Les études pluridisciplinaires menées ces dernières années sur les sites en grotte de Madonna dell'Arma, Arma delle Manie et Santa Lucia superiore, en Ligurie italienne, ont précisé les conditions de fréquentations néandertaliennes de ces sites, s'échelonnant, selon les cas, de la fin du stade isotopique cinq jusqu'au début du stade trois. Les industries moustériennes retrouvées dans ces sites, associées à de nombreux restes fauniques, sont ici analysées selon les différents niveaux stratigraphiques dans chaque site. À Madonna dell'Arma et Arma delle Manie, ces industries montrent une certaine constance dans les différents niveaux, que ce soit d'un point de vue technotypologique ou concernant la gestion des matières premières. À Santa Lucia superiore, au contraire, deux types d'occupations différentes ont laissé des vestiges lithiques de faciès différents dans les niveaux inférieurs et les niveaux sus-jacents. Pour les trois gisements, l'analyse de la gestion des matières premières montre un approvisionnement essentiellement local mais aussi des origines pouvant être beaucoup plus lointaines comme dans le cas du jaspe. Cet apport de roches allochtones nous révèle un aspect de la mobilité ou tout du moins de l'extension des territoires que pouvaient appréhender ces groupes humains néandertaliens dans la région ligure et même au-delà. De plus, des choix préférentiels pour certaines matières premières étaient effectués par les tailleurs que ce soit pour le débitage ou pour les supports d'un petit outillage retouché. Les techniques de débitage sont identifiées pour chacun des sites et certaines régularités ont pu être constatées, comme la fréquence élevée du débitage Levallois dans les différents niveaux (y compris externes) du site de Madonna dell'Arma, ce qui n'est pas le cas dans les deux autres sites.