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Le sens politique de l’engagement civique et le rapport à la citoyenneté des femmes immigrantes à Montréal

La pratique de l’engagement civique est associée de différentes façons au champ politique et à la citoyenneté. Elle est souvent considérée comme une forme de participation politique « informelle » ou « comprise au sens large ». Selon plusieurs, elle favoriserait également l’acquisition de compétences civiques et politiques (civic and political skills) et participerait au développement d’une confiance dans les institutions et le système politiques, et conduiraient à une participation politique accrue. Ces idées trouvent, dans une certaine mesure, également leur place dans les écrits portant sur l’engagement civique des personnes immigrantes. Mais, si une relation (souvent causale) est présumée entre l’engagement civique des personnes immigrantes et leurs attitudes et comportements politiques, on en connait encore peu sur les dimensions proprement politiques de leur pratique de l’engagement civique.
Cette thèse propose de mettre à l’étude les dimensions politiques de l’engagement civique des femmes immigrantes à Montréal. Elle veut mettre au jour le sens politique de l’engagement civique des femmes immigrantes, qui représentent une large partie des personnes impliquées dans les organismes issus de la société civile à Montréal. Elle aborde, également, la manière dont les ces femmes établissent un rapport à la citoyenneté par l’entremise de leurs pratiques d’engagement civique.
En prenant appui sur la distinction qui s’établit – particulièrement dans la littérature du domaine de la citoyenneté des minorités – entre la citoyenneté formelle et la citoyenneté substantive, cette analyse appréhende la pratique de l’engagement civique chez les femmes immigrantes comme une forme d’exercice de leur citoyenneté substantive. Cette approche se fonde sur une perspective ascendante (bottom-up) de la citoyenneté, qui est centrée sur les acteur(trice)s, et qui considère la citoyenneté comme une pratique. La thèse démontre que la pratique de l’engagement civique au sein d’organismes de la société civile peut mettre à la disposition des femmes immigrantes les conditions d’accès à une forme d’exercice de leur citoyenneté. Toutefois, l’analyse de cette relation doit tenir compte de la dimension économique de la citoyenneté des immigrantes.
En soutenant que la pratique de l’engagement civique ne représente ni une forme alternative, ni une forme complémentaire d’action politique pour les femmes immigrantes (de tous statuts confondus), la thèse montre que, même si cette forme de participation à la société d’accueil est souvent considérée comme un type de participation politique informelle, elle ne répond ni à une forme d’exclusion de la citoyenneté politique (pour celles qui n’ont pas accès à des droits politiques), ni à une volonté des femmes immigrantes de faire entendre leur voix, ou de prendre part à des débats sociaux ou politiques. La pratique de l’engagement civique représente toutefois une stratégie de défense face à l’exclusion économique. À cet égard, la thèse fait également ressortir que l’occupation d’un emploi rémunéré, comme activité économique reconnue, représente une forme prépondérante d’exercice de leur citoyenneté substantive. De manière générale, chez les participantes à la recherche, l’exclusion économique est perçue comme une forme d’exclusion citoyenne plus significative que l’exclusion politique.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/39784
Date28 October 2019
CreatorsGuay-Charette, Alexandra
ContributorsAndrew, Caroline
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf

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