La thèse traite de la valorisation comme un processus à la fois continu, constructif et contesté. Elle aborde cette question théorique au travers de l'étude d'un objet de valorisation complexe : le traitement des déchets nucléaires aux États-Unis. Objet ontologiquement ambivalent, les déchets nucléaires peuvent être valorisés ou dévalorisés selon des perspectives très variées, qui offrent à la sociologie de l'évaluation un banc d'essai pertinent. La thèse s'appuie sur l'étude d'une série de situations où la formulation des valeurs du nucléaire pose problème. Ce sont, notamment, l'ordonnancement et les vicissitudes du processus budgétaire mis en œuvre pour financer le programme de gestion des déchets nucléaires Nord-américain, les plans conçus pour répartir la responsabilité financière dans le traitement d'un matériau qui selon toutes prévisions restera dangereux pendant un million d'années, les efforts d'un groupe d'acteurs pour attacher l'avenir de leur communauté à celui des déchets nucléaires, ou les utilisations d'une convention pour estimer la valeur économique du combustible usé. La thèse montre que les processus de valorisation et dévalorisation sont loin de se limiter à l'objet soumis à évaluation ; ces processus rendent d'autres valeurs explicites, les valeurs "de l'État", d'une communauté politique, d'une convention économique. La thèse propose d'utiliser la notion de « révaluation », d'une part, parce qu'elle permet d'expliciter l'imbrication des relations entre les processus d'évaluation et de valorisation et, d'autre part, parce qu'elle permet de souligner la particularité de la période sur laquelle porte la recherche, à savoir une période où la relance de l'énergie nucléaire a été publiquement débattue et où le gouvernement américain cherchait à reformuler sa politique de gestion des déchets nucléaires. / This thesis approaches valuation as an on-going, constructive and contested process. She addresses this theoretical issue through the study of a very complex object of valuation: nuclear waste in the context of the United States. As an ontologically ambivalent object, nuclear waste can be valued or devalued from many angles, which provides an intriguing and exciting test bed to unfold a sociology of valuation. The thesis examines a multitude of sites where the question of the formulation of nuclear values is being raised. These sites are, for example, the design and vicissitudes of the budgetary process conceived to finance the North American nuclear waste program, the trials set up in order to distribute the financial responsibility of a material expected to remain hazardous during the next million years, the efforts of a group of actors to attach the future of their community to the future of nuclear waste, or the uses of an economic convention to estimate the economic value of spent nuclear fuel. This thesis shows that processes of valuation are never limited to the object that is subjected to valuation and proposes the notion of revaluation, first, to articulate the intertwined relationship between the processes of evaluation and valuation, and second, to signify the particularity of the period during which the research has been undertaken, namely a moment when the revival of nuclear energy was publicly debated, and a moment when the U.S. government was seeking to reformulate its nuclear waste policy.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015ENMP0023 |
Date | 09 December 2015 |
Creators | Saraç-Lesavre, Başak |
Contributors | Paris, ENMP, Muniesa, Fabian |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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