Cette thèse concerne l’obsession pour l’esclavage d’une société devenue égalitaire. Les Tanôsy du sud de Madagascar s’appliquent à constituer un univers duquel les différences entre descendants d’hommes libres, de rois et d’esclaves seraient bannies. Cela est manifeste tant dans le zèle démocratique caractéristique de leur vie politique que dans le christianisme qu’ils pratiquent avec ferveur. Sur ces scènes de l’égalité s’abolissent les anciennes discriminations. L’égalitarisme tanôsy est toutefois acclimaté par une très présente éthique de l’honneur suivant laquelle l’aspiration à l’autonomie des lignages supplante l’idéal individualiste. L’inquiétude de la honte, à son revers, est au principe de différences hiérarchiques entre groupes et individus qui furent jadis définitives mais qui sont aujourd’hui considérées comme fluides. S’ils partagent bien un idéal égalitaire, les Tanôsy participent aussi de concert au secret de l’esclavage, dispositif relationnel complexe à la configuration de savoir mouvant. L’identité des esclaves y est transmise en dépit de certaines restrictions. Les rois, en revanche, sombrent dans l’oubli, non parce qu’il serait interdit d’en parler, mais parce que ces derniers ont été transformés en héros singuliers, séparés de leur généalogies. On chercherait en vain, dans l’espace tanôsy, des lieux de mémoire pour l’esclavage ou la royauté. A la place, une appréhension suspicieuse à constitué des anti-lieux de mémoire. Ce paysage du soupçon met en rapport un arrière-monde (celui de la hiérarchie passée) et le monde des apparences (le monde de l’égalité). La cryptophilie tanôsy révèle une ontologie spécifique, duelle, plaçant en vis-à-vis la réalité visible et ses fondements invisibles. Du point de vue de cette ontologie, le secret de l’esclavage est une forme de fondation continuée, manière de refaire l’origine. De notre point de vue, le secret de l’esclavage est une manière d’imaginer la société, en coordonnant le passé et le présent. / This thesis main concern is the obsession for slavery in an otherwise egalitarian society. The Tanôsy of South Madagascar are constantly working to build a social world in which no differences between people of free descent and people of slave descent would remain. This is obvious in their zealous democratic and Christian practices. Christianity and Democracy may be considered as a true scene of equality. Tanôsy egalitarianism is somewhat tempered by a pervasive ethic of honour. Lineage autonomy, for that reason, is more seek about than modern equality. A constant fear of shame justifies some group differences and the hierarchy between these groups. But the hierarchy is not perceived as persistent anymore. Tanôsy also share a secret of slavery which is here seen as a relational setting as well as a knowledge configuration. Identity of the former slaves is transmitted in spite of restrictive constraints and protocol. Kings, in the other hand, are forgotten, merely seen nowadays as heroes of fairy tales without genealogy. No place of memory could be found here; a landscape of suspicion, instead, may be experimented. This landscape is expressive of a specific ontology. The secret of slavery should be considered as a way to recreate the original foundation and to imagine the future of society.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009PA100199 |
Date | 08 December 2009 |
Creators | Somda, Dominique |
Contributors | Paris 10, Bloch, Maurice |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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