Contexte : L’alimentation précoce a une influence sur la croissance et le développement des habitudes alimentaires. Dans la littérature, les déterminants et les effets sur la santé des pratiques d’allaitement et de diversification alimentaire (introduction des aliments autres que le lait) ont souvent été analysés en dissociant ces deux pratiques pourtant très liées. Objectifs : Caractériser par une approche plus globale l’alimentation dans la première année de vie, mettre en évidence ses principaux déterminants et comprendre son influence sur la croissance dans les trois premières années de vie de l’enfant et ses habitudes alimentaires à 3 ans. Méthodes : Les données de la cohorte EDEN qui a recruté 2002 femmes enceintes en début de grossesse, entre 2003 et 2006 dans deux hôpitaux à Nancy et à Poitiers, ont été utilisées. L’alimentation et les paramètres anthropométriques de l’enfant ont été recueillis par questionnaires et examens cliniques à la naissance, 4, 8, 12, 24 et 36 mois. Une analyse en composantes principales a permis d’identifier des profils de pratiques alimentaires dans la première année de vie à partir de la durée d’allaitement, de l’âge d’introduction de différents groupes d’aliments et du mode de préparation des aliments utilisés (préparations « maison », plats préparés « spécifiques bébé » et plats préparés ordinaires du commerce). Des régressions linéaires et logistiques multiples ont été utilisées pour analyser les associations entre profils de pratiques alimentaires, croissance et habitudes alimentaires à 3 ans. Résultats : i) Le type de préparation infantile utilisée de manière prédominante les 4 premiers mois de vie était associé à la parité, l’éducation et le retour à l’emploi maternels mais pas à la croissance de l’enfant sur cette même période. ii) Trois profils de pratiques alimentaires dans la première année de vie ont été identifiés dans la cohorte EDEN. Des scores élevés sur le profil 1 « Diversification tardive et utilisation d’aliments spécifiques bébé » étaient associés à un revenu familial élevé, un âge et un niveau d’études maternels élevés, une parité faible et un recrutement à Nancy. Des scores élevés sur le profil 2 « Allaitement maternel long, diversification tardive et utilisation d’aliments faits maison » étaient associés un âge et un niveau d’études maternels élevés et un recrutement à Poitiers. Des scores élevés sur le profil 3 « Utilisation fréquente d’aliments ordinaires du commerce » étaient associés à un âge maternel plus faible, une parité plus élevée et un recrutement à Nancy. iii) Un score élevé sur le profil 2 était associé à une croissance staturo-pondérale plus lente entre 0 et 1 an et plus rapide entre 1 et 3 ans après ajustement sur les facteurs de confusion potentiels. Ce même profil était associé positivement à la consommation de fruits et légumes à 3 ans. Un ajustement supplémentaire sur la durée d’allaitement maternel atténuait les relations sans pour autant les faire disparaître totalement, suggérant un effet de l’ensemble de pratiques alimentaires dans la première année de vie sur les paramètres que nous avons étudiés. Conclusions : Ces résultats confirment l’importance des déterminants socioculturels sur les pratiques d’alimentation dans la première année de vie. Ils confirment également les liens entre l’alimentation précoce et d’une part la croissance dans les trois premières années de vie et d’autre part l’apprentissage des habitudes alimentaires ultérieures. La prise en compte dans la recherche de l’ensemble des pratiques alimentaires dans la première année de vie, lorsque l’on s’intéresse à leurs effets sur le développement de l’enfant doit être encouragée. / Background: Early eating patterns can determine later eating habits and food preferences and they have been related child growth. In the literature, the determinants and health effects of breastfeeding and complementary feeding practices have often been analyzed separately. Yet, breastfeeding and complementary feeding practices are interrelated and there are arguments to suggest that both influence later health. Objectives : We aimed to characterize feeding practices over the first year of life and to examine their associations with family and infant characteristics, with growth changes in the first 3 years of life, and their relations with food intake at 3 years of age. Methodes : Subjects were participants of the EDEN mother-child cohort. The study recruited 2,002 pregnant women aged 18-45 years attending their prenatal visit before 24 weeks’ gestation at Nancy and Poitiers University Hospitals between 2003 and 2006. Dietary practices and anthropometric measurements were collected through maternal self-report and clinical examinations at birth, 4, 8, 12, 24 and 36 months. Principal component analysis was applied to derive patterns from breastfeeding duration, age of introduction of complementary foods (CF) and type of food used at 1y (ready-prepared baby foods, home-made foods, ready-prepared ordinary foods). Multiple linear and logistic regressions were used to analyze associations between feeding patterns, growth and food intake at 3 years of age. Results : i) The type infant formula (partially hydrolyzed, thickened, enriched in pre- or probiotic and others) used in the first four months of life was related to maternal return to employment, parity but not to infant growth in the same period. ii) Three major feeding patterns were identified in the EDEN study. The main source of variability in infant feeding was characterized by a pattern labeled ‘Late weaning and use of ready-prepared baby foods’. Older, more educated, primiparous women with high monthly income and recruited in Nancy ranked high on this pattern. The second pattern, labeled ‘Longer breastfeeding, late CF introduction and use of home-made foods’ was the closest to infant feeding guidelines. Mothers with high scores on this pattern were older, more educated and recruited in Poitiers. The third pattern labeled ‘Use of ordinary foods’ is more suggestive of infants having a less age-specific diet. Mothers ranking high on this pattern were often younger, multiparous and recruited in Nancy. iii) High scores on the second pattern were related to significant lower 0-1y weight and height change, higher 1-3y weight and height change and to a significant higher fruit and vegetables intake at 3 years of age after controlling for a wide range of potential confounding variables. An additional adjustment on breastfeeding duration attenuated the relationships without making them disappear completely, suggesting an effect of the overall feeding practices in the first year of life on the parameters that we studied. Conclusions : Our results confirm the importance of socio-cultural determinants on feeding practices over the first year of life. They also confirm the relations between early nutrition and growth in the first three years of life and later eating habits. Our results emphasize the need to consider infant feeding over the first year of life including breastfeeding duration, age of complementary foods introduction as well as type of foods used when examining effects of early infant feeding practices on later health.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA11T038 |
Date | 27 June 2013 |
Creators | Betoko, Aisha |
Contributors | Paris 11, Charles, Marie-Aline, Lauzon-Guillain, Blandine de |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Collection, StillImage |
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