Comment expliquer les variations du niveau de don dans des pays comparables ? Dans tous les pays industrialisés, la crise économique des années 1980 a favorisé la recherche d'alternatives à l'État providence en incitant les organismes du Tiers secteur à jouer un rôle accru dans un partenariat pour la définition et la mise en œuvre des politiques publiques. Parmi les organisations du Tiers secteur, les fondations philanthropiques offrent un cadre juridique qui permet aux personnes qui le souhaitent de réaliser des actes de générosité en affectant une partie de leur fortune personnelle, sous forme de don, à des fins d'intérêt général. Le don peut être ainsi considéré comme une expression concrète de la coopération entre les citoyens en vue du bien commun. Tous les pays démocratiques essaient d'en favoriser le développement. Les explications classiques de la variation de niveau du don entre pays développés ne prennent pas en considération le don comme un fait social. Nous soutenons que le niveau du don dans une société ne peut être expliqué par la somme des dons individuels qui répondent chacun à des motivations personnelles mais bien par ce qui constitue son substrat social : l'état de la société dont la cohésion est déterminée à la fois par la présence de capital social et la représentation des identités. A la différence du capital humain qui regroupe les compétences, les qualifications et les connaissances des individus, le capital social peut être compris comme " l'ensemble des relations, des réseaux et des normes qui facilitent l'action collective ". Le capital social fait ainsi référence aux relations que les individus établissent entre eux au sein des réseaux sociaux ainsi qu'aux normes de réciprocité qui naissent de ces relations. L'hypothèse du don comme variable dépendante de l'état de cohésion sociale ouvre la voie à cette recherche doctorale axée d'une part sur le niveau de capital social dans les pays économiquement développés et d'autre part, sur la signification du don comme mode de représentation de l'identité. Elle contribue à définir les contours théoriques du capital social en mettant en évidence les liens étroits qui unit ce concept au don et par là, à la construction des identités. Cette analyse de la relation entre don, capital social et identité a des implications directes pour la recherche dans le champ de la société civile. La société civile est présentée sous deux perspectives différentes. La première, de tradition nord-américaine, associe le Tiers secteur à la condition exclusive du " non profit". La seconde perspective, de tradition européenne, retient l'idée d'une économie sociale hybride composée d'entreprises et organisations qui relèvent à la fois des secteurs marchand et non marchand. Ces entreprises et organisations de l'économie sociale sont des structures entremêlant dans leurs actions une pluralité de logiques économiques. En se fondant sur l'analyse de Polanyi sur l'encastrement de l'économie et ses différentes formes d'intégration, associée à la logique maussienne du don, nous tentons d'éclairer la dimension socioéconomique, voire politique des initiatives de l'économie sociale. L'économie sociale peut ainsi être appréhendée comme une " économie du don ", comprise comme économie plurielle. Par ailleurs, la Nouvelle sociologie économique propose à la fois une analyse réticulaire de l'économie qui se fonde entre autre sur la présence et la densité des liens interpersonnels et une analyse culturelle de l'économie qui relie les marchés aux valeurs. A partir de là, il devient possible d'appréhender l'économie sociale comme une " économie du capital social ", entendu comme facteur organisationnel et générateur de sens.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00943009 |
Date | 26 November 2013 |
Creators | Sibony, Denis |
Publisher | Conservatoire national des arts et metiers - CNAM |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
Page generated in 0.0081 seconds