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La circulation des savoirs sociologiques : une sociohistoire d’Invitation to Sociology, de son adaptation britannique et de sa traduction en espagnolGagné, Anne-Marie 08 1900 (has links)
Ancrée dans une démarche sociohistorique, cette thèse retrace les trajectoires du primer Invitation to Sociology: A humanistic perspective de Peter L. Berger (1963), celle de son adaptation britannique (Berger 1966) et celle de sa traduction en espagnol Introducción a la sociología (Berger trad. Galofre Llanos, 1967). En plus d’examiner l’histoire des traductions à partir de concepts sociologiques, ce travail explore la contribution de cet ouvrage et de ses versions en anglais et en espagnol à la circulation et à la construction des savoirs sociologiques. La thèse porte sur un type de manuel singulier, le primer (un court ouvrage présentant les vues personnelles d’un auteur), ainsi que sur l’adaptation et la traduction de ce type d’ouvrage à fonction scientifique et pédagogique.
Ce travail examine la fabrication des versions, la construction de leurs textes et leur utilisation, de façon à dévoiler l’ensemble des forces qui les modèlent. Celles-ci comprennent les facteurs relatifs à l’espace social; aux champs de la sociologie, de l’édition et de l’enseignement (nationaux et, parfois, transnationaux); aux agents et aux actants non-humains, de même que ceux inhérents au texte-support. La thèse s’appuie sur un cadre inspiré de l’analyse critique du discours de Fairclough, de même que sur les sociologies de Latour et Bourdieu. Elle est basée sur une méthodologie mixte alliant 1) une recherche documentaire (documents publiés et archives), 2) l’examen du texte des versions et de leur matérialité et 3) une analyse bibliométrique.
Le texte-support, publié par Anchor Books (1963) une division du géant commercial Doubleday, est aujourd’hui considéré un manuel classique d’introduction à la discipline. Toutefois, ses recensions publiées dans les revues majeures de sociologie le critiquent durement (Martindale 1964; Selznick 1964) et, au moment des projets de l’adaptation et de la traduction, Berger est très peu connu. L’adaptation britannique, publiée par Penguin (deux éditions, 1966 et 1967) présente un nombre de restreint de modifications, réalisées dans l’objectif de faciliter la lecture du grand public britannique. Malgré cette orientation, le rythme constant de ses réimpressions signale plutôt une utilisation en classe pendant 20 à 25 ans. Introducción a la sociología est publié au Mexique par LIMUSA (1967), une maison spécialisée en manuels.
Même si sa traductrice n’a probablement aucune formation en sociologie et que son travail est principalement axé sur une « fidélité » à la forme du texte-support, sa voix transparaît à certains endroits du texte. Alors que la traduction paraît initialement dans une collection grand public, la cadence des réimpressions suggère, tout comme dans le cas de l’adaptation, un usage en classe, cette fois pendant près d’un demi-siècle. Cette thèse indique ainsi la participation indirecte de ces versions à la construction des savoirs, par leur utilisation en classe; mais aussi, directe (bien que très marginale dans le cas de la traduction), par leur utilisation scientifique retracée à travers l’analyse bibliométrique. Enfin, cette recherche démontre l’intérêt de se pencher sur les objets banals (comme le manuel), sur les pratiques des maisons commerciales et sur le rôle des éditeurs et des traducteurs et non-spécialistes dans la traduction des ouvrages de sociologie. / Using a sociohistorical approach, this thesis retraces the trajectory of the sociology primer
Invitation to Sociology: A humanistic perspective by Peter L. Berger (1963), that of its British
adaptation (Berger 1966), and of its translation in Spanish, Introducción a la sociología (Berger
translation by Galofre Llanos, 1967). Besides examining the history of these translations through
a sociological lens, this study explores the different versions’ contribution to the circulation and
construction of sociological knowledge. The thesis investigates a specific subtype of textbooks,
the primer (a concise book that presents an author’s personal perspective on a discipline), as well
as the adaptation and translation of this type of scientific and pedagological work.
This research analyzes the making of these versions, the construction of their texts, as well
as the way they are used, in order to bring to light the various forces that shaped them. These
include factors related to the social space, the fields of sociology, publishing and higher education
(national and, on occasion, transnational), as well as agents, nonhuman actants and elements
intrinsic to the support-text. Resting on a theoretical framework inspired by Fairclough’s critical
discourse analysis and Latour and Bourdieu’s contributions, this thesis is based on a multimethod
approach, which combines 1) a documentary research (published material and archives), 2) a
textual and material analysis of the versions and 3) a bibliometric analysis.
The support-text, published by Anchor Books (1963), a division of the commercial giant
Doubleday, is now considered a classic introduction to the discipline. However, reviews published
at the time in major sociology journals strongly criticized the primer (Martindale 1964;
Selznick 1964), and Berger was still relatively unknown when the adaptation and translation
projets began. The British adaptation, published by Penguin (two editions, 1966 and 1967)
displays a limited number of changes aimed at the British general public. Despite this target
readership, itsregular reprints suggest it was used in sociology courses forthe next 20 to 25 years.
Introducción a la sociología was published in Mexico by LIMUSA (1967), a publishing house
specialized in textbooks. Although its translator had probably no formal training and her
translation is mainly maintaining a formal “faithfulness” to the support-text, her voice can still be heard in some areas of the text. Initially published in a collection directed to a general readership,
the translation’s frequent reprints again suggest that it was used in sociology courses, in this case
for nearly half a century. The present study shows how these different versions indirectly
participated in the construction of sociological knowledge, through their pedagogical use; and, as
revealed by our bibliometric analysis, directly participated to it through their scientific use
(however very marginally for the translation). Finally, this thesis confirms the relevance of
investigating banal objects (such as the textbook), along with commercial publishing houses
practices and the work of non-specialized editors and translators in the translation of sociological
works.
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