Ce mémoire aborde la question du point de vue dans la philosophie du cinéma de Gilles Deleuze. Dans Cinéma 1 : L’image-mouvement, en reprenant les définitions de l’objectivité et de la subjectivité de Bergson, Deleuze effectue comme une espèce de « renversement » de ce qu’on entend communément au cinéma en ces termes. Cette étude vise à comprendre ce renversement. Nous voyons d’abord que Deleuze rejette les conceptions narratives du point de vue puisqu’elles ne donnent pas à l’image la primauté ontologique. Nous exposons de quelle façon Deleuze retourne Bergson contre lui-même en accordant à la perception cinématographique un degré d’objectivité supérieur à la perception naturelle, et nous demandons ensuite comment Deleuze pourrait concevoir l’expérience du spectateur. En adressant les notions d’objectivité et de subjectivité du 5e chapitre de L’image-mouvement, nous décrivons le processus à travers lequel Deleuze en arrive à reprendre les définitions de Bergson, puis de quelle façon se produit le renversement explicite. Nous découvrons à ce stade que, suivant l’influence de Vertov, c’est par un « œil non-humain » que s’effectue le renversement. Cela nous mène au passage entre l’image-mouvement et l’image-temps, où nous trouvons que la notion de point de vue a subi une sorte de « réflexion ». Dans un engrenage composite avec les mouvements aberrants, le point de vue se révèle être un élément important de la transition entre les deux régimes d’images. Nous rejoignons ensuite l’absolu de Bergson, la « durée » de l’image-temps, qui vient à signifier le dépassement même de la notion de point de vue. Nous remarquons plus généralement que nos conclusions ont en commun une entreprise sous-jacente de désubjectivation, qui traverse une grande partie de la philosophie deleuzienne. Nous en venons enfin au constat selon lequel le point de vue chez Deleuze est un élément crucial de son propre dépassement. / This thesis addresses the question of the point of view in the philosophy of the cinema of Gilles Deleuze. In Cinema 1: The Movement-Image, taking Bergson’s definitions of objectivity and subjectivity, Deleuze performs a kind of “reversal” of what is commonly understood in cinema in these terms. This study aims to understand this reversal. We first see that Deleuze rejects the narrative conceptions of the point of view since they do not give the image ontological primacy. We show how Deleuze turns Bergson against himself by attributing cinematographic perception a degree of objectivity superior to natural perception, and then see how Deleuze could conceive the spectator’s experience. In discussing the notions of objectivity and subjectivity of the 5th chapter of The Movement-Image, we describe the process through which Deleuze arrives at Bergson’s definitions, and then how the explicit reversal takes place. We discover at this stage that, following the influence of Vertov, it is through a “non-human eye” that the reversal occurs. This leads us to the transition from the movement-image to the time-image, where we find that the notion of point of view has undergone a kind of “reflection”. In a composite assembly with aberrant movements, the point of view proves to be an important element of the transition between the two regimes of images. We then reach the absolute of Bergson, the “durée” of the time-image, which comes to signify the very surpassing of the notion of point of view. We observe more generally that our conclusions share an underlying process of desubjectivization, which appears across much of the Deleuzian philosophy. Finally, we come to the conclusion that, for Deleuze, the point of view is a crucial element of its own overcoming.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/19381 |
Date | 08 1900 |
Creators | Paquin, Clyde |
Contributors | Dumouchel, Daniel, Cardinal, Serge |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
Page generated in 0.0017 seconds