Cette thèse par articles évalue la linéarité des dynamiques de construction de l’ordre du jour en période électorale. Elle mobilise à cet effet le concept de tempête médiatique, définie en tant que hausse subite et explosive de la couverture médiatique consacrée à un item spécifique (enjeu ou événement), qui en vient à constituer une part substantielle de l’ordre du jour pendant un laps de temps significatif.
Plusieurs analyses récentes suggèrent que ces tempêtes médiatiques changent les patrons d’attention des médias ainsi que des acteurs politiques. D’autres estiment qu’elles modifieraient les rapports de force usuels qui circonscrivent les relations d’influence entre les discours politiques et médiatiques. À partir d’une étude de cas de la campagne électorale canadienne de 2015, cette thèse examine l’impact des tempêtes médiatiques sur les trois maillons de la chaine de communication électorale : les médias, les acteurs politiques et les citoyens.
Le premier article vise à décrire les effets des tempêtes médiatiques sur l’environnement communicationnel. Il détecte trois périodes de tempête médiatique, qui couvrent plus de la moitié de la campagne électorale. Il démontre comment ces dernières se caractérisent par une plus faible diversité du nombre quotidien d’enjeux inclus à l’ordre du jour médiatique, ainsi que par une concentration élevée de l’attention médiatique sur les items qui sont liés à la tempête. Enfin, il suggère que les partis politiques sont plus susceptibles de mentionner ces mêmes items pendant les périodes de tempête médiatique.
Le deuxième article vérifie l’impact des tempêtes médiatiques sur l’efficacité des efforts déployés par les partis politiques pour influencer l’ordre du jour médiatique. Il s’intéresse à la manière dont l’attention accordée par les partis politiques à certains enjeux affecte leur présence médiatique du lendemain. L’étude identifie une baisse significative de l’efficacité de ce transfert de saillance durant les périodes de tempête; les partis politiques ont plus de difficulté à générer de la couverture médiatique à propos d’enjeux qui ne sont pas liés aux tempêtes. Elle démontre aussi que même lorsque les partis accordent de l’attention aux enjeux liés à la tempête, le succès de leur démarche n’est pas garanti. Cela suggère que l’efficacité des efforts déployés par les partis pour influencer l’ordre du jour médiatique ne serait pas linéaire.
Le dernier article analyse l’impact d’une des tempêtes médiatiques identifiées dans les articles précédents sur les attitudes politiques des citoyens. Il démontre que l’émergence de la tempête médiatique de la « crise des réfugiés » a entrainé une évolution des attitudes citoyennes à propos des principaux cadres mobilisés pour définir la situation. L’identité partisane constitue un médiateur de cette relation. Il expose aussi comment ces attitudes politiques sont devenues, après le début de la tempête, des déterminants significatifs du choix de vote des électeurs.
La thèse contribue à la compréhension des tempêtes médiatiques — qui n’avaient jamais été examinées dans un contexte électoral — ainsi que des dynamiques de construction de l’ordre du jour. Plus généralement, elle propose une perspective novatrice à propos de l’aphorisme bien connu voulant que la meilleure campagne soit celle qui reste « on message ». / The purpose of this doctoral dissertation is to assess the linearity of electoral agenda-building dynamics. To that end, the concept of media storm is used. A media storm can be defined as an explosive increase in news coverage of a specific item (event or issue), which garners a substantial share of the total news agenda during a certain time.
Recent analyses on the subject suggest that media storms cause changes in the attention patterns of political actors and the media and that they may disrupt the usual power dynamics delineating the reciprocal influence between their respective agendas. Empirically examining agenda-building dynamics during the 2015 Canadian federal election, this study examines the impact of media storms on the three types of actors at the core of any political communication process: the media, the political actors, and citizens.
First, the effects of media storms on election coverage by the media are evaluated. Three media storms were detected during the 2015 Canadian election, and they extended for more than half of the 79-day length of the campaign. One finding is that storm periods decrease the average number of issues present in daily media coverage of the campaign, as the media focus their attention on items related to the storm. Another finding is that parties are more likely to interact with a storm issue during its respective storm period.
Second, the idea that media storms negatively affect political actors’ electoral agenda-building efficiency is tested. Specifically, how storm periods impact the ways in which parties’ attention to given issues promotes their next-day importance in the media’s agenda is examined. Results suggest a significant drop in this salience transfer mechanism during storm periods, when political actors are less successful in their efforts to promote issues unrelated to the storm. They also indicate that parties’ attention to storm-related issues is not guaranteed to raise their profile in the next day’s media agenda, even during storm periods. These findings suggest that agenda-building dynamics are not linear; some contexts are more amenable to successful influence by parties than are others.
Third, how media storms, through agenda-setting and a priming mechanism, affect citizens’ political attitudes and vote choice is investigated. Using the case of the “refugee crisis,” how the storm’s emergence brought changes in opinions about items related to the prominent frames invoked in the competition for the definition of the issue is detailed. Partisan identity is shown to have a significant mediating role in this influence process. Compelling empirical evidence is also offered about the ways in which the storm gradually increased the impacts of those attitudes on vote choice during the 2015 Canadian election campaign.
The dissertation offers an exciting contribution to the literature on media storms – which had never been examined in an electoral context – and on agenda-building dynamics. More generally, it provides novel, and potentially far-reaching, insight on the well-known aphorism that the best election campaign always stays “on message.”
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23502 |
Date | 12 1900 |
Creators | Dumouchel, David |
Contributors | Bastien, Frédérick |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou mémoire / Thesis or Dissertation |
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