Ce travail porte sur l’étude du traitement de la question sociale dans le domaine de la santé à l’hôpitalpublic au prisme des rapports de pouvoir et de l’organisation du système de santé. Ainsi, l’enquête sociologiquea porté sur les Permanences d’accès aux soins de santé (PASS) présentes au sein d’hôpitaux publics enFrance et dont l’accès est réservé aux personnes éloignées du système de santé, dont le cas emblématiqueest celui de l’étranger sans papier.La méthode a consisté à combiner des éléments sociohistoriques et une enquête empirique qui s’est dérouléesur trois années auprès de seize PASS implantées dans huit villes et au sein d’organismes en lien avecelles, telles des associations ou encore les tutelles institutionnelles. Des observations et des entretiens semidirectifsauprès de professionnels ont été réalisés (n=40).D’abord, l’étude de la généalogie de la question sociale en santé en France montre comment s’estprogressivement constitué à la fin du XXe siècle un espace du soin de la précarité visant à prendrespécifiquement en charge des groupes sociaux parmi les plus défavorisés. Cet espace de soin spécifique aconnu une institutionnalisation dans le système hospitalier public français au cours des années 1990,s’inscrivant à la fois dans le champ de la santé publique et dans celui de la lutte contre l’exclusion. Il remplitdes objectifs (bio-)politiques multiples : lutter contre l’exclusion sociale, garantir un droit à la santé, protégerla santé de la population générale. En second, l’étude des PASS dans l’organisation hospitalière conclut à leurmise en difficulté par les deux modèles dominants concurrents (spécialisation technique et néo-managérial).Face à cette situation, diverses stratégies (d’adaptation et d’autonomisation) sont déployées par différentsacteurs à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital. Enfin un troisième résultat relève de l’analyse des catégoriesde patients produites lors des interactions avec les professionnels des PASS. Elle met en lumière le rôle qu’ellesjouent dans la stratification du système de santé à ses marges les plus basses. Les patients sont ainsi séparésen groupes plus ou moins légitimes selon des critères de citoyenneté et de solvabilité auxquels sont attribuéesdes valeurs de la vie différenciées. Cela se caractérise dans le quotidien des PASS, par une tension permanenteentre inclusion et exclusion du patient et une distribution différenciée des soins. Un gouvernement individualiséet flexible permet de poursuivre dans un tel contexte la multiplicité des objectifs (bio-)politiques. / This thesis explores how the “social question” (question sociale) is managed as an issue of health at publichospitals through the lens of power relations and health care structures. To this end, the sociological studyexamines the “healthcare access unit” (Permanence d’accès aux soins de santé, PASS) of public hospitals in France,which are reserved for persons who are excluded from the healthcare system – most notably irregular migrants.The employed methods combine a socio-historical analysis with ethnographic fieldwork — including participantobservation and semi-structured interviews (n=40) — conducted over the course of three years in sixteen PASSunits based at eight different hospitals, and in the broader structures within which they exist (i.e. associationsand institutional guardianships).In the first section, a genealogy of the “social question” in health in France demonstrates how space for thehealthcare of poverty has emerged at the end of the 20th century, which specifically targets social groups amongthe most destitute. This space of a particular type of care was increasingly institutionalized in the public hospitalsystem during the 1990’s, embedding itself in both the field of public health and in the fight against socialexclusion. This space fulfills several (bio)political objectives: fighting social exclusion, ensuring a right to health,and protecting the health of the population as a whole. Second, an analysis of PASS units in the organisation ofpublic hospitals exposes how they are weakened through two dominant and competing models (technicalspecialization and new public management). Faced with this situation, varied strategies (ex. of adaptation andempowerment) are employed by different actors inside and outside of the hospital. Lastly, a third section lays outthe categories of patients that are produced during interactions with professionals from PASS units. It exposesthe role of these categories in the stratification of the health care system along its lowest margins. Patients aredivided into more or less legitimate groups - based on criteria of citizenship and of solvency – each of which areafforded differentiated values of life. These dynamics are characterized by a permanent tension betweeninclusion and exclusion in the field, and by a differentiated distribution of health care. In such a context, anindividualized and flexible government allows for the pursuit of these multiple (bio)political objectives.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCD080 |
Date | 17 October 2017 |
Creators | Geeraert, Jérémy |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Jaisson, Marie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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