Tandis que la « civilisation de l’anatomie » qui définit la Première Modernité fait émerger un nouveau régime d’images artistiques et poétiques du corps en Europe, la bouche s’impose comme l’une des parties du corps les plus fréquemment représentées dans la littérature allemande du XVIIe siècle. Organe de la parole mais aussi de la sensualité par excellence, elle est considérée par certains comme ce qu’il y a de plus prodigieux chez l’homme après son entendement, au point de s’illustrer dans les textes poétiques comme un topos dense et prolifique. Erigée en organe noble dès qu’elle obéit à une rectitude morale, la bouche peut tout aussi bien s’avérer « ig-noble » dès qu’elle pervertit le langage et le corps en commettant des actes impies. La présente étude analyse ce qui prend la forme, à l’intérieur de cette topique, d’une dialectique entre logos et eros, qui s’ancre dans des présupposés théologiques et anthropologiques – conséquence de la confessionnalisation des cultures et des crispations religieuses qui en découlent. Or par la lorgnette de cette dialectique, l’étude donne à voir les rouages de la constitution tardive, poétique et esthétique, d’une littérature artistique de langue allemande. En proposant un parcours représentatif à travers des auteurs qui en sont des jalons majeurs et des types divers d’œuvres littéraires, dramatiques et poétiques – d’Opitz à Hoffmannswaldau –, la thèse montre in fine comment, sur fond de changements progressifs de repères et de paradigmes littéraires, s’instaure un nouveau système de représentation poétique qui va de pair avec une revalorisation ambiguë du logos. / While in Europe the culture of anatomy that characterizes the Early Modern Age has brought about a new kind of artistic and poetical images of the body, the mouth imposes itself as one of the most frequently represented parts of the body in the German literature in the 17th century. As the medium of speech but also of sensuality par excellence, it is considered by some as what is most prodigious in man beside his understanding, so much so that it has emerged in poetical works as a bounteous and fruitful topos. Presented as a noble instrument as soon as it respects moral rectitude, the mouth may also be featured as “ig-noble” as soon as it corrupts the language and the body through ungodly acts. The present study focuses on what comes to be – within this topos – the logos-eros dialectics, rooted in former theological and anthropological assumptions, ensuing the denominalization of cultures that triggered religious tensions. And through the close analysis of this dialectics, the research work unveils the workings of the build up of a German artistic literature. By relying on the exemplary career of its major writers – from Opitz to Hoffmannswaldau – and different kinds of literary works (drama and poetry), the thesis finally enhances how a new system of poetical representations going along with an ambivalent primacy of the logos is set up, with as a backcloth some gradual changes in literary landmarks and paradigms.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA040191 |
Date | 20 December 2012 |
Creators | Faux, Bruno |
Contributors | Paris 4, Mourey, Marie-Thérèse |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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