D’après Deleuze, écrire sur la musique constituerait un « sommet » de la pensée, l’idée d’une « supériorité » du musical sur les autres formes d’art étant, par là même, affirmée. La relation entre musique et philosophie n’est pas, dans sa pensée, de l’ordre du commentaire mais du devenir. Autrement dit, la musique n’est pas un simple objet d’analyse puisqu’elle influence en retour le style de conceptualisation du philosophe. C’est pourquoi ce problème s’articule selon deux perspectives qui s’échangent sans se concilier tout à fait : un devenir-musical de la philosophie, un devenirconceptuelde la musique. On pense par exemple au concept décisif de ritournelle qui désigne à la fois une « petite musique » etl’éternel retour.Le devenir-musical de la philosophie correspond à une dimension « artiste » de la pensée, le style d’écriture devenant un enjeu majeur. Deleuze partage avec les romanciers la création d’une langue étrangère dans la langue courante – création qui tend vers une « musicalisation » du langage. Si l’écrivain invente une « petite musique » par une mise en variation continue de la langue, le devenir musical de la philosophie implique une variation continue du concept, notamment parl’usage de la métaphore. Le texte philosophique refuse alors toute approche interprétative pour intensifer la part affective du texte. Un tel devenir n’est pas sans produire une forme d’ambiguïté puisqu’il finit par rendre indiscernable poésie et philosophie. Comment assumer la part musicale de la pensée deleuzienne dans le champ de la philosophie ? Le devenir-conceptuel de la musique correspond à un aspect plus traditionnel de la pensée deleuzienne puisque la musique y est soumise à l’appareillage ontologique du philosophe. En toute logique, l’idéal esthétique vers lequel tend tout agencement musical s’avère être la variation continue. Reprenant à son compte les dualités bergsoniennes, Deleuze assimile lemusical au domaine de l’intensif et du différentiel contre ce qui touche à la représentation. Sur la question fondalementaledu temps musical, Deleuze s’inspire de Wagner Proust, Bergson et Boulez pour développer une métaphysique de la musique autour de deux notions : le passé pur comme Mémoire cosmique et la réminiscence comme moyen esthétique d’y accéder. Du fait de la nature idéaliste de cette conception, Deleuze s’oppose à l’esthétique nietzschéenne pour renouer avec le romantisme / According to Gilles Deleuze, writing about music would be a summit of thought, the idea of superiority of the music is even asserted. Deleuze doesn’t think the relationship between music and philosophy as a comment but as a becoming. Music is not just a subject of analysis since in turn influences the style of conceptualization of the philosopher. The musical question thus revolves around two perspectives : a becoming-music of philosophy, a becoming-conceptual of music. For example,the concept of refrain refers to both a "little song" and the eternal return of Nietzsche.Becoming-music of philosophy is an artistic dimension of thought, so the writing style became a major issue. Deleuze shares with writers the creation of a foreign language in everyday language - which tends to create a « musicalisation » of words. As the writer invents a word music with a continuously variable setting of the language, the music of philosophy implies a continuous variation of the concept, including the use of metaphor. The philosophical text then refuses any interpretative approach to concentrate the affective part of the text. Such becoming is not without producing a form of ambiguity since it ultimately makes indistinguishable poetry and philosophy. How to take music fot the deleuzian concept in the field of philosophy?The same continuous variation is seen under high aesthetic ideal within the becomingconceptual of music. This second perspective corresponds to a more traditional aspect of Deleuze's thought since music is subjected to the ontological apparatus of the philosopher. Inspired by Wagner, Proust, Bergson and Boulez, Deleuze develops a metaphysic ofmusic based on two notions : the pure past and reminiscence. Because of such an idealistic conception of music aspect, Deleuze opposes Nietzsche's aesthetics to revive the romantism
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015REN20011 |
Date | 30 January 2015 |
Creators | Raby, John |
Contributors | Rennes 2, Brogowski, Leszek |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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