La présente étude s’inscrit dans le débat à propos d’une éventuelle « mutation féodale » autour de l’an mil. Il s’agit d’étudier l’aristocratie laïque durant les Xe et XIe siècles, en prêtant une égale attention aux ressorts matériels et idéologiques de sa domination sociale. La signification des transformations que connaît alors l’écriture diplomatique étant au cœur de la controverse, le choix a été fait de partir des sources hagiographiques originaires des abbayes d’Aurillac, Conques et Figeac. Mais le discours hagiographique présente ses propres biais. Afin de s’en prémunir au mieux, on a confronté autant que possible les affirmations des sources hagiographiques aux informations disponibles grâce à d’autres types de documents. La démonstration procède en deux étapes. En recourant aux méthodes de l’hagiologie, la première partie permet de contextualiser la production hagiographique et de s’interroger sur les conditions de sa réception : on s’aperçoit que si les textes latins sont d’abord destinés à être lus par des clercs, de multiples canaux de diffusion orale permettaient aux hagiographes de s’adresser également aux laïcs, en particulier à l’aristocratie. La seconde partie étudie l’évolution de la domination aristocratique à travers ce que permet d’en percevoir l’hagiographie. Elle montre qu’un certain nombre de transformations ont eu lieu dès le début du Xe siècle et permettent de parler d’une « mutation de l’an 900 » : l’émergence de la chevalerie, la mise en place de la féodalité, la montée en puissance des sires, l’importance des châteaux et des milites sont autant de phénomènes qui datent de cette époque. Toutefois, l’an mil connaît deux ajustements non négligeables : le redéploiement de l’identité aristocratique autour des châteaux et le passage d’une conception cognatique de la parenté noble à une autre d’avantage agnatique. / The present study falls within the scope of the debate about a possible “feudal mutation” around the year 1000. It is concerned with the study of lay aristocracy during the 10th and 11th centuries, by giving equal attention to ideological and material aspects of its social domination. Because the meaning of the transformations that affect diplomatic writing then is in the heart of the matter, we make the choice to work from the hagiographic narratives from the abbeys of Aurillac, Conques and Figeac. But there are also biases in the hagiographic discourse. In order to counterbalance their influence, we have compared as much as possible the data from hagiographic texts with the information available thanks to other types of documents. The demonstration is organized in two steps. Using the methods of hagiology, the first part contextualizes hagiographic production and questions the conditions of its reception: we are led to realize that, if the Latin texts are primaraly intented to be read by clerics, multiple oral channels allowed hagiographers to address also the laity, especially the aristocracy. The second part examines the evolution of aristocratic domination through what can be perceived in the hagiography. It shows that some transformations took place as early as the beginning of the 10th century and that we can therefore speak of “a mutation of the year 900”: the ermergence of chivalry, the establishment of feudalism, the rise of the lords, the importance of castles and milites are phenomena which date from this time. Howewer, there are two significant adjustments around the year 1000: aristocratic identity refocuses on castles and the the noble kinship moves from a cognatic conception to another more agnatic.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA040100 |
Date | 26 November 2011 |
Creators | Fray, Sébastien |
Contributors | Paris 4, Barthélemy, Dominique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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