Le débat entre les tenants de l’égoïsme et ceux de l’altruisme porte sur la question de l’altruisme, soit : pouvons-nous parfois agir de manière – au moins en partie — désintéressée, pour le bien d’autrui sans considérer le nôtre? Mon mémoire a pour objectif de revoir la problématisation du débat altruisme/égoïsme en philosophie et en psychologie et de répondre à la question : quelles conséquences peut-on tirer des travaux empiriques concernant la question de l’altruisme compilés par C. Daniel Batson, un chercheur en psychologie sociale, dans A Scientific Search for Altruism (2019) ?
Je soutiens, en partie comme Batson, que les résultats qu’il présente montrent que l'altruisme tel qu'il l'entend fait partie de nos motivations. Cependant, ma thèse principale est que la caractérisation de l'altruisme et de l'égoïsme que font Batson et ses collègues peuvent laisser en nous des interrogations quant à nos motifs fondamentaux. Autrement dit, d'autres formulations de la thèse égoïste pourraient permettre à celle-ci de résister, sans pour autant être exemptes de critiques, aux arguments présentés par Batson. Par exemple, ouvrir la recherche sur la ou les causes de l’empathie, par rapport à l'hypothèse de l'empathie-altruisme de Batson, pourrait éclairer l'enjeu d'une nouvelle manière; mais seulement si nous acceptons de modifier la caractérisation de l'altruisme de Batson. Ainsi, nous pourrions considérer la cause de l'empathie comme ayant un poids plus important dans la résolution de la question de l'altruisme que l'empathie elle-même.
Une telle reformulation de la thèse égoïste pourrait ressembler à cela : la valorisation d’autrui sera générée ou conservée si et seulement si elle sert soit les désirs personnels profonds, tel qu’un état ressenti de significativité dans la vie (Wolf 2010), ou bien les désirs personnels plus simples tels que les motivations égoïstes énoncées par Batson (2019).
Pour défendre l’intérêt d’une telle reformulation, je présenterai d'abord la caractérisation de l'égoïsme et de l'altruisme de Batson (2019) ainsi que la méthode que Batson et ses collègues utilisent pour répondre à la question de l'altruisme. Je présenterai également des critiques à cette position, provenant entre autres de Doris et al. (2020) et d’une adaptation des propos de Slote (1964). Mon texte débouchera sur une nouvelle hypothèse égoïste s'inspirant des travaux de Susan Wolf (2010) et Bernard Williams (1981). / The debate opposing egoism and altruism concerns the altruism question: Can we sometimes act – at least partly – in a disinterested way to promote the well-being of others without considering our own? My master’s thesis aims to review the central problem of the altruism/egoism debate in philosophy and psychology and answer the question: Which consequences can be drawn from the empirical work concerning the altruism question compiled by C. Daniel Batson, a researcher in social psychology, in A Scientific Search for Altruism (2019)?
I agree with Batson that his empirical results show altruism, as he defines it, to be a part of our motivations. However, my main thesis is that Batson and his colleagues’ characterization of altruism and egoism leaves us questioning our ultimate motives. Restating the thesis of egoism could allow it to resist Batson’s arguments, although it may face other criticism. For example, opening the research on the cause or causes of empathy regarding the empathy-altruism hypothesis of Batson could shed light on the debate in a new way; but only if we agree to rethink Batson’s characterization of altruism. Thus, we could consider empathy’s causes to be of greater importance than empathy itself in resolving the altruism question.
Such a recharacterization of egoism could resemble this one: The valuing of others will be generated or conserved if and only if it serves either profound personal desires, such as a state of felt meaningfulness (Wolf 2010), or simpler personal desires like the egoistic motivations listed by Batson (2019).
To defend the interest of this recharacterization, I will present the definitions of altruism and egoism given by Batson (2019) as well as the method he used with his colleagues to answer the altruism question. I will also formulate critiques to the position of Batson through Doris et al. (2020) and an adaptation of the argument of Slote (1964). My argument will lead to a new egoistic hypothesis inspired by the works of Susan Wolf (2010) and Bernard Williams (1981).
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/28502 |
Date | 08 1900 |
Creators | Gagnon-Bisotdeau, François-Olivier |
Contributors | Tappolet, Christine |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
Page generated in 0.0019 seconds