Le Canada accueille chaque année un grand nombre d’immigrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile. Pour tous ces nouveaux arrivants, le parcours migratoire constitue une source potentielle de détresse psychologique et est susceptible d’avoir été marqué par des expériences traumatiques. Par conséquent, le risque de vivre des difficultés psychosociales ou de santé mentale peut être élevé chez cette population. Néanmoins, les nouveaux arrivants sous-utilisent les services de soutien psychologique. De plus, travailler en contexte interculturel s’avère généralement plus complexe pour les intervenants. Cela s’explique notamment par le fait que la culture influence le sens donné aux difficultés rencontrées, la manière d’exprimer la souffrance ainsi que les stratégies de régulation émotionnelle adoptées. Les intervenants se sentent souvent démunis et insuffisamment formés pour intervenir auprès des personnes immigrantes et réfugiées, ce qui entraîne parfois des erreurs diagnostiques et des interventions mal adaptées aux particularités culturelles de cette clientèle. Pour répondre à ces enjeux, plusieurs auteurs recommandent de développer la compétence culturelle des intervenants, ce qui peut passer, entre autres, par l’acquisition d’une meilleure connaissance des communautés culturelles en ce qui concerne leur perspective sur la nature de leurs difficultés ainsi que leur conception de la santé mentale, de la pathologie et de la guérison. La présente étude a pour but d’explorer et de décrire les difficultés et les besoins en soutien psychologique et psychosocial d’une communauté bien précise de réfugiés installés à Sherbrooke, les Bhoutanais d’origine népalaise. L’étude vise également à explorer leur perspective au sujet de la santé mentale, de l’expression et de la régulation de la souffrance psychologique et du sens donné à celle-ci ainsi que des façons d’améliorer les services qui leur sont offerts. Il s’agit d’une étude qualitative, exploratoire et descriptive. Des entrevues individuelles ont été menées auprès de cinq adultes bhoutanais (deux femmes, trois hommes), dont un à titre de consultant culturel, et d’une intervenante de quartier. Les résultats obtenus à la suite d’une analyse thématique des données rendent compte des témoignages des participants et mettent en perspective les thèmes dégagés et leur organisation en cinq regroupements thématiques : Difficultés psychosociales et de santé mentale, Compréhension et rapport entretenu avec la santé mentale, Régulation émotionnelle, L’intervention psychosociale auprès des réfugiés bhoutanais et Recommandations des participants. Certains éléments prépondérants sont ressortis de ces résultats. Par exemple, les participants désignent le manque d’emploi et l’inoccupation comme la principale cause de détresse psychologique dans la communauté. Ils estiment aussi qu’il y aurait chez les hommes une prévalence élevée de problèmes de consommation d’alcool. Les besoins en soutien psychologique et psychosocial soulevés par les participants concernent principalement la facilitation de l’accès à l’emploi pour les réfugiés bhoutanais ou la réduction des répercussions de l’inoccupation. En guise de soutien, les Bhoutanais font habituellement appel en premier lieu aux membres de leur communauté. Ils auraient notamment l’habitude de se réunir en groupe pour tenter de résoudre les difficultés d’une ou de plusieurs personnes. Depuis leur arrivée, plusieurs auraient également développé le réflexe de recourir aux services de l’intervention de quartier, une intervention de proximité qui semble plus facilement accessible pour les communautés culturelles et avec laquelle les Bhoutanais semblent avoir établi un bon lien de confiance. Cette étude, qui porte précisément sur les difficultés psychosociales et de santé mentale ainsi que sur la conception de la santé mentale chez les réfugiés bhoutanais installés au Canada, enrichit les connaissances scientifiques au sujet de cette communauté culturelle. Elle fournit également des recommandations qui peuvent contribuer à l’amélioration des services qui leur sont prodigués, notamment en offrant quelques balises aux intervenants pour les aider à mieux comprendre la réalité de leurs clients et à développer leur compétence culturelle dans leur intervention.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/11611 |
Date | January 2017 |
Creators | Bossé, Jérôme |
Contributors | Benoit, Maryse |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Jérôme Bossé |
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