Ce mémoire porte sur les retraductions françaises du XXe siècle d’Al Moqaddima (Les Prolégomènes) (1377) d’Ibn Khaldoun, un traité historique et philosophique du XIVe siècle. La première traduction française, Les Prolégomènes, est réalisée par De Slane entre 1840 et 1863. Elle est suivie de deux retraductions, à savoir Discours sur l’histoire universelle (1967- 1968) réalisée par Vincent-Mansour Monteil, et Le Livre des Exemples I : Autobiographie, La Muqaddima (2002) réalisée par Abdesselam Cheddadi. L’objet de ce mémoire est de mener une analyse contextuelle, paratextuelle et discursive de ces deux retraductions de l’œuvre monumentale d’Ibn Khaldoun, afin de dégager les principaux facteurs déterminant, dans chaque cas, le choix de retraduire.
Notre approche théorique s’inscrit dans le contexte récent de remise en cause de ladite « hypothèse de la retraduction » d’Antoine Berman, qui privilégie une analyse textuelle de l’œuvre (re)traduite en négligeant quelque peu l’analyse contextuelle éclairant les conditions de production des retraductions, et en limitant le positionnement du traducteur à sa relation envers la « vérité » du texte source.
Ainsi, en retraçant l’histoire des différentes éditions des Prolégomènes au XXe siècle, en exposant le contexte qui entoure les retraductions, et en nous nous attachant aux stratégies discursives déployées par les traducteurs en marge de ces dernières, nous tenons compte des réflexions récentes sur les « causalités multiples » du phénomène de la retraduction, tout en montrant comment la subjectivité du traducteur, ses décisions et ses motivations sont reliées à tous les éléments extratextuels ou contextuels mis en valeur par les théoriciens.
Nous montrons par notre analyse que les deux retraductions au corpus sont motivées par des facteurs internes au texte (tels que l’authenticité de leur original, une meilleure connaissance du texte, de la langue et de la culture source, la nécessité de corriger des erreurs dans les traductions antérieures), mais aussi par de nouveaux éléments externes au texte (tels que le changement de normes sociales, littéraires et traductionnelles, l’émergence de nouvelles interprétations du texte, le positionnement idéologique du retraducteur, sa volonté de s’imposer comme une autorité, etc.). La retraduction s’avère donc un phénomène complexe motivé par une combinaison de facteurs, à la fois internes (textuels), externes (contextuels) et personnels, propres au (re)traducteur. / This thesis studies the XXth-century French retranslations of Ibn Khaldun’s XVIth- century historical and philosophical treatise Al Moqaddima (or Prolegomena, 1377). The first French translation as Les Prolégomènes was written by De Slane between 1840 and 1863. It was followed by two XXth-century retranslations, respectively entitled Discours sur l’histoire universelle (1967-1968) by Vincent-Mansour Monteil, and Le Livre des Exemples I : Autobiographie, La Muqaddima (2002) by Abdesselam Cheddadi. This thesis explores the contexts, paratexts, and discursive strategies surrounding each retranslation of Khaldun’s monumental treatise, in order to clarify the major factors that determine, in each case, the translator’s decision to retranslate.
Our theoretical approach stems from recent debates around Antoine Berman’s “retranslation hypothesis”, which focuses on a textual analysis of retranslations, and tends to downplay the importance of the context surrounding the production of retranslations, and limits the translator’s positioning to his/her relationship to the “truth” of the original.
By documenting the history of XXth-century editions of Khaldun’s Prolegomena, by establishing the context surrounding each retranslation, and by analyzing the discursive strategies deployed by each retranslator in the margins of his work, our study takes into account recent theories of “plural causality” in retranslation; we also highlight the ways in which the translators’ subjectivity, their choices and motivations are deeply connected with the extra-textual, or contextual elements emphasized by such theories.
Our analysis shows the two translations under study to be motivated by internal, textual factors (such as: more authentic original manuscripts, better textual criticism and understanding of the source language and culture, the necessity to correct errors in the previous translations, etc.), but also extra-textual, or contextual factors (changing social, literary and translation norms, new interpretations of the original, the translator’s ideological position and need to establish his authority, etc.). In the end, retranslation emerges as a complex phenomenon deriving from a variety of causes, at once internal (textual), external (contextual), and personal, that is, due to the translator’s own agency.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/16187 |
Date | 05 1900 |
Creators | Medjahed, Milouda |
Contributors | Belle, Marie-Alice |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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