Fondatrice et résultante du corps textuel, origine et horizon du poème, la Voix, dans l’œuvre d’André du Bouchet, dépend de cet espace exigu qui se situe simultanément en dehors du sens et du non-sens. Dépassant la dichotomie écriture/oralité propre à la métaphysique traditionnelle occidentale, le poète l’apparente à une sorte de balancement entre l'exprimé et l'imprimé, entre un « vouloir-dire » et un « faire-silence ». La Voix est ce « signe » du bruit ou du mutisme, clair de toute signification préétablie et irréductible, dans le temps où il est perçu à l’ordre de la langue, qu’il habite cependant. Le sens des mots ne se constitue que dans la disposition élocutoire qui les porte à la parole et qui englobe l’ensemble de la corporéité et de la spatialité. Retentissante dans un espace qui est ouvert sur le dehors, la Voix est la manifestation d’un « espace-temps-lieu-monde » singulier par l'écoute qui, seule, peut entendre dans les mots l'émergence d'un existant. Véritable ouverture potentielle et permissive à un toujours vouloir-dire, la Voix perd son statut d’épiphénomène (simple expression sonore d’une pensée primitive) pour acquérir celui d’événement. Elle est cette parole pour ne rien dire, dont force est de prendre acte sans conclure. / The Voice in the works of André du Bouchet, is at the foundation and the result of the text corpus, the origin and horizon of the poem. It is dependent on the exiguous space lying simultaneously beyond meaning and lack of meaning. Transcending the writing/oral expression dichotomy characterizing Western traditional metaphysics, the poet identifies it as swaying somehow from the expressed to the imprinted, from a “meaning to say” to a “keeping under silence”. The Voice is the “sign” of noise or silence. It is void of all pre-established and irreducible meaning at the very moment it comes to be perceived in the language order, yet it inhabits it. The meaning of words only constitutes itself in the delivery phase that brings them into speech and encompasses physicality and spatiality as a whole. Resounding in a space looking outward, the Voice is the expression of a peculiar “space-time-place-world” when it is listened to. It is only this listening that makes it possible to hear the emergence of existing elements in words. As a true potential and permissive opening to a permanent “meaning to say”, the Voice loses its status of epiphenomenon (a simple sound expression of primitive thought) to gain that of event. It is this speech that says nothing that we are forced to acknowledge without reaching a conclusion.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA040134 |
Date | 09 December 2013 |
Creators | Collet, Amélie |
Contributors | Paris 4, Soutet, Olivier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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