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Temps et métaphysique. Confrontation systématique entre Bergson et Kant / Time and metaphysics. Systematic confrontation between Bergson and Kant

Temps et métaphysique. Confrontation systématique entre Bergson et Kant.Bergson désigne Kant comme son adversaire principal pour des raisons essentiellement métaphysiques. Si la théorie kantienne de l’idéalité du temps était vraie, elle empêcherait la réalisation d’une métaphysique telle que Bergson la conçoit. Aussi ce dernier récuse-t-il la thèse centrale de l’Esthétique transcendantale et lui oppose l’affirmation de la réalité substantielle de la durée. Du point de vue de Bergson, Kant affirme l’idéalité du temps parce qu’il le spatialise. En retrouvant la différence de nature entre durée et espace, Bergson rend possible la coïncidence intuitive avec l’absolu et permet à la métaphysique de redevenir, après le criticisme, une connaissance de la réalité en soi. Ce sont donc deux théories du temps antagonistes qui engendrent deux métaphysiques opposées : chez Kant, le temps est une forme homogène et infinie susceptible d’accueillir la totalité des phénomènes et permettant de fonder la science physique dans le temps tout en légitimant le suprasensible hors du temps, tandis que chez Bergson la durée est hétérogène et finie, elle unit de façon immanente la forme et la matière, elle est une création continue d’imprévisible nouveauté qui manifeste la réalité spirituelle dans le sensible. A partir de cette opposition, la question est de savoir si l’esprit humain est circonscrit dans les limites des formes a priori de la sensibilité ou bien, au contraire, s’il est capable d’accéder partiellement à l’absolu en plongeant intuitivement dans sa durée profonde. La primauté de la question du temps est telle chez Bergson et Kant qu’elle détermine l’ensemble de leurs philosophies respectives. Elle constitue le centre névralgique à partir duquel se définit le statut de la métaphysique, et d’où s’articulent l’ensemble de leurs énoncés philosophiques. L’étude des relations entre Bergson et Kant requiert de ce fait une méthode de confrontation systématique qui, partant de la racine philosophique qu’est la question du temps, étudie l’ensemble des oppositions et des points de rencontre entre eux. En outre, pour étudier précisément la manière dont Bergson comprend Kant, il faut allier la méthode herméneutique et la contextualisation historique. Bergson lit Kant à travers le prisme du criticisme français auquel ses maîtres et ses adversaires adhèrent. Cette tradition est ici étudiée et mise en regard de la philosophie bergsonienne. La première partie de ce travail de thèse clarifie le statut de la métaphysique en fonction de la nature du temps. Affirmer l’idéalité ou la réalité du temps a pour effet de changer le statut de la connaissance métaphysique. En séparant le phénomène et le noumène, Kant dresse un voile entre la connaissance et le suprasensible là où, au contraire, l’intuition bergsonienne de la durée permet d’accéder à la réalité en soi et de retrouver la puissance créatrice de l’esprit. La deuxième partie propose une confrontation de l’ensemble de la Critique de la raison pure avec la philosophie de Bergson. Si la théorie du temps a des effets systématiques, alors les thèses de l’Esthétique transcendantale fondent la totalité de l’Analytique et de la Dialectique. Leur refus par Bergson change non seulement la compréhension de l’espace et de la durée, mais aussi le statut de l’ensemble des facultés de l’esprit humain, des principes de la science et celui des énoncés métaphysiques. La troisième partie étudie le rapport de Bergson avec la Critique de la raison pratique, la Critique de la faculté de juger et avec les textes religieux, anthropologiques et politiques de Kant. Après la séparation du sensible et du suprasensible résultant de l’idéalité du temps, Kant cherche à les relier à l’aide du symbolisme analogique. Le continuisme bergsonien permet de faire l’économie de cette solution et de retrouver dans la philosophie pratique, dans l’art et dans le vivant l’expression de l’élan spirituel et créateur de la durée. / Time and metaphysics. Systematic confrontation between Bergson and Kant. Bergson refers to Kant as his principal opponent essentially for metaphysical reasons. If the Kantian theory of the ideality of time were true, it would prevent the realisation of metaphysics as Bergson conceives it; so he rejects the central thesis of the Transcendental aesthetics. He opposes affirmation of substantial reality of duration. From Bergson’s point of view, Kant affirms the ideality of time because he spatializes it. By finding the difference of nature between duration and space, Bergson makes possible intuitive coincidence with the absolute and allows metaphysics to become again, after criticism, a knowledge of reality in itself. It is thus two antagonistic theories of time that engender two opposite metaphysics: for Kant, time is a homogeneous and infinite form susceptible to receive all phenomena and allowing the foundation of physical science inside time while legitimating the suprasensible out of time; for Bergson, duration is heterogeneous and finite. It immanently unites form and matter, it is a continuous creation of unpredictable novelty that manifests spiritual reality in the sensible. From this opposition, the question is whether human mind is circumscribed with the limits of a priori forms of sensibility, or, on the contrary, if it is able to partially access to the absolute by dipping intuitively into deep duration. The primacy of the question of time is such in Bergson and Kant that determines all of their respective philosophies, it is their nerve center from which the status of metaphysics is defined, and from which all of their philosophical statements are articulated. The study of relation between Bergson and Kant therefore requires a method of systematic confrontation that, starting from the philosophical root that is the question of time, studies all oppositions and meeting points between them. Moreover, to study precisely how Bergson understands Kant, it is necessary to combine hermeneutical method and historical contextualization. Bergson reads Kant through the prism of French criticism to which his masters and his opponents adhere. This tradition is studied here and compared to Bergsonian philosophy. The first part of this work clarifies the status of metaphysics in term of the nature of time. To assert the ideality or reality of time has the effect of changing the status of metaphysical knowledge. While separating phenomenon and noumenon, Kant draw a veil between knowledge and the suprasensible, where, on the contrary, Bergsonian intuition of duration gives access to reality in itself and to rediscover the creative power of mind. The second part proposes a confrontation of all of the Critique of Pure Reason with Bergson’s philosophy. If the theory of time has systematic effects, then the theses of the Transcendental Aesthetics ground the totality of the Analytics and the Dialectics. Their refusal by Bergson changes not only the comprehension of space and duration, but also the status of all faculties of the human mind, the principle of science, and the metaphysical statements. The third part examines Bergson’s report with the Critique of Practical Reason, the Critique of Judgement, and Kant’s religious, anthropological and political texts. After separation of the sensible and the suprasensible resulting from the ideality of time, Kant seeks to connect them with the help of analogical symbolism. Bergsonian continuism permit to make the economy of this solution and to find in practical philosophy, in art and in biological life, the expression of spiritual and creative impulse of duration.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2018LIL3H029
Date01 December 2018
CreatorsMazeron, Armel
ContributorsLille 3, Berner, Christian, Worms, Frédéric
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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