Cette thèse vise à comprendre et à caractériser l’expérience et le parcours migratoire et socioprofessionnel, ainsi que la dynamique des liens familiaux transnationaux, de couples brésiliens ayant migré à Montréal entre 2004 et 2013 et dont un des membres travaillait au Brésil comme professionnel en ingénierie ou dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC).
Trois raisons ont présidé au choix de ce sujet de recherche : (1) l’importance de la migration des travailleurs hautement qualifiés (THQ) dans le flux des migrations internationales, laquelle est insuffisamment étudiée ; (2) la formation d’une nouvelle vague migratoire de Brésiliens qualifiés arrivés à Montréal à partir du milieu des années 2000 et (3) une volonté de porter un nouveau regard sur la migration des THQ, afin de comprendre leur expérience et cheminement à partir de leur point de vue et de celui de leur famille.
La décision de comparer les parcours migratoires des ingénieurs et des professionnels des TIC tient au fait que les ingénieurs font face à davantage d’obstacles socioprofessionnels (liés aux exigences de l’ordre professionnel des ingénieurs) et à une plus difficile reconnaissance des titres de compétence et de l’expérience acquise à l’étranger que les professionnels des technlogies de l’information et des communications (TIC), dont l’expertise est davantage reconnue internationalement et localement.
Cette recherche vise à répondre au comment plutôt qu’au pourquoi. Comment devient-on émigrant dans la société de départ ? Comment, comme immigrant, s’adapte-t-on à la société de destination ? Comment s’y insère-t-on socioprofessionnellement ? Comment est maintenu le sentiment familial en dépit de la « tyrannie de la distance » ? Quel est, dans chaque cas, le rôle de l’agentivité des migrants, celui des contraintes et des opportunités, des ressources mobilisées dans la formation et la dynamique des parcours migratoires, professionnels et familiaux.
J’ai choisi l’approche des parcours de vie car elle s’est avérée utile au double plan analytique et méthodologique. Sur le plan analytique, elle offre certains concepts, comme ceux de transition et de parcours, qui amènent à analyser la migration comme processus affectant des sphères de la vie des migrants. Sur le plan méthodologique, elle en fournit la méthode des récits de vie comme moyen de saisir, de façon diachronique, l’expérience des participants car les récits de vie aident à reconstruire « par en bas » le jeu des actions, des contraintes et opportunités dans la vie des migrants lors de certains contextes clés de leur existence.
Cette approche biographique m’a permis d’identifier quatre transitions de vie significatives dans le parcours migratoire soit l’émigration du pays de départ, l’immigration dans le pays d’arrivée, l’incorporation socioprofessionnelle et la reconfiguration familiale, ce qui entraîne des changements de positions, de statuts ou de rôles dans divers espaces sociaux, professionnels et familiaux. Chacune de ces transitions constitue autant d’épreuves qui obligent à des engagements dans de nouveaux rôles et à des changements de positions sociales dont l’issue dépend autant des capacités stratégiques des migrants, de leur encastrement dans des liens sociaux et de l’ensemble des ressources et capitaux possédés qu’ils réussissent à reconvertir pour faire face aux épreuves rencontrées. J’ai été amenée, dans ce cadre, à identifier une pluralité de profils migratoires et d’incorporation professionnelle et une diversité de modes de gestion de la « tyrannie de la distance », pour continuer à faire famille.
La thèse se divise en trois grandes parties, correspondant à chacune des thématiques de cette recherche, soit (1) la migration dans sa dimension émigration (chapitre 2) et immigration (chapitre 3), (2) l’incorporation socioprofessionnelle (chapitres 4 et 5) et (3) la famille transnationale (chapitre 6). Dans la conclusion générale, je rappelle les principaux résultats par rapport aux questionnements initiaux et identifie quelques limites de la recherche. / This thesis aims to understand the migratory experience of Brazilian engineers and information and communications technology (ICT) professionals who migrated to Montreal between 2004 and 2013. It focuses on the dynamics of their socio-professional incorporation and transnational family changes. There were three reasons for choosing this research topic: (1) the importance of highly skilled workers’ (HSW) migration in the flow of international migration, which is insufficiently studied; (2) the arrival of a new migratory wave of skilled Brazilians in Montreal in the mid-2000s; and (3) a willingness to take a different look at HSW migration, in order to understand migrants’ experience and journey from their point of view and the one of their family members. I decided to compare engineers’ and ICT professionals’ migration paths because engineers face supplementary socio-professional barriers (related to the requirements of the engineers’ regulatory body (Ordre des ingénieurs du Québec) and the more difficult recognition of credentials and experience gained abroad faced by these migrants as compared to ICT professionals, whose expertise is more easily recognized internationally and locally. This research aims to answer to questions concerning “how,” rather than “why:” How does one become an emigrant before leaving the sending society? How, having migrated, does one adapt to the receiving society? How does one insert oneself professionally? How is the familyhood maintained despite the “tyranny of distance”? What is the role of the migrant’s agency, which are the constraints and the opportunities, and the resources mobilized in the migratory dynamics and changes concerning both migratory, professional and family changes? I chose the life course approach because it proved to be analytically and methodologically useful. It offers certain concepts, such as transition and pathways, which lead to the analysis of migration as a process affecting different spheres of migrants’ lives. Methodologically, the life history approach allows us to grasp the experience of the participants in a diachronic manner. Life stories help to reconstruct "from below" the dynamics of actions, constraints and opportunities in the lives of migrants in certain key contexts of their existence. This biographical approach allowed me to identify four significant life transitions in the migration pathways: emigration from the country of origin, immigration to the country of arrival, socio-occupational incorporation and family reconfiguration, resulting in changes of position, status or role in social, professional and family spaces. Each of these transitions involves hardships that lead to commitments into new roles and changes in social positions. Their outcome depends as much on migrants' strategic abilities as on their integration into social ties and on assets that they manage to convert to face the hardships encountered. In this context, I was led to identify a plurality of migratory profiles and professional incorporation paths and a variety of modes of management of the tyranny of distance, to continue to make family. The thesis is divided into three main parts, corresponding to each of the themes of this research, namely (1) emigration (chapter 2) and immigration (chapter 3), (2) socio-occupational incorporation (chapters 4 and 5) and (3) the transnational family (chapter 6). In the general conclusion, I recall the main results in relation to the initial research questions and identify some of the limits of the research.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23390 |
Date | 08 1900 |
Creators | Schlobach, Monica |
Contributors | Meintel, Deirdre, Fortin, Sylvie |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
Page generated in 0.0034 seconds