À la suite de l'éclatement du conflit syrien en 2011, plusieurs millions de personnes ont trouvé refuge en Turquie, au Liban et en Jordanie. Au total, ces trois pays limitrophes à la Syrie accueillent en 2020 plus de 5,5 millions de réfugiés. Parmi eux, le Liban se distingue par sa gestion ambiguë d'environ 1,5 million de Syriens établis sur son territoire. Bien qu'aucune politique de mise en camp n'ait été mise en place par le gouvernement libanais, plus de 20% des réfugiés syriens se sont établis dans de nombreux camps informels sur des terres privées, les autres étant majoritairement disséminés dans les villes du pays. Les résidents de ces camps informels sont sujets à une très grande précarité en raison de plusieurs facteurs, notamment l'absence de statut migratoire chez une majorité de réfugiés. État non-signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, le Liban offre une protection légale très limitée aux réfugiés syriens qui sont ainsi poussés vers l'illégalité et l'informalité. Les camps représentent donc des espaces d'attente et d'exclusion, où se déploient à la fois exploitation, intervention humanitaire, surveillance étatique et résilience. La présente recherche a pour objectif d'analyser l'espace du camp dans le but d'exposer les structures de gouvernance informelles ainsi que les assemblages formés par différents acteurs impliqués dans la gestion des camps. De plus, la recherche s'intéresse au déploiement de l'aide humanitaire dans ces espaces privés où l'accès et l'intervention doivent souvent être négociés. L'analyse se base sur un terrain ethnographique qui s'est déroulé au Liban au printemps 2019. Au total, ce sont 26 entretiens qualitatifs qui furent réalisés auprès de différents acteurs évoluant à l'échelle du camp (travailleurs humanitaires, responsables de camp et réfugiés). Le terrain inclut également la visite de huit camps informels dans les régions de la Bekaa et d'Akkar. Les résultats montrent que plusieurs variations existent en ce qui concerne les structures de gouvernance des camps et les acteurs impliqués dans leur gestion, ces variations étant rendues possibles en raison du contexte privé et informel dans lequel les camps évoluent. Les dynamiques de pouvoir inhérentes à ces assemblages variables d'acteurs et d'organisations structurent l'espace du camp, la vie de ses résidents et les activités qui s'y déroulent. Les camps sont donc des territoires distincts et co-construits, où la capacité d'action d'un acteur résulte de la place qu'il peut se négocier à l'intérieur de cet assemblage. / Following the outbreak of the Syrian civil war in 2011, several million people have found shelter in Turkey, Lebanon and Jordan. These three neighbouring countries were hosting in 2020 more than 5,5 million Syrian refugees. Among them, Lebanon stands out for its ambiguous management of around 1,5 million Syrians settled on its territory. Despite that no camp policy was implemented by the Lebanese government, more than 20% of Syrian refugees are established in numerous informal settlements located on private lands, the others being scattered in the country's cities. People living in these informal settlements are subject to great precariousness due to several factors, including the lack of official status among a majority of refugees. Non-signatory state of the 1951 Convention Relating to the Status of Refugees, Lebanon offers a very limited legal protection to Syrian refugees, who are subsequently pushed towards illegality and informality. The camps therefore represent spaces of expectation and exclusion, where exploitation, humanitarian intervention, state surveillance and resilience take place. The main objective of this research is to analyse the space of the camp in order to expose the informal governance structures as well as the assemblages formed by different actors involved in the management of the camps. In addition, this research is interested in the deployment of humanitarian aid in these private spaces where access and intervention often have to be negotiated. The analysis is based on an ethnographic fieldwork that took place in Lebanon during the 2019 spring. In total, 26 qualitative interviews were carried out with various actors operating at the camp scale (humanitarian workers, camps managers and refugees). The fieldwork also includes the visit of eight camps in the Bekaa and Akkar regions. Results show that many variations exist concerning the governance structures of the camps and the actors involved in their management due to the private and informal context in which the camps operate. The power dynamics inherent in these variable assemblages of actors and organizations structure the camp space, the lives of its residents and the practices that take place there. The camps are therefore distinct and co-constructed territories, where an actor's capacity of action depends on the place he can negotiate within this assemblage.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/67985 |
Date | 27 January 2024 |
Creators | McNicoll, William |
Contributors | Kabbanji, Lama, Bélanger, Danièle |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | mémoire de maîtrise, COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise |
Format | 1 ressource en ligne (xii, 175 pages), application/pdf |
Coverage | Liban, Liban. |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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