Dans cette recherche, nous souhaitons mettre en jeu la mémoire des rites. Le rite est un élément fondamental de la vie sociale, un repère fixe et solide. Il demeure très présent dans le drame contemporain, vision réputée particulièrement sombre d’une société désenchantée. Regretté dans sa capacité dramatisante, le rite est d’abord réintroduit dans l’écriture comme une forme poétique, esthétique, déconnectée du divin mais capable d’élever le texte. Pourtant, déchu de sa place supérieure et dénué de symbole, il devient une forme dérisoire, vectrice de désespoir. Le rite est alors cible d’une dégradation qui suit deux logiques. D’une part un blasphème jubilatoire, qui cherche à le démystifier, rabaissant tous les modèles au niveau humain le plus abject. D’autre part un glissement progressif vers des avatars rituels sombres et aliénants. Le rituel, enfin, devient un prétexte pour parler du monde. Des quotidiens ritualisés interrogent la place laissée à l’homme par la société, des rites institutionnels veulent révéler la violence inhérente à la religion. Le rite devient aussi prétexte à diverses sortes de jeux qui, paradoxalement, font apparaître la noirceur à travers une innocence affichée. Dans les dramaturgies contemporaines, le rite est à la fois valorisé comme outil dramaturgique et dégradé, parce qu’il n’est plus considéré comme une construction sociale efficace. Il demeure à l’état d’empreinte, utilisée comme modèle de représentation, mais dans une forme toujours incomplète. Pour les dramaturges, l’empreinte du rituel est un champ d’expérimentation, qui permet de renouveler l’écriture théâtrale et de poser un défi à la scène. / This research aims to explore the memory of rituals. Rituals are a fundamental element of our social life, a firmly established model. It remains very strongly present in contemporary drama, which is reputed to be a particularly dark vision of a disillusioned society. Missed in its dramatizing ability, the ritual is first reintroduced in drama as a poetic, aesthetic form, disconnected from divinity, but still able to elevate the text. However, being deprived of its former superiority and symbolism, it becomes an empty, trifling form, conveying despair. The rite is then debased in two ways. On the one hand, by a ferocious blasphemy aiming to demystify it, humbling all models to the worst human abjection. On the other hand, by slowly sliding into dark, alienating ritual avatars. Finally, the ritual is used as a pretext to comment upon the world. Ritualized everyday lives interrogate the place left to Man in society, and institutional rites aim to bring to light the violence inherent to religion. The rite also becomes a pretext for all sorts of games which paradoxically reveal darkness through apparent innocence. In contemporary drama, the rite is both valued as a dramatic tool and debased as an effective social construction. It remains as a mark, used as a representation model, but always in an incomplete form. For playwrights, the mark of the ritual is an experimentation field allowing them to renew dramatic writing as well as to challenge the stage.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA030145 |
Date | 11 December 2010 |
Creators | Bonnier, Anaïs |
Contributors | Paris 3, Ryngaert, Jean-Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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