Plusieurs garçons sont victimes d'agression sexuelle dans leur jeunesse au Canada (Daigneault, Hébert, & McDuff, 2009). Puisque cette expérience traumatique a de sérieuses conséquences à court terme, il est important de porter un intérêt spécifique aux effets à long terme de cette forme de victimisation (Finkelhor, 2008). À cet effet, l'agression sexuelle subie dans l'enfance a déjà été associée à la violence conjugale chez les adultes (Senn, Carey, Vanable, Coury-Doniger, & Urban, 2006) et il apparaît important de comprendre comment l'expérience de victimisation peut être reliée à l'agression. Des études montrent que les enfants ayant vécu un trauma incorporent une rupture d'attachement (Crittenden, 1988a; Egeland & Sroufe, 1981) et éprouvent des difficultés à réguler leurs affects (Main & Hesse, 1990). Par ailleurs, l'agression sexuelle subie par les hommes dans l'enfance est liée à une anxiété d'abandon élevée à l'âge adulte (Godbout, Sabourin, & Lussier, 2007) et l'anxiété d'abandon est également liée à la mauvaise gestion de la colère (Lafontaine & Lussier, 2005). De plus, l'insécurité d'attachement et la gestion dysfonctionnelle de la colère sont reliées théoriquement à la violence conjugale émise (Brown, 2004). Ainsi, cette étude vise l'exploration des liens empiriques entre l'agression sexuelle vécue dans l'enfance, l'insécurité d'attachement adulte (évitement de l'intimité et anxiété d'abandon), la colère (le sentiment, le trait de personnalité colérique, les styles de gestion) et la violence conjugale (physique et psychologique) auprès d'un échantillon clinique d'hommes. À leur admission dans un service d'aide thérapeutique, 104 hommes qui consultaient principalement pour des problèmes liés à la violence et aux conflits conjugaux, ont complété des mesures auto-administrées d'attachement adulte, de colère au sein du couple et de violence conjugale. Les analyses de régression multiple révèlent qu'une agression sexuelle subie dans l'enfance est liée à la répression de la colère, mais n'est pas liée à l'insécurité d'attachement ni à la violence conjugale émise par les hommes de l'échantillon. L'insécurité d'attachement est reliée à la violence psychologique émise et ces liens sont expliqués par la gestion de la colère. Précisément, l'anxiété d'abandon prédit l'émission de violence psychologique via le trait de personnalité colérique, la répression, l'expression inadéquate de la colère et le faible contrôle de la colère. De plus, l'évitement de l'intimité prédit l'émission de violence psychologique via le trait de personnalité colérique, la répression de la colère et le faible contrôle de la colère. Par ailleurs, une fois la désirabilité sociale contrôlée, seule l'anxiété d'abandon prédit encore la violence psychologique émise via le trait de personnalité colérique et l'expression inadéquate de la colère. Sur le plan clinique, ces résultats suggèrent l'importance de considérer les enjeux liés aux insécurités d'attachement dans les interventions ciblant la gestion de la colère et la violence psychologique émise en couple.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/2839 |
Date | January 2011 |
Creators | Darveau, Vivianne |
Contributors | Brassard, Audrey |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Vivianne Darveau |
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