Deux objectifs sont poursuivis dans le cadre de cette thèse. Le premier est de dresser un état des lieux des victimations scolaires au Sénégal à partir d’un questionnaire administré à quelques 2707 élèves des cycles moyen (équivalent du collège en France) et secondaire (lycée). Quant au second objectif, il est centré sur la recherche d’un cadre explicatif global ainsi que des déterminants sociohistoriques des violences scolaires à travers une comparaison avec les résultats des enquêtes et des travaux conduits en France depuis le début des années 2000. C’est à partir d’un examen des rapports entre déviance, délinquance juvénile et école que le poids des facteurs externes des phénomènes de violences scolaires a pu être relativisé, voire atténué, au profit des facteurs purement institutionnels et endogènes. Le paradoxe qui ressort alors de cette confrontation et de la comparaison, à savoir la relative préservation des élèves sénégalais des violences portées par des camarades et la tendance lourde du développement en France des microviolences dont les personnels enseignants constituent la principale cible, s’explique par la spécificité des systèmes éducatifs tant dans leurs processus historiques d’institutionnalisation, dans leurs modes d’organisation que dans leur fonctionnement quotidien. Ainsi, les violences scolaires au Sénégal se construisent dans le cadre des relations éducatives inspirées de représentations socioculturelles qui légitiment des méthodes pédagogiques plutôt coercitives à travers des rapports de domination établissant le pouvoir de sanction du maître doublé d’une supériorité liée à l’âge et au sexe des membres de la communauté éducative. En France, elles sont tributaires des contradictions entre, d’une part, les conditions et les modalités de l’offre scolaire et, de l’autre, les demandes sociales d’éducation des populations ; elles trouvent alors leurs racines dans l’incapacité du système et de l’institution scolaires à prendre en compte les inégalités sociales, la diversité des profils cognitifs des élèves et de leurs motivations. Il ne reste alors aux plus « désorientés » d’entre eux que des stratégies de survie pour « sauver la face », avec tout ce que cela peut impliquer en termes de transgressions, d’« incidents » et de « perturbations » de l’ordre des classes. / This thesis is driven by two goals. The first one deals with assessing school victimizations/bullying in Senegal using a survey answered by 2707 pupils from middle grade (junior high school in France) and secondary grade (Senior high). Its other goal was to focus on seeking for global explanations as well as sociological and historical grounds for “school victimizations” through a comparison with the studies and unchallenged works carried out in France since the 2000s.Based on a study about the connections between deviancy, juvenile delinquency and school, we’ve found that the influence of external factors driving to school violence phenomena is all relative, even diminished, compared to purely institutional – so internal- factors. This confrontation and comparison bring out a paradox: Firstly, Senegalese pupils are relatively protected from schoolmates’ acts of violence. Secondly, in France, micro-acts of violence aimed at teachers tend to develop increasingly. This can be explained by the specific organization and working of each school system.Thus, school violence in Senegal is shaped by educational relations which are based on cultural representations that justify rather coercive teaching methods. It is obviously reflected in the punitive power of the teacher as well as the superiority of school staff due to their age and their sex. Consequently those facts establish relations of power. The situation in France lies on contradictions between institutional policies –school offers- and social demands in education. The first are linked to paradoxical orders such as, on the one hand, compulsory school attendance and academic success and, on the other hand, ranking and selective assessment which totally neglect the pupils’ cognitive skills. Consequently the latter are left with nothing but survival strategies aiming at “saving face” which implies all kinds of transgressions, incidents and disturbing of order within the class.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010BOR21801 |
Date | 09 December 2010 |
Creators | Coulibaly, Mamadou Lamine |
Contributors | Bordeaux 2, Debarbieux, Éric |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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