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Le Zouglou dans l'espace publique en Côte-d'Ivoire (1990-2007)

Cette thèse relève davantage de la démonstration empirique que de l'essai théorique. En effet, le début des années 1990 sonne le glas d'un mouvement de revendications corporatistes d'étudiants à l'avant-garde d'une révolution et en quête de bien-être social en Côte d'Ivoire. Sur fond
« d'ambiance facile » naît un style musical dont l'harmonisation consiste en un rythme tambouriné accompagné par des battements de main, des tintements de bouteilles vides et des revendications chantées: c'est le Zouglou. Il devient alors une forme musicale expressionniste qui se caractérise non seulement par la dissonance des sons, la parole et de la danse, mais aussi par un état d'esprit, celui de la contestation de l'ordre établi, sur une base politique par des messages clairs, forts et directs. Engagé dans l'espace publique ivoirien, ce genre musical se démarque également par un double témoignage sur la réalité sociale ivoirienne: transmettre aussi fidèlement que possible les réalités auxquelles sont confrontées les populations et critiquer, défendre ou encourager les pratiques sociales en vigueur. Le Zouglou devient à la fois l'imaginaire, le reflet de la société ivoirienne et constitue désormais un maillon de l'identité culturelle ivoirienne. Mais voilà, depuis la crise du 19 septembre 2002, le Zouglou se fait définitivement porteur d'un message politicien. Pourtant, considéré comme un rythme révolutionnaire qui dénonce des faits de société, ce genre musical donne l'impression de dévier de son idéologie d'origine pour se retrouver dans l'arène politicienne. Notamment, avec le phénomène des artistes « patriotes ou loyalistes » qui ont un rôle bien clair: attaquer ceux qui n'ont pas les mêmes opinions que le camp présidentiel. Par conséquent, notre analyse aura pour objectif de restituer ce genre musical dans toute sa complexité et ses dimensions: musicale, économique, sociale et politique. À partir d'une analyse comparative, cette thèse tentera de répondre à la question suivante: comment expliquer la capacité des artistes zouglou à assurer la pérennité de leur mouvement musical, dans un contexte de crise politique (succession de régimes faiblement légitimes et violences politiques) et économique (paupérisation croissante), depuis 1990? Pour répondre à cette question, nous avons émis une hypothèse de recherche et avons examiné le contenu des 131 chansons les plus populaires du Zouglou durant les quatre régimes politiques qu'a connus la Côte d'Ivoire depuis 1990. Par cette démarche, notre défi est de dégager non seulement les thématiques prioritaires de ce genre musical pour chaque période, mais surtout, la représentation que se font les artistes de ces enjeux dans le temps. Au terme de notre démarche, il sera possible d'arriver à la conclusion suivante: le Zouglou est en continuité avec son idéologie parce que, en tant que moyen de résistance et de créativité face au pouvoir, ses animateurs ont su ne pas s'enliser dans la dénonciation à répétition mais plutôt à proposer des solutions aux problèmes qu'ils dénoncent. Pour ce faire, les artistes vont s'appuyer sur un système de communication, de musique, de danse, et d'humour qui reflète et génère une résonance profonde au sein des couches populaires. De plus, ils seront continuellement à l'affut des préoccupations sociales du moment grâce aux signaux envoyés par le marché (du CD, des cassettes, des concerts, des DVD). De surcroît, ce genre musical garde toujours les éléments caractéristiques d'origine tels que les thèmes utilisés, le rythme, les instruments et le timbre vocal, même si l'analyse des textes des chansons Zouglou permet de constater que certains thèmes sont plus récurrents que d'autres. Poussant plus loin l'analyse sur ces thèmes, nous avons constaté que les points de vue et les perceptions du Zouglou tendent à s'uniformiser en dépit du fait que les artistes soient différents. Dans l'ensemble, c'est l'attachement aux valeurs d'origine du Zouglou par les artistes qui explique en partie la constance de ce genre musical, malgré les changements politiques survenus depuis 1990. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Politique, Musique populaire, Côte d'Ivoire, Zouglou, Crise ivoirienne, Engagement, Patriotisme.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2458
Date January 2009
CreatorsOkomba, Herman Deparice
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse acceptée, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/2458/

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