Ce travail porte sur les appropriations musicales et discursives du jazz dans le monde musical savant français. Fondé sur la méthode des transferts culturels, il propose une histoire croisée de la musique savante en France, de la diffusion des répertoires de jazz en Europe et de leur perception. La réflexion s’appuie sur un corpus systématique des œuvres savantes influencées le jazz et des textes que lui consacrent compositeurs et critiques. Les unes comme les autres contribuent à différentes tentatives de redéfinition d’une identité française de la musique. Les appropriations du jazz renouvellent également une conception de la musique populaire propre au XIXe siècle. Elles valorisent des sujets auparavant considérés comme triviaux et proposent un son nouveau, tantôt associé au modernisme anglo-saxon, tantôt au primitivisme « nègre ». Enfin, elles participent à la remise au goût du jour d’un classicisme protéiforme. Les aspects qui viennent d’être mentionnés font l’objet d’une périodisation et d’une thématisation. Si les premiers cake-walks des années 1900 sont mis au service d’un exotisme « nègre », les emprunts au jazz relèvent, dix ans plus tard, d’un geste avant-gardiste et nationaliste. À partir du milieu des années 1920, suite aux efforts fructueux de Jean Wiéner pour légitimer le jazz, de nouveaux compositeurs s’y intéressent dans la perspective d’un classicisme désormais plus cosmopolite. Un discours spécialisé émerge. Tout en distinguant différents paradigmes de l’appropriation du jazz, cette étude entend jeter un éclairage nouveau sur la production musicale savante dans la France des années 1900-1930 et sur les rencontres entre différentes traditions musicales. / This thesis deals with the musical and discursive appropriations of jazz in the French musical world. Inspired the approach of cultural transfers and crosses the history of French art music in France and the history of its diffusion and perception in Europe. To do so, it draws upon a corpus of art music pieces influenced by jazz and of texts written by composers and critics. This corpus contribute to different redefinitions of an alleged French musical identity. What is more, appropriations of jazz renew a conception of popular music that goes back to the beginning of the 19th century. They also valorize topics that were considered as trivial and they display a new kind of sound, evoking Anglo-saxon modernism or « negro » primitivism.The different aspects mentionned above are presented in a chronological and thematic fashion. In the 1900s, the first cake-walks contribute to a tradition of « negro » exoticsm. Ten years after, borrowing to jazz has become an avant-gardist gesture, and a response to nationalist motivations. Thanks to Jean Wiéner’s efforts in order to legitimize jazz, a new group of composers and critics take an interest in it. Jazz then becomes a means to assert a more cosmopolitan classicism.This thesis identifies different paradigms of the appropriation of jazz in France. More broadly, it sheds new light on musical creation in the French art music world between 1900-1930, and on musical encounters between different musical traditions.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040166 |
Date | 24 November 2015 |
Creators | Guerpin, Martin |
Contributors | Paris 4, Université de Montréal, Cugny, Laurent, Duchesneau, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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