Ce travail se propose de comprendre l’éthique élaborée par Spinoza comme cheminement individuel dans le cadre d’une nature déterminée de part en part, et au sein de laquelle aucune finalité n’est assignée aux hommes. La question consiste donc à se demander comment l’on peut passer à une autre manière d’exister sans postuler de distance de soi à soi ; et cela revient à incarner différemment, singulièrement, le déterminisme commun. S’appuyant sur l’étude de concepts tels fabrica, constitutio, occasio, ou encore aptitudes, ce travail part du dynamisme des choses singulières afin d’établir l’historicité propre à l’existence humaine. Dans ce cadre, les rencontres déterminantes sans être librement choisies sont parties prenantes du cheminement éthique, comme autant de circonstances propices à l’occasion desquelles on peut accroître son aptitude à être diversement affecté. Il s’agit ainsi de constituer une « anthropologie éthique » qui permette de concevoir l’éthique à partir de l’existence courante des hommes du commun, mais sans jamais la réduire à une science des comportements. Cela requiert ainsi de penser la possibilité de changements sur fond de continuité, en incluant dans le cheminement tout ce qui est à même d’alimenter des variations orientées, comme le désir, l’imagination d’un modèle ou la sensation de soi à divers moments de son existence. Est requis pour cela de constituer un concept de « singularité », qui se distingue de ce qui est simplement particulier, mais qui ne s’oppose pas cependant à un cheminement commun. Cela revient alors à considérer l’éthique non comme un état à atteindre (un devenir « quelque chose »), mais comme le fait même d’être « en devenir ». / The aim of this study is to conceive of Spinoza’s ethics as an individual progression within the framework of a completely determined existence wherein no finality is assigned to man. Hence, the question is how to pass from one mode of existence to another without distancing one from oneself or, that which amounts to the same, how to embody, differently and in a singular way, the common determinism. Taking our point of departure in concepts such as fabrica, constitutio, occasio or aptitude, this study thus begins by looking at the dynamics of individual things in order to determine the historicity proper to human existence. Within this framework, encounters that are determining but not freely chosen are integral parts of the ethical progression, constituting so many circumstances propitious for the production of the occasions where one’s aptitude to be affected in many ways can be augmented. The objective is then to establish an “ethical anthropology” allowing to conceive of an ethics taking its point of departure in the everyday existence of common people but without ever reducing to a science of behaviors. This also requires that the possibility of change must be thought on the basis of continuity by including in the progression everything that supports the different variations and their orientations, such as desire or the imaginary models or senses of self that we have at different moments of our existence. In order to do that, one must construct a concept of “singularity” as of something different from the merely “particular” but that nonetheless is not opposed to a common progression. This amounts to considering ethics, not as a state to achieve (a “becoming something”) but rather as the very fact of being “in becoming.”
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013ENSL0820 |
Date | 29 June 2013 |
Creators | Henry, Julie |
Contributors | Lyon, École normale supérieure, Moreau, Pierre-François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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