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Les représentations sociales du risque dans le débat public sur l'irradiation des aliments au Canada

Le secteur agroalimentaire est traversé, en ce début du XXle siècle, par plusieurs controverses technologiques. L'une des plus durables porte sur l'irradiation des aliments. La thèse en propose un portrait actualisé, fondé sur une analyse des débats publics tenus au Canada en 1986-87 et en 2002-03 lors de la révision du règlement fédéral sur l'irradiation. Après un survol historique du développement technologique de l'irradiation, de sa réglementation, de son implantation commerciale aux États-Unis et au Canada et du mouvement d'opposition à ce procédé, la thèse pose l'hypothèse que les représentations sociales du risque sont graduellement devenues le principal déterminant de cette controverse. Le coeur de la thèse consiste en une analyse du discours de près de 400 participants et commentateurs des deux débats publics sur l'irradiation au Canada, incluant des acteurs constitués (collectifs), des médias et des citoyens. La thèse fait appel à une exploration quantitative et qualitative du discours ainsi qu'à des techniques statistiques inférentielles et descriptives. La qualification thématique, le dénombrement et la classification ascendante hiérarchique des mentions de risques spécifiques permettent d'identifier les représentations du risque élaborées par les acteurs constitués, lesquelles sont ensuite décrites plus avant par une analyse qualitative de leur contenu. L'analyse comparée de la prégnance de ces représentations en fonction de la position adoptée par les divers locuteurs et de leurs caractéristiques socioprofessionnelles donne lieu à une interprétation de la dynamique de chaque débat. Les principaux changements de fond survenus entre 1986 et 2002 sont également répertoriés et analysés en rapport avec le contexte particulier de chaque époque. Malgré quelques changements relatifs aux protagonistes des deux débats, la composition fondamentale des camps qui s'affrontent reste constante entre 1986 et 2002. Les partisans, principalement formés de représentants de ministères fédéraux, de l'industrie alimentaire et de fournisseurs de services d'irradiation, font face à une opposition composée de groupes sociaux de diverses mouvances. Au plan du discours des acteurs constitués, on constate de 1986 à 2002 une radicalisation des échanges accompagnée d'une épuration thématique des représentations du risque. Les échanges se recadrent en 2002 sur les risques pour la santé du mangeur qui dominaient déjà le débat de 1986, au détriment de risques économiques et de risques directs liés à l'utilisation d'une technologie radioactive. Les principales modifications du contenu représentationnel incluent d'abord la réorganisation de la question des risques microbiens en deux représentations, l'une axée sur le microbe pathogène et l'intoxication, qui en vient en 2002 à dominer les échanges, l'autre axée sur l'écologie microbienne. La représentation du risque fondée sur la contamination technoinduite
des aliments, incluant entre autres des craintes relatives aux composés radiolytiques et aux intrants agroalimentaires, domine en 1986 et persiste en 2002 sous une forme réorganisée (contamination inerte). Enfin, les risques d'ordre symbolique, dont ceux découlant de l'association des aliments irradiés avec la radioactivité, s'effacent du débat en 2002. Chez les opposants, l'irradiation est placée au centre d'un discours anti-corporatistes où la grande entreprise émerge comme nouvelle puissance symbolique contaminante. Une analyse de la prégnance de ces représentations du risque dans le discours médiatique montre que les médias rendent compte du conflit de représentations entre acteurs constitués de façon fidèle et relativement modérée. Chez les citoyens, très majoritairement opposés à l'irradiation, le discours sur le risque est toujours dominé par une représentation unique, fondée sur la contamination inerte. Enfin, l'analyse comparée de la prégnance de ces représentations montre qu'elles sont sociales, c'est-à-dire socialement élaborées et partagées au sein de groupes d'appartenance définis avant tout par une position commune. La thèse propose des projections sur l'incidence que pourraient avoir ces modifications représentationnelles sur le citoyen non au fait du débat, donc sur la généralisation de certaines représentations du risque associé au procédé et sur l'avenir de la controverse. Au plan théorique, la thèse articule une approche inspirée de la sociologie des sciences et de la théorie des représentations sociales. Des concepts propres à la psychologie et à la sociologie de l'alimentation, à la théorie culturelle du risque et à la psychologie des perceptions du risque se greffent au canevas théorique principal. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Controverses agroalimentaires, Irradiation des aliments, Représentations sociales, Risque.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.683
Date January 2008
CreatorsGauthier, Élisabeth
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse acceptée, PeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/683/

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