Ce travail doctoral a pour enjeu théorique d'étudier la valeur acquise par les formes intimes de résistance dans les films polonais produits entre 1968 et 1989, à l’appui d’un panorama transversal d’œuvres connues ou inconnues. Si, comme l’écrit le philosophe polonais Leszek Kołakowski en 1977, « les liens familiaux, affectifs et sexuels résistent obstinément à l’emprise du pouvoir », comment le cinéma polonais a-t-il montré des corps qui aiment, pensent et rêvent malgré tout, figurant par leur présence à l’écran un rapport de force violent entretenu par la société civile avec l’État ? Déplaçant le concept de « biopolitique » (Michel Foucault) dans le contexte de la Pologne populaire, il s’agit de comprendre comment émerge une esthétique du désarroi visant à approfondir l’exploration poétique des gestes, des états (psycho)somatiques, des réactions corporelles et des sexualités. L’enjeu esthétique central cache un sous-enjeu mémoriel propre à l’Europe centrale et balkanique : qu’est-ce qu’à rebours les corps filmés font-ils à la mémoire du communisme ? Constituant le défi théorique de cette thèse, ce renversement que nous proposons de qualifier de mémoire bio-cinématographique, contribuera à éclairer la relation complexe induite par l’esthétique cinématographique avec l’altérité. / The theoretical challenge of this PhD consists on studying the value acquired by the intimate forms of resistance in Polish films produced between 1968 and 1989 in support of a transversal panorama of known or unknown filmic works. If, as the Polish philosopher Leszek Kołakowski wrote in 1977, “family, affective and sexual relations stubbornly resist the grip of communist power”, how did Polish cinema show bodies that loved, thought and dreamt despite everything, pointing, through their presence on-screen, to a power relationship that confronted civil society with the communist state? Extrapolating the concept of “biopolitics” (M. Foucault) to the context of Communist Poland, our study aims to understand how an aesthetic of disarray emerged in order to delve deeper into the poetic depiction of gestures, (psycho)somatic states, bodily reactions and sexualities. This multi-layered aesthetic issue conceals a crucial subtopic concerning memory which is specific to Central and Balkan Europe: what impact do filmed bodies have on the memory of communism? Discussing these themes, comprised in what we propose to designate as a bio-cinematic memory, seems to be relevant to shed some light on the complex experiences offered by Polish cinema towards otherness.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018AIXM0523 |
Date | 07 December 2018 |
Creators | Lericq, Mathieu |
Contributors | Aix-Marseille, Roche, Thierry |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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