Cette thèse étudie un corpus de livres et d’expositions de photographies qui abordent les questions d’identité sociale, ethnique et nationale [en Grande-Bretagne]. Elle procède à une historicisation du champ photographique en s’intéressant au contexte social et politique de production et de diffusion des images, et en particulier aux politiques culturelles. Elle considère photographies et expositions comme des discours et pratiques qui contribuent à la formation des identités collectives. Le genre des photographies, et notamment le documentaire, est discuté au fil de l’étude, en lien avec la problématique de l’identification. En s’attachant aux rapports entre représentations, identités collectives, culture et pouvoir, l’analyse s’inscrit dans la lignée des cultural studies, dont quelques auteurs, comme Stuart Hall ou Paul Gilroy sont régulièrement évoqués. Il ressort que la photographie se fait le témoin et l’agent d’une dissolution des identités collectives dans les années 1990, en interrogeant l’identité nationale et ses vecteurs et en revendiquant un plus grand pluralisme culturel. Pour aborder la question sociale, devenue moins centrale, elle rompt avec le documentaire classique et la figure du photographe engagé. Par ailleurs, une photographie noire se structure autour d’Autograph-ABP. Lorsqu’une New Britain (jeune, créative et multiethnique) est promue par les travaillistes, la photographie en révèle les dissonances. Néanmoins, en entrant dans le domaine de l’art contemporain, le médium devient aussi l’objet des politiques culturelles multiculturalistes et se fait parfois source d’ethnicisation et d’essentialisation des identités. Après 2001, lorsque le multiculturalisme est critiqué, la photographie enregistre la diversité de la société britannique et démonte les stéréotypes qui visent particulièrement musulmans et réfugiés. Elle est aussi force de proposition dans la recherche de nouvelles formes de cohésion. Des pratiques documentaires collaboratives sont expérimentées pour un renouveau de la citoyenneté. La capacité de la photographie à explorer le rapport entre territoire et citoyens lui permet aussi d’inventer d’autres modes d’identification collective ancrés dans l’expérience quotidienne. / This thesis is based on a corpus of photography books and exhibitions dealing with social, ethnic, and national identities in Britain. It adopts a historicizing perspective by analysing the political and social contexts for the production and circulation of photographs, with special attention to cultural policies. Photographs and exhibitions are studied as narratives and practices that contribute to the formation of collective identities. The genre of photographs, and especially the notion of documentary, is discussed throughout the work, as a corollary to the question of identification. With a focus on representations, collective identities, culture and politics, this study lies in the field of cultural studies and regularly summons some of its prominent figures like Stuart Hall or Paul Gilroy. It shows that photography both documented and helped the dissolution of collective identities at the end of the 1990s, by questioning national identity and its representations, and by advocating greater cultural pluralism. As the social question became less prominent, photography departed from traditional social documentary forms and from the figure of the committed photographer. Parallel to this, in the wake of Black Arts, Black Photography was institutionalized with the creation of Autograph-ABP. It is also argued that when the New Labour party promoted a New Britain, some photographs acted as a magic mirror, revealing dissonances in the brand new narrative of a young, creative, multi-ethnic Britain. However, as photography entered the realm of contemporary art, it also became subject to the multiculturalist policies of the period and sometimes turned into a source of ethnicisation and essentialization. After 2001, as multiculturalism was questioned, photography kept documenting the diversity of British society and helped debunk stereotypes, especially those associated with Muslims and refugees in Britain. Finally, the late 2000s are analysed as a period when new modes of social cohesion are explored through photographic practices. Collaborative documentary projects are experimented to re-engage citizens. New photographs documenting the relation between people and territory in Britain seem to suggest that collective identification may rather be found in shared everyday experience.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PEST0010 |
Date | 14 November 2014 |
Creators | Chambefort, Karine |
Contributors | Paris Est, Lassalle, Didier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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