Dans les pays méditerranéens, l’agriculture en lien avec la ville connait des dynamiques variées, entre déclin et renouveau. Au Liban, les espaces agricoles sont de faible étendue, et limités par un relief escarpé. Le pays souffre également de politiques faibles d’aménagement qui n’accordent pas d’importance à l’agriculture urbaine. Pourtant, des formes agricoles persistent en ville. Dans cette thèse nous lisons l’agriculture en lien avec la ville au prisme d’un droit spécifique au monde arabe, le waqf. Nous partons d’une hypothèse qui voit sur les propriétés dotées d’un waqf une possibilité de maintien ou même de développement de l’agriculture de la région beyrouthine. Adoptant une approche multiscalaire, nous examinons l’agriculture sur le waqf au niveau de sites mais également d’exploitations agricoles, et dressons une géographie foncière des logiques agricoles observables dans la région beyrouthine.Selon nos résultats, les waqf sont assez présents dans l’agglomération beyrouthine. Les waqf agricoles présentent une meilleure résistance face à l’urbanisation -que les terres privées- lorsqu’ils sont associés à des couvents situés dans le périurbain de Beyrouth. Si l’objectif du waqf est l’immobilisation de biens dont les revenus doivent servir des actions pieuses, il en existe différents types au Liban : familial, caritatif, mais aussi religieux chez les chrétiens dont les revenus servent à soutenir les serviteurs de l’Eglise et l’accomplissement d’actes religieux. Quant à leur acquisition, la recherche a permis de distinguer deux discours : celui de religieux qui parlent surtout de waqf achetés, et le second, celui de laïcs, qui lient les acquisitions à d’anciens dons de terres. La gestion de waqf communautaires, majoritaires dans la zone d’étude, diffère selon les confessions religieuses présentes au Liban : elle est centralisée chez les grecs-orthodoxes, les sunnites et les catholiques dans le cas des waqf d’églises, et décentralisée chez les chiites et les catholiques lorsqu’il s’agit de waqf de couvents. Si la location et le métayage agricoles sont possibles sur le waqf, ils sont régis par des contrats s’étalant sur 3, 6, 9 ans chez les catholiques et variant selon le projet agricole chez les orthodoxes, ce qui confère une plus grande sécurité foncière aux exploitations agricoles que celle procurée par les terres privées louées (contrats annuels). Sur le waqf diverses formes agricoles se déploient : maraîchage, arboriculture, élevage et transformation (faire-valoir direct par des religieux), mais aussi des cultures hydroponiques, des pépinières et des cultures spéciales (faire-valoir indirect), alors que sur les terres privées nous retrouvons du maraîchage et de plus en plus de pépinières. Les logiques agricoles identifiées montrent un regain agricole sur les waqf empruntant des trajectoires différentes et entretenant des liens divers à la ville.Finalement, les waqf, malgré leur vocation sociale, n’apparaissent pas comme des communs, ni comme des propriétés privées. Ils sont plutôt mus par des logiques communautaires qui leur sont propres. / In the Mediterranean countries, agriculture linked to city knows various dynamics, between renewal and decline. In Lebanon, agriculture extends over small surface areas and is limited by steep terrain. Moreover, the country suffers from weak planning policies that do not address its agriculture, especially that found in urban contexts. Yet, agriculture persists in the city. In this thesis, we explore agriculture linked to the city in the light of a right that is specific to the Arab region, the waqf. We depart from the following hypothesis: waqf properties allow to maintain, if not to develop, agriculture related to the city. Adopting a multiscale approach, we examine agriculture on waqf at the level of sites, as well as production units, and draw a geography, rather a land geography based on agricultural actors’ logic or logiques agricoles in french.According to our results, waqf lands are quite present in the Beirut region. Agricultural waqf are more resilient- than private lands- to urbanization, especially when found on convent sites located in the peri-urban area of Beirut. If the objective underlying the constitution of a waqf is the immobilization of goods for usages generating revenues for pious actions, still we can distinguish different types of waqf: family, charitable but also religious waqf, especially Christian religious waqf, whose income is used to support the servants of the Church and the fulfillment of religious actions. Management of community waqf, abundant in the study area, differs among religious communities: it is centralized among Greek-orthodox, Sunnis and Catholics in the case of church waqf, and decentralized among Shiites and Catholics in the case of convent waqf. If agricultural leasing and sharecropping are possible on waqf lands, they are ruled by contracts extending over 3, 6, 9 years among Catholics, and varying according to the agricultural project among the Orthodox, which grants a greater land security than which found on private lands (annually renewed contracts). Various agricultural forms can be found on waqf: market gardening, fruit trees, breeding and processing (direct tenure by clergymen) but also hydroponics, nurseries and special crops (indirect tenure of lands, leasing), whereas on private lands we find market gardening and more and more nurseries. Identified agricultural logics show a revival of agriculture on waqf lands borrowing different trajectories and maintaining various links to the city.Finally, the waqf, despite their social vocation, do not appear as commons nor as private properties. They are rather driven by their own communitarian logic.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019MON30006 |
Date | 28 June 2019 |
Creators | Lteif, Carine |
Contributors | Montpellier 3, Soulard, Christophe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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