Cette thèse a pour objet de recherche le mariage et la conjugalité à Lifou, île de la Nouvelle-Calédonie, de 1842, date du début de l’évangélisation, jusqu’à nos jours. Au travers de l’étude de la socialisation au mariage, des rituels matrimoniaux et de leurs transformations, elle cherche à apporter une contribution à la connaissance du système de genre de ce pays kanak. La vie cérémonielle lifoue est actuellement rythmée par d’opulents rituels matrimoniaux. Le système des classes d’âge fait du mariage un passage obligé sans lequel un individu ne peut devenir « adulte » (nyipi atr) ; passage lors duquel le droit d’user des capacités productives et génésiques de l’épouse est transféré au mari. Lors des échanges cérémoniels de mariage, véritable « guerre des dons », l’ensemble des relations qui constituent le réseau des deux parentés en présence est réactivé. Honorer les membres de son réseau de parenté et d’alliance implique de se soumettre au mariage et à la relation de conjugalité. L’institution matrimoniale a été considérablement transformée sous l’action des missionnaires chrétiens, lesquels ont cherché à remplacer le modèle local de la séparation et de l’antagonisme des sexes par un système de genre basé sur le couple conjugal, dans lequel « l’homme est la tête et la femme le corps ». Sous le régime de l’indigénat, les lois coloniales ont renforcé le pouvoir de l’époux sur l’épouse et réduit considérablement la liberté d’action de celle-ci. Ce n’est qu’en 1946 (fin du régime de l’indigénat), et lors des revendications indépendantistes des années 1980, que les femmes de Lifou ont acquis de nouvelles marges de manœuvre et pu ainsi contester l’exercice unilatéral du pouvoir du mari. / The research subject of this thesis is marriage and conjugality on Lifou, an island of New Caledonia, from 1842, the beginning of evangelization, up until the present day. By studying socialization for marriage, matrimonial rituels and their transformations, it seeks to make a contribution to knowledge of the gender system of this Kanak region. Ceremonial life on Lifou today is governed by opulent marriage rituals. The age group system makes marriage an obligatory passage without which an individual cannot become an "adult" (nyipi atr). Once married, the productive and reproductive capacities of the wife belong to her husband. During ceremonial marriage exchanges, a veritable "war of gifts", the totality of the relatives who constitute the network of the two kinship groups present is reactivated. Honouring the members of ones kinship and alliance networks involves accepting marriage or a conjugal relationship. Marriage and conjugality were transformed by the action of the Christian missionaries who sought to replace the local model of separation and antagonism between the sexes by a gender system based on the conjugal couple, in which "the man is the head and the woman the body". Under the system of Native Regulations (régime de l’indigénat), colonial laws strengthened a husband's rights over his wife and considerably reduced the latter's freedom of action. It was only in 1946 (the end of the system of Native Regulations), and during the independence protests in the 1980s, that the women of Lifou gained new room for manoeuvre and could thus oppose a husband's unilateral exercise of power.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012AIXM3138 |
Date | 30 January 2012 |
Creators | Nicolas, Hélène |
Contributors | Aix-Marseille, Douaire-Marsaudon, Françoise |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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