Cette thèse vise à mettre en lumière les pratiques artistiques des années soixante élargies, en Europe et aux Etats-Unis, qui ont conduit les artistes à interroger l’économie au sein de leur création. Au milieu du XXe siècle, les économistes et les sociologues commençaient à appliquer leurs méthodes au domaine artistique, envisageant l’art comme une « marchandise » voire comme un « investissement » et l’artiste comme une « profession ». La thèse défendue est que les artistes furent symétriquement nombreux à s’approprier les questions économiques, indépendamment des styles et des mouvements, et à proposer des œuvres qui articulaient de manière critique leur propre statut économique. Le but de cette étude est d’éclairer ces œuvres en soulignant leur ancrage dans un contexte d’histoire et de pensée économiques précis. Mais cette recherche a également pour ambition de montrer qu’elles offrent à leur tour un regard privilégié sur l’économie de leur temps, à trois niveaux interdépendants : celui du marché de l’art, entre hausse et crise ; celui, plus macro-économique, de l’inflation, de la chute du système monétaire international et de l’étalon-or ; celui, enfin, de la constitution à l’époque de l’économie comme champ d’expertise formalisé, réservé aux experts. Les quatre parties de cette thèse interrogent quatre notions économiques fondamentales : la valeur et le prix à partir du tournant de 1960 (avec les œuvres d’Yves Klein, de Giuseppe Gallizio et de Robert Filliou) ; la monnaie en 1962 (avec les cas de Larry Rivers et Andy Warhol) ; les marchés financiers à la fin des années 1960 (avec l’art conceptuel) ; le commerce au début des années 1970 (avec Ray Johnson et Marcel Broodthaers). / This doctoral thesis aims to enlighten art works and practices from the larger Sixties, in Europe and the United States, which questioned economics from within artistic creation. In the mid-20th century, economists and sociologists started to extend their tools and analyses to the artistic realm, presenting artworks as “goods” or “investments,” and artists as “professionals.” In turn, I argue, artists simultaneously decided to place economics at the heart of their practice and to produce artworks that critically articulated their own economic position. The goal of this study is to enhance the knowledge and appreciation of these art works by grounding them in a precise economic and historical context. I also hope to demonstrate that art offered a privileged viewpoint on the economics of its time, at three interdependent levels: the art market, from boom to crisis; the macro-economic level of inflation, the fall of the international monetary system and the gold standard; the construction of economics as a disciplinary field, formalized and reserved to experts. The four parts of this thesis question four major economic notions: price and value starting at the turn of the 1960s (with works by Yves Klein, Giuseppe Gallizio and Robert Filliou); the currency in 1962 (with the study cases of Larry Rivers and Andy Warhol); the financial markets at the end of the 1960s (with conceptual art); commerce at the beginning of the 1970s (with Ray Johnson and Marcel Broodthaers).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA010594 |
Date | 11 June 2014 |
Creators | Cras, Sophie |
Contributors | Paris 1, Dagen, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0021 seconds