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Gouverner le monde désenchanté : le parlement du Reich et l’émergence d’hommes d’État dans la pensée politique de Max Weber

Initiée par Wolfgang J. Mommsen (1930-2004), la réception dominante de la pensée politique de Max Weber (1864-1920) conclut qu’il aura été un penseur précurseur au fascisme allemand. Ce mémoire revient aux textes politiques de Weber, écrits entre 1895 et 1919, afin de dégager le sens qu’il voulait leur conférer, indépendamment du rôle historique qu’ils purent jouer après sa mort. Il s’agit donc de reconstituer la pensée politique wébérienne dans le contexte social qui l’a vu naître et de saisir l’origine politique de la sociologie wébérienne de l’action. Pour y parvenir, un détour par l’histoire s’impose. Ce n’est que par la mise en relation, proposée dès le chapitre I, entre les écrits politiques et la configuration historique particulière de l’Allemagne wilhelmienne qu’il est possible de concilier deux dimensions dont l’une ou l’autre est souvent écartée des études wébériennes : l’étude d’acteurs historiques précis (Max Weber et ses contemporains) et la pensée wébérienne à proprement parler (les écrits). Nous verrons que Weber craint le processus de bureaucratisation inhérent à la sphère politique moderne de peur qu’il n’en vienne à pétrifier l’existence humaine. Le chapitre II examine l’opposition de Weber à cette « possibilité objective » afin de préserver les conditions d’une liberté individuelle authentique. C’est par la figure du chef charismatique, initialement développée dans le cadre de ses travaux scientifiques et présentée au chapitre III, que Weber croit pouvoir prévenir les pires conséquences du processus de bureaucratisation. Il s’agira alors de produire un édifice institutionnel propice à l’émergence de tels hommes politiques. Le dernier chapitre (IV) du mémoire cherche à démontrer comment Weber tente d’instrumentaliser la césarisation, second processus constitutif de la sphère politique moderne, pour l’opposer à la bureaucratisation. Sous le régime monarchiste, c’est par un renforcement des pouvoirs parlementaires qu’il compte y parvenir, mais la proclamation de la République de Weimar l’oblige à adapter son projet constitutionnel ; il propose alors la démocratie plébiscitaire de chef (Führerdemokratie). Si la conception wébérienne de la démocratie surprend, notamment par l’importance qu’elle accorde au chef, il n’en demeure pas moins que Weber met de l’avant un système politique démocratique. Loin de l’abandon de son projet politique auquel certains critiques ont conclu, la Führerdemokratie se révèle plutôt – c’est la thèse de ce mémoire — le fruit de la fidélité de Weber à ses idéaux politiques, et ce malgré les importants changements sociaux qui marquent la fin de sa vie. / Initiated by Wolfgang J. Mommsen (1930-2004), the dominant understanding of Max Weber’s (1864-1920) political thought concludes that it ultimately led to German fascism. This master’s thesis reflects upon Weber’s political texts, written between 1895 and 1919, in order to grasp the meaning their author intended to give them, notwithstanding the historical role these texts may have played after his passing. We will therefore reconstitute the Weberian political thought in the social context that witnessed its coming and understand the political origin of Weberian theory on social actions. To that end, we must review history. Only by establishing a relationship, as described as early as Chapter I, between political writings and Wilhelmine Germany’s specific historical configuration is it possible to reconcile two dimensions, as either is often disregarded in Weberian studies: the study of specific historical characters (Max Weber, the man and his contemporaries) et Weberian thought itself (Weber’s writings). We will see that Weber fears that the bureaucratization process inherent to the modern political sphere as it may well petrify human existence. Chapter II reviews Weber’s opposition to such an objective possibility in order to preserve the basis to a true individual liberty. According to Weber, it is through the political direction of a charismatic leader, a figure initially developed his scientific works and presented in Chapter III, that the direst consequences of the bureaucratization process can be averted. An environment favorable to such political men will then have to be institutionalized. The last chapter (IV) of this master’s thesis will demonstrate how Weber tries to use caesarization, the second constitutive process of the modern political sphere, as a means against such a bureaucratization. Under the monarchy, he intends to succeed by strengthening the parliamentary powers. However, the Weimar Republic forces him to adapt his constitutional project: hence his suggestion of a plebiscitary leader democracy. Because of the focus on the leader one might be surprised by Weber’s conception of democracy. What Weber proposes is a democratic political system nonetheless. Far from abandoning his political project, as some critics may conclude, Weber remained true to his ideals, despite the major social changes that occurred at the end of his life.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/11098
Date10 1900
CreatorsVien, Louis-Philippe
ContributorsThériault, Barbara
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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