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Jean-Henri Maubert de Gouvest (1721-1767) et l'univers des aventuriers des lettres au siècle des Lumières / Jean-Henri Maubert de Gouvest (1721-1767) and the universe of adventurers of letters in the Enlightenment

Jean-Henri Maubert de Gouvest, né à Rouen en 1721, est un aventurier des Lumières. Son parcours tumultueux l’inscrit pleinement au sein de la famille polymorphe et bigarrée des chevaliers de fortune étudiée par Suzanne Roth et Alexandre Stroev. De fait, rompant les relations avec sa famille, Maubert entre chez les Capucins dès l’âge de 17 ans mais envoie rapidement son froc aux orties et s’échappe du couvent. Fugitif, il ne peut retourner auprès des siens et ses pérégrinations le portent alors à travers toute l’Europe, à l’instar d’Ange Goudar ou de Casanova. Au gré de ses voyages, notre chevalier de fortune joue le rôle de précepteur en Pologne, de journaliste aux Provinces-Unies ou d’espion pour le compte de la France, différents métiers évoqués par André Warzée, Jeroom Vercruysse, Pierre Coquelle ou Edmond Dziembowski, dans leurs travaux respectifs sur la presse et la guerre de Sept Ans. Développant des relations avec certains hommes d'Etat et de nombreux autres aventuriers au fil de ses péripéties, Maubert se constitue un véritable réseau et concentre entre ses mains de la matière pour écrire, se muant peu à peu en aventurier d’écritoire. Ses faibles revenus et son mode de subsistance le placent alors plutôt dans la catégorie des « Rousseau des ruisseaux » analysée par Robert Darnton. Vivant d’expédients, Maubert réussit à s’attirer les bonnes grâces d’un mécène : Cobenzl, ministre plénipotentiaire à Bruxelles avec lequel il entretient une correspondance. Malgré l’aide de son bienfaiteur, Maubert est contraint de produire une littérature alimentaire offrant à ses lecteurs une vision originale du XVIIIe siècle filtrée par son parcours personnel. Polygraphe, il s’intéresse à l’éducation, à la politique, à la religion et réécrit certains ouvrages de Voltaire. Sa carrière de littérateur s’achève néanmoins assez rapidement. Contraint de quitter Bruxelles pour Amsterdam où ses créanciers le rattrapent, il est emprisonné pendant près de dix-huit mois et se retrouve pris dans la tourmente d’un interminable procès. Sorti de prison dans un état de santé déplorable, Maubert meurt en 1767, à Altona, dans des circonstances troublantes. Son œuvre littéraire, aujourd’hui méconnue, est pourtant riche d’une trentaine de titres et gagnerait à être redécouverte par les historiens. Ainsi, en analysant la spécificité de ce réseau satellisé autour de Maubert, il nous intéresse d'établir si et, le cas échéant, de quelle manière, les différents membres de ce groupe sont représentatifs et vecteurs des idées des Lumières. Plus qu’une simple réhabilitation de l’œuvre ou de l’auteur, nous nous attachons dans ce travail à étudier les relations et les écrits d’un homme qui est à la fois témoin et acteur du siècle. / Jean-Henri Maubert de Gouvest, born in Rouen in 1721, was an Enlightenment adventurer. With his tumultuous career, he is fully in line within the polymorphous and variegated family of fortune knights studied by Suzanne Roth and Alexandre Stroev. In fact, by breaking relationships with his family, Maubert entered the Capuchin order at the age of 17 but when he quit the religious habit, he left the convent. Becoming fugitive, he could not return to his family and his peregrinations carried him all over Europe, like Ange Goudar or Casanova. Throughout his travels, our knight of fortune played the role of tutor in Poland, journalist in the United Provinces or spy for France. Different occupations evoked in André Warzée, Jeroom Vercruysse, Pierre Coquelle or Edmond Dziembowski’s works on the press and the Seven Years' War. By developing relationships with some statesmen and many other adventurers over the course of his adventures, Maubert created a real network and thus shaped enough material to write, gradually becoming an “aventurier d’écritoire”. His low income placed him in the category of "Rousseau des ruisseaux", analyzed by Robert Darnton. Living precariously, Maubert succeeded in attracting the good graces of a patron : Cobenzl, a plenipotentiary minister in Brussels with whom he maintained a correspondence. Despite the help of his benefactor, Maubert was forced to produce a literature only to survive, offering his readers an original vision of the eighteenth century filtered through his own experience. Polygraphe, he was interested in education, politics, religion and rewrote some of Voltaire’s works. Nevertheless, his literary career ended fairly quickly. Forced to leave Brussels for Amsterdam where his creditors caught up with him, he was imprisoned for nearly eighteen months during his endless trial. Leaving prison in a deplorable state of health, Maubert died in 1767, in Altona, in troubling circumstances. His literary work, unknown today, is however rich, including about thirty titles and would benefit being rediscovered by the historians. Thus, by analyzing the specificity of Maubert's network, we are interested in establishing whether and in what way, the different members of this group are representative and vectors of Enlightenment ideas. More than a rehabilitation of the literary artwork or of the author, we focus in this work on the study of the relationships and writings of a man who was both a witness and an actor of the Enlightenment.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2018UBFCC023
Date14 December 2018
CreatorsMeunier-Messika, Isabelle
ContributorsBourgogne Franche-Comté, Dziembowski, Edmond
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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