Pendant de nombreuses années, Aharon Appelfeld, Philip Roth et Primo Levi entretiennent une sorte de « dialogue à distance », interrompu en 1987 par la mort de ce dernier. Notre travail vise à analyser les modalités à travers lesquelles la production de ces trois écrivains – marqués de manière plus ou moins « directe » par l’histoire de la deuxième guerre mondiale et la mémoire de la Shoah – complexifie, avant tout sur le plan fictionnel, une certaine conception du témoignage, dont les enjeux esthétiques sont loin d’être anodins. Certes, dans un premier temps il a été important de reconstituer la correspondance triangulaire entre Levi, Appelfeld et Roth ; bien que fondamentale, ce n’est pas la composante philologique de notre recherche que nous avons souhaité mettre en avant, mais plutôt la pertinence d’un rapprochement de corpus en apparence distants, et pourtant liés par des questionnements analogues. Il est évident que si la possibilité de consulter, donc de disposer de documents d’archive pour la plupart inédits et d’accéder à des échanges parfois publics – quoique destinés à un auditoire en quelque sorte « communautaire » – a été précieuse afin d’alimenter la réflexion, le fait de lier de manière trop manifeste les considérations au sujet des démarches (poétiques ou politiques) de nos trois auteurs à leur complicité intellectuelle et, le cas échéant, à leur amitié aurait pu minimiser la portée de certaines observations – et suggérer de faux rapports de cause à effet. / My doctoral thesis explores the relationship between literature and historical witnessing. By focusing on the works of Primo Levi, Aharon Appelfeld, and Philip Roth (authors who relate in very different ways the trauma of the Holocaust), my research aims at investigating the enmeshment of aesthetic and epistemological issues. My comparative exploration of these authors is motivated by and allows for a conceptual layering of the problem along three distinct research axes : (1) each author maintains a different degree of autobiographical involvement with the genocidal facts he evokes, ranging from maximum directness (Levi) to an oblique post hoc distance (Roth) ; (2) each author thematizes the problem by framing fictional situations in which characters have to cope with the plastic tension of narrative recollection ; (3) there is a twofold factual link between the three authors consisting in (a) explicit or covert intertextual quotations (e.g. Levi and Appelfeld become characters in Roth’s "Operation Shylock") and, more significantly, (b) an under-investigated circular correspondence in which each of them discusses at length the gains and losses of (literary) historical witnessing. The core of my project, therefore, is grounded in the long-distance conversation on the reworking of memories between Aharon Appelfeld, Philip Roth and Primo Levi – a three-way conversation that perforce ceased with Levi’s death in 1987.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCA077 |
Date | 04 July 2017 |
Creators | Furci, Guido |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Ksiazenicer-Matheron, Carole, Daros, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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