En 1955, la commission Maspétiol du gouvernement français faisait un bilan économique négatif de la colonisation en Algérie. Ce bilan a été analysé par des historiens de l’économie sous l’angle des coûts/bénéfices pour la métropole et la colonie. Selon ce courant dit des coûts de la colonisation, les investissements et dépenses publiques effectuées en Algérie ont été financées par la métropole et par conséquent supportés par le contribuable métropolitain. La thèse défendue ici est quela principale cause de la négativité du bilan réside dans la structure de l’économie coloniale qui ne permettait pas de dégager assez de recettes publiques pour financer le développement économique et social, lequel nécessita l’appui financier de la métropole (plan de Constantine, 1958). Le bilan est dès lors envisagé comme le résultat de politiques poursuivies sur l’ensemble de la période coloniale, plus précisément de l’intervention de l’État dans l’activité économique depuis les débuts de la colonisation.Ce travail, en s’appuyant sur la littérature sur le bilan économique et plus largement sur l’économie de l’Algérie coloniale ainsi que sur des données d’archives inédites, montre que la politique dite de mise en valeur fut préjudiciable aux niveaux économique et social (1830-1900). Les mesures budgétaires,législatives et monétaires appliquées dans le cadre d’investissements publics économiques et sociaux ont été désavantageuses pour les finances publiques d’une part, et pour le développement humain de la population autochtone d’autre part. Les équipements réalisés (essentiellement dans les chemins de fer)ont plombé les dépenses publiques de la colonie sans contribuer à faire baisser les coûts de transport.L’investissement privé dans la viticulture d’exportation, soutenu par l’État, n’a pas participé au financement des recettes publiques en raison de l’absence d’imposition. Quant à la politique menéeenvers la population autochtone, elle s’est traduite par la dégradation de son patrimoine suite auxopérations d’expropriations des terres, ainsi qu’aux amendes et à la fiscalité appliquées parl’administration à son égard. Est posée ensuite la question contrefactuelle de savoir ce qu’aurait étél’économie algérienne en l’absence de la colonisation. Pour y répondre, il est supposé que le systèmecolonial se matérialisait dans la discrimination entre autochtones et européens, dont le fondement légalétait le code de l’indigénat. Sous cette hypothèse, la question se reformule ainsi : la croissanceéconomique (Pib/tête) de l’Algérie aurait-elle été plus importante si les dépenses publiques d'éducationet de santé n'avaient pas été discriminatoires entre indigènes et européens ? La base de donnéesconstruite pour tenter de donner une réponse empirique à cette question identifie les dépensespubliques d’éducation et de santé et les répartit entre les deux types de population sur la période 1901-1937. Les données obtenues illustrent clairement au niveau descriptif le lien entre la politiquecoloniale et le bilan (répartition des dépenses d’éducation et de santé entre autochtone et européen etrevenu par tête). Mais sur le plan économétrique, les obstacles à l’établissement d’une relation decausalité entre les dépenses en capital humain et la croissance économique ont empêché cetterecherche d’arriver au stade de la simulation contrefactuelle. Cet inachèvement est expliqué, d’unepart, par l’état de l’art théorique sur la question, d’autre part, le fait que les limites des donnéesdisponibles ne permettaient pas d’aller plus loin dans la construction d’une relation de causalité, enremplaçant notamment le Pib/tête par un indicateur de développement humain... / In 1955, the Maspétiol commission of the French government made a negative economic balance sheet of colonization in Algeria. This balance sheet has been analyzed by historians of the economy in terms of costs / benefits for the metropolis and the colony. According to this current of colonization costs, the investments and public expenditures made in Algeria were financed by the metropolis and therefore borne by the metropolitan taxpayer. The thesis defended here is that the main cause of the negativity of the balance sheet lies in the structure of the colonial economy which did not generate enough public revenue to finance economic and social development, which required the financial support of the metropolis (plan de Constantine, 1958).The balance sheet is therefore envisaged as the result of policies pursued throughout the colonial period, more precisely the intervention of the state in economic activity since the beginning of colonization. This work, based on the literature on the economic balance sheet and more broadly on the economy of colonial Algeria as well as on unpublished archive data, shows that the so-called development policy was detrimental to the economic and social levels (1830-1900). Budget, legislative and monetary measures applied in the framework of public economic and social investments have been disadvantageous for public finances on the one hand, and for the human development of the native population on the other hand. The equipment realized (mainly in the railways) have stifled public spending in the colony without contributing to lower transport costs. Private investment in export viticulture, supported by the state, did not participate in the financing of public revenues due to absence of taxation. Regarding the policy towards the native population, it has resulted in the degradation of its heritage following land expropriation operations, as well as the fines and the taxation applied by the administration towards it. Is then asked the counterfactual question to know what would have been the Algerian economy in the absence of colonization. To answer, it is assumed that the colonial system materialized in discrimination between natives and europeans, whose legal basis was the code of indigénat. Under this hypothesis, the question is reformulated: Algeria's economic growth (gdp per capita) would have been greater if public spending on education and health had not been discriminatory between natives and europeans? The database constructed to try to give an empirical answer to this question identifies public expenditure on education and health and allocates them to the two types of population over the period 1901-1937. The data obtained clearly illustrate at the descriptive level the link between colonial politics and the balance sheet (dividing of education and health expenditure between natives and european and gdp per capita). But econometrically, the obstacles to establishing a causal relationship between spending on human capital and economic growth have prevented this search from reaching the stage of counterfactual simulation. This incompleteness is explained, on the one hand, by the state of the art theoretical on the question, on the other hand, the fact that the limitations of the available data did not allow us to go further in the construction of a causal relationship, replacing in particular the gdp per capita with a human development indicator. However, incompleteness of the counterfactual scenario does not invalidate the established results by qualitative study from literature and archival documents. This research paves the way by showing the possibility of a cliometric and counterfactual approach on this subject.This thesis calls for a future collaboration between economic economists and historians to construct the missing data.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCD034 |
Date | 14 December 2017 |
Creators | Saidi, Sofiane |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Talahite, Fatiha |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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