bioethics’ institutionalization is “objectively” and “subjectively” experienced, in other terms, for the institution itself and for the bioethicists. Now, becoming a “bioethicist” – as the title is not clearly defined, nor sanctioned by codified and validated academic and professional experiences – asks sociology the question of its existence. We, therefore, study the symbolic work of the group and the discipline’s social definition, going together with its formation. The analysis of comprehensive interviews conducted with fifteen professors, researchers or ethicists having or having had activities in the field of bioethics reveals that the diversity of situations does not necessarily tally with scissions or divisions within the field: bioethicists share, on different levels, values and experiences corresponding to different ways of initiating – and possibly leaving – the discipline. We then glance through the early process of the group’s unification, the history and the institutionalization of the discipline, going with – what might appear as paradoxical – a critique of the “disciplinary”, denounced as hierarchical, exclusive, and perhaps outmoded. In order to thrive in the academic world whilst staying “pertinent” to problem solving, bioethics and bioethicists try to innovate through rational and interdisciplinary discussion between experts, which, intrinsically, modifies the scientific field in the image of their practices and representations.
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La représentation du risque chez les cyclistes de la ville de Québec en 2010-2011Dumont, Israël 18 April 2018 (has links)
Avec l'augmentation des émissions des gaz à effet de serre, du trafic et de l'obésité, l'utilisation du vélo est encouragée en j^mérique du Nord comme une solution appropriée aux problèmes contemporains et au développement durable. Afin d'encourager ce mode de transport actif, les infrastructures facilitant sa pratique et favorisant la sécurité des usagers sont aménagées, principalement dans les zones urbaines, selon des normes prédéterminées. Ces équipements contribuent-ils réellement à la sécurité des cyclistes? Comment ceux-ci perçoivent-ils les risques associés à l'utilisation d'une piste cyclable? Est-il le même pour tous les types de cyclistes? Cette recherche a pour objectif de comprendre la structure des représentations du risque chez les cyclistes de la ville de Québec en 2010-2011, à partir d'entrevues semi-dirigées effectuées avec 15 cyclistes. Elle explore les différences dans la représentation du risque entre les différents types de cyclistes (utilitaire, récréatif), et selon les caractéristiques individuelles (sexe, âge, revenus, scolarité). L'étude examine également comment les représentations actuelles sont construites et selon quels niveaux de la structure sociale (méso-social, micro). Enfin, elle compare les représentations du risque des répondants avec leurs comportements à vélo sous des angles différents: l'utilisation des équipements de protection, choix des itinéraires, etc.
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Le contrôle dans les sociétés numériques : essai de sociologie critiqueChartier-Edwards, Nicolas 13 December 2023 (has links)
Le développement des technologies numériques, qui « succèdent » aux technologies analogiques, s'effectue désormais à une vitesse fulgurante. Bien que ces nouvelles technologies facilitent incontestablement l'existence humaine, force est de constater qu'elles creusent également les inégalités économiques comme celles relatives à l'accès aux ressources. La crise écologique qui se profilait autrefois à l'horizon est désormais à nos portes et nous assistons à l'apparition d'une fracture numérique qui réagence les différents régimes de privilèges sociaux-économiques à travers tout le globe. Les compagnies qui forment aujourd'hui le GAMAM multiplient les promesses quant à leur contribution à la mise en place d'une société libre, ouverte et égalitaire grâce aux technologies de réseau. Les nouvelles technologies numériques feront de facto office de « solution » à tous les problèmes. Ces mêmes compagnies multiplient par ailleurs les stratégies et les tactiques afin de consolider leur monopole et d'accroître la dépendance à leurs infrastructures. Ce mémoire vise à construire un cadre théorique original afin de concevoir la manière dont les nouvelles technologies numériques deviennent les moyens de production de la société par elle-même. Cet examen n'est possible que par l'effectuation d'un retour aux théories générales de la société et par le fait même, par la mobilisation du devenir effectif de la production de soi de la société en tant qu'objet d'étude principal. C'est en procédant à la décomposition analytique du fait numérique en différents éléments, à savoir son inscription dans l'espace, sa dette à l'endroit de l'agentivité de l'individu, la culture qu'il fait émerger et l'économie dont il devient le centre, que nous pouvons parvenir à une éventuelle théorie des sociétés numériques. / Digital technologies, that "succeeds"to analog technologies, are developed and deployed faster than ever. Even if these new technologies unquestionably facilitate human existence, we must admit that they also contribute to the deepening of economic equalities, such as those relating to access to resources. The once "far-away"ecological crisis is now knocking at our doors and we are also witnessing the birth of a digital fracture that rearranges the different regimes of socio-economic privileges across the globe. Private companies that form today's iteration of the GAMAM are multiplying promises as to their contribution to the establishment of a free, open and egalitarian society, thanks to network technologies. New digital technologies will de facto serve as the "solutions" to all problems. These same companies also multiply strategies and tactics employed to consolidate their monopoles and dependence to their infrastructures. This thesis aims to build a theoretical framework to conceive the way in which new digital technologies become the means of production of society by itself. This task requires a return to general theories on society and by mobilizing the effective becoming of society's self-production as the main object of study. It is by carrying out the analytical decomposition of the digital event into different elements, namely its inscription in space, its debt to the place of the agency of the individual, the culture that it brings out and the economy of which it becomes the center, that we can arrive at a possible theory of digital societies.
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